Merci Nina pour ta réponse et pour les nouveaux avis
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BRUEN, Ken
Nina- ML
- Message n°28
Re: BRUEN, Ken
London Boulevard -
324 pages - Fayard Noir.
Mon résumé :
Mitch sort tout juste de prison, après y avoir passé trois ans. Il n’a qu’une envie, ne plus y retourner. Entouré de ses amis, de respectables truands, une vie nouvelle s’offre à lui.
Mon avis :
Ce roman est le dixième livre de Ken Bruen que je lis depuis février. Autant dire que je ne peux que vous recommander chaudement cet auteur – très chaudement. Et le fait que j’ai lu des avis parfois tièdes sur ce roman ne me fera pas changer d’avis. La seule chose qui peut me faire reculer à son sujet est l’extrême violence de certaines scènes. Vous voilà prévenu – sachant que j’ai lu bien pire récemment, et avec infiniment moins de réussite, à n’importe quel point de vue.
Je retrouve dans cette oeuvre ce qui m’a plu dans les séries Robert et Brant ou Jack Taylor. Le style est percutant, haché, brut de décoffrage, sans camouflage de la réalité – de la pire comme de la meilleure. Encore que…. difficile de trouver une réalité "meilleure" dans ce roman.
Prenons le héros, Mitch. Il sort de prison, et vue l’optimisme ambiant, personne ne serait étonné :
- qu’il retourne en prison.
- qu’il ne continue à voler – dans cet ordre, ou peu s’en faut.
Voler est le hobby préféré de sa soeur – avec une grâce et une folie non pareille. Elle vole ce qui lui fait envie – comme l’enfant qu’elle n’est plus, sauf pour son frère. Aussi Mitch, même s’il aimerait tenir sa sœur à distance souhaite :
- qu’elle aille mieux.
- qu’elle soit heureuse.
Vaste sujet , encore plus difficile à accomplir que régler quelques comptes. Professionnellement, Mitch débute une belle carrière d’encaisseur et d’homme à tout faire, ce qui revient quasiment au même. Deux univers qui semblent ne rien avoir en commune. D’un côté, la violence extrême, la force brute, l’absence de réflexion – sauf ce qui permet le profit immédiat et la survie. Et si la fuite ne suffit pas, ayez de bonnes jambes – ou une place déjà réservée au cimetière. Les places coûtent cher, à Londres.
Mais moins que ce cimetière à ciel ouvert où s’est réfugié Lilian, actrice oubliée. Ce mausolée à sa gloire passée est soigneusement entretenu par Jordan, son fidèle, dévoué et parfait majordome.
Il est vrai qu’au début, le lecteur a plutôt tendance à se focaliser sur la carrière de voyou de Mitch, et ses multiples rebondissements (gare à vos rotules) plutôt qu’à cet hommage à peine voilé et très réussi à Sunset Boulevard. Et si pourtant elle était plus importante ? Après tout, ce n’est pas si grave si le lecteur ne s’en aperçoit pas, Mitch lui-même s’est laissé prendre, comme le montrent ces commentaires qui annoncent, comme de mauvaises augures, la tragédie à venir.
Au fond, London Boulevard pourrait se résumer à cette question : jusqu’où êtes-vous prêt à aller pour garder la femme de votre vie ? Un seul personnage y parvient réellement, d’une manière qui feraient dire à ceux qui me connaissent que je n’aime que les histoires horribles. Pas faux. J’aime aussi l’humour noir et la justesse des réflexions de Ken Bruen. Et je ne raconte pas des histoires horribles aussi bien que lui.[url][/url][img][/img]