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3 participants

    LÊ LINDA.....

    Pinky
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    Message  Pinky Dim 2 Oct 2011 - 14:02

    A L'ENFANT QUE JE N'AURAI JAMAIS

    LÊ  LINDA..... 41h6l210

    Lettre


    66 pages édité aux éditions Nil en août 2011

    Résumé

    L'essai d'Elisabeth Badinter intitulé Le Conflit soulignait, l'an passé, la dureté de l'injonction faite aux femmes par l'obligation non seulement d'être mères, mais de l'être absolument, dans un fantasme de perfection typique d'une société où la sphère privée est devenue un spectacle permanent. En écrivant à l'enfant qu'elle a choisi de ne jamais concevoir, Linda Lê s'affranchit du monde en général pour poser un regard strictement personnel sur sa volonté de ne pas devenir mère. Ce travail autobiographique lui permet d'éclairer les premiers jalons qui, dans l'enfance, préparent l'expression de sa liberté d'adulte. La figure étouffante de la mère et une adolescence passée dans un monde exclusivement féminin contribuent à forger un désir de soi, aussi évident que douloureux à porter dans le regard de l'autre, et plus particulièrement de cet homme, S. Car l'homme qu'elle aime veut avoir des enfants. Chaque jour il tente de lui montrer que son refus se fonde sur l'erreur : erreur d'analyse, trop intellectuelle ; erreur ontologique d'un égocentrisme qui aurait mal tourné ; erreur personnelle, d'une peur jamais confrontée, etc. La narratrice, elle, en lieu et place d'idées toutes faites, voit défiler de simples images, précises et palpables : celle d'un enfant qu'elle ne saurait pas aimer, quelle que soit son identité, et celle d'un écrivain qui perdrait forcément la sienne à l'éduquer. "On ne part pas à la conquête du Graal avec une poussette", écrivait Karen Blixen. Et là où l'expression de la liberté devient intolérable aux yeux des notaires de ce monde exigeant une conversion systématique au modèle de la famille, la narratrice écarte toute forme de dureté, toute prétention à une règle édifiée à d'autres qu'elle-même. Bien au contraire, c'est toute la douceur de son amour qu'elle offre à cet enfant qui n'existera jamais, mais vit sans cesse, à chaque seconde, dans l'imaginaire lumineux de sa conceptrice.

    Biographie de l'auteur
    Le prix Wepler, décerné l'an dernier à Cronos, a sans doute contribué à mieux faire connaître Linda Lê, l'un de nos plus grands écrivains vivants, que sa discrétion a conduite à bâtir une œuvre monumentale loin des médias. Originaire de Dalat, au Vietnam, Linda Lê éprouve depuis toujours un amour infini pour la langue française et la littérature. Dès Les Evangiles du crime (1992), l'originalité de son style se déploie pour associer une sorte de lucidité immédiate, une vérité rigoureuse et une élégance verbale qui n'appartiennent qu'à elle. Dans chaque roman de Linda Lê se met en scène un combat, personnel ou imaginaire (Les Trois Parques, Les Aubes, Lettre morte), où la sérénité de l'écriture contraste avec la brutalité de la situation. La puissance de son analyse la campe résolument dans le monde contemporain alors que ses intrigues, ses personnages et sa mythologie héritent clairement de sa passion pour la littérature de l'âge classique. Animée d'une liberté intransigeante, Linda Lê aura peu à peu tissé son univers où les thèmes de l'amour et de la mort (In Memoriam) et de la prise de pouvoir (Cronos) se retrouvent ainsi, culminants, dans À l'enfant que je n'aurai pas. Abondamment traduite en anglais, en néerlandais et en portugais, son œuvre a été publiée quasi intégralement par les Editions Christian Bourgois, dont elle est sans nul doute la figure de proue de la littérature française contemporaine.

    Mon ressenti


    Une très joli lettre adressée à cet enfant qui ne sera pas, faite de tendresse, d’amour que l’auteur nous livre. Linda explique son choix et pourquoi elle n’aura pas d’enfant. Notre société formate nos comportements, une femme qui ne veut pas d’enfant renvoie forcément un truc de l’ordre du pas normal : ne dit on pas que la femme devient plus épanouie ou qu’elle est une vraie femme depuis qu’elle est devenue mère ! … Ce sentiment quand on ne fait pas comme tout le monde, de devoir se justifier face à une décision… et si on devait expliquer les raisons qui ont fait que nous avons des enfants (en enlevant le fameux « j’aime les enfants ») ou pourquoi je suis hétéro et non homo, beaucoup d’entre nous serions bien embêté…

    J’ai été touchée par cette lettre : par ses mots, son questionnement, sa remise en cause, son besoin de s’expliquer, la profondeur de ses mots. J’ai été troublée aussi par le fait de la présence / absence de cet enfant… Il est rendu tellement vivant alors qu’il n’existe pas et n’existera pas : une réflexion sincère sur la liberté et l'amour, le couple et l’intime.

    A découvrir absolument

    Une collection que je ne connaissais pas et j’ai acheté ce livre à cause de la phrase qui présente cette collection : "Quand tout a été dit sans qu'il soit possible de tourner la page, écrire à l'autre devient la seule issue. Mais passer à l'acte est risqué. Ainsi, après avoir rédigé sa Lettre au père, Kafka avait préféré la ranger dans un tiroir. Écrire une lettre, une seule, c'est s'offrir le point final, s'affranchir d'une vieille histoire. La collection « Les Affranchis » fait donc cette demande à ses auteurs : « Écrivez la lettre que vous n'avez jamais écrite. »"
    Je trouve que c’est une très belle idée.
    Nina
    Nina
    ML
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    Message  Nina Mar 4 Oct 2011 - 0:49

    Merci pour cet avis Pinky.

    Voici le mien :
    J'ai lu beaucoup d'avis sur ce livre sur le net, souvent positif et émanant aussi souvent de femmes qui ont déjà des enfants. J'étais donc curieuse de le lire, moi qui n'ai pas d'enfants et n'en aurais peut-être pas.
    Ce qui m'a surpris est l'acuité avec laquelle elle parle à cet enfant qui pourtant n'existera jamais, à quel point elle semble tout avoir envisagé de son avenir virtuel et de ce qu'il aurait été, de ce qu'il aurait changé dans sa vie et celle de S., son compagnon qui l'accusait de frustrer ses désirs de paternité (j'avoue ne jamais penser à l'enfant que je n'ai pas, je trouve juste dommage, si je n'ai pas d'enfants, de ne pas lui transmettre tout ce qui m'a été donné par les mien(ne)s). Bien sûr, certains arguments pour la convaincre de devenir mère sont rebattus - comme si avoir un enfant apportait la stabilité personnelle et professionnelle, comme si, finalement, avoir un enfant rendait adulte.
    Linda Lê récuse aussi des clichés : écrire n'est pas enfanter. Elle revient aussi, profondément, sur l'absence d'affection qui a marqué sa jeunesse, sur le traditionnalisme de sa mère (je n'ose dire "machisme") et sa dureté à l'égard de ses filles. Sur sa solitude, aussi, sa peur de reproduire le schéma maternelle ou de se placer dans l'excès inverse.
    A l'enfant que je n'aurai pas est un texte très travaillé mais aussi très émouvant, un texte court qui dit l'essentiel, bref, ce texte est une des belles rencontre de la rentrée littéraire.
    Pinky
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    Message  Pinky Mar 4 Oct 2011 - 8:35

    je te rejoins tout à fait Nina, faire ou ne pas faire d'enfant est un choix personnel, un cheminement personnel... à ce titre, il ne devrait pas être jugé
    Hesperide
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    Message  Hesperide Dim 10 Mai 2015 - 21:51

    Lame de fond

    C'est le premier livre de Linda Le que je lis et j'en suis ravie. Cette ecrivaine devrait connaitre l'art de descendre au fond de l'ame et y chercher a decouvrir. Dans ce roman, c'est la mort et le deuil chez l'homme qu'elle explore:

    Van vient de mourir, il parle depuis sa tombe du cimetière de Bobigny: « Je n’ai jamais été bavard de mon vivant. Maintenant que je suis dans un cercueil, j’ai toute latitude de soliloquer ». 
    Mais il y a aussi l'exploration de la recherche de l'identite, l'exploration de la singularite de la famille, il y a une magnifique presentation sous microscope des problemes de l'immigration et de l'integration, de la culture, de l'exil, des lettres au point de vue conviction personnelle.

    A travers les confessions de ses quatre personnages, Linda Lê dit la France de 68 à aujourd’hui, le Viêt-Nam, la manière dont chaque génération inscrit son itinéraire privé, intime, dans la fable collective. Tout, dans ce roman, est exploration de fragments et de marges, refus des vérités toutes faites, travail sur « l’équivoque » et l’indicible.
    Tous les quatres sont des depayses, des deracines. Van a adopte la France comme pays natal et il voit son passerefoule revenir, il se met a explorer l'interdit (« tout le passé qu’il avait raturé refluait ») avec l'apparition d'Ulma. Ulma a des racines si diverses, mais elle veut savoir d'ou elle vient en assumant le risque de tout perdre. Il y a Laure, la fille de Van qui ecrit son journal afin de combler le fosse entre elle et son papa. Il y a Lou et sa jalousie, et sa culpabilite et son geste desespere qui a tue son mari, elle cherche a reconcilier sa propre histoire et sa vie conjugale avec Van.
    Ce sont des confessions bizarres - chacun confie son ame, et son coeur et sa voix demeurent "fermes" aux confessions des autres. Les secrest sont incommunicables. Chacun est impenetrable, mais chacun cherche a comprendre l'histoire des autres qui fuit devant lui. Ces quatres ecritures sont des catharsis, des refuges pour chacun, on cherche a comprendre, a gerer cette complexite qu'est la vie.

    Le livre de Linda Le est une sorte de plaque commemorative litteraire, un tombeau litteraire du Van qui n'est plus la, mais qui a venere la parole, ainsi que la langue francaise, le livre est une maniere de les celebrer et de leur rendre hommage.
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    Message  Pinky Lun 11 Mai 2015 - 8:25

    merci Hesperide pour cette présentation, je ne connais pas ce livre, elle a une écriture fine et qui touche à chaque fois

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