Les humeurs d'une châtelaine anglaise.
Edition Petite bibliothèque Payot. 230 pages.
Présentation de l’éditeur :
Née en 1920, Deborah Devonshire est la cadette et la dernière représentante des six légendaires sœurs Mitford, qui défrayèrent la chronique en Grande-Bretagne. Devenue duchesse de Devonshire et châtelaine de Chatsworth, elle se chargea de restaurer ce Versailles anglais. Ses chroniques, qui ont enthousiasmé la presse française, distillent le must de l’humour Mitford. La duchesse douairière vous parle avec la même verve de son enfance excentrique, de ses poules bien vivantes ou en porcelaine, de son dieu Elvis Presley, des vêtements inusables qu’elle achète dans les foires agricoles, de son sac à main bourré de rations de survie ou encore de ces visiteurs de Chatsworth qui croient qu’elle porte un diadème du matin au soir.
Mon avis :
Si vous aimez l’Angleterre, son humour, n’hésitez pas et lisez ce livre, d’une drôlerie constante.
Si Deborah Devonshire se retourne sur son passé, ce n’est en aucun cas pour régler des comptes avec diverses personnes ou se plaindre. Et certains auteurs de mémoires larmoyants (j’ai quelques noms en tête) feraient bien d’en prendre de la graine. C’est avec un regard aimant qu’elle parle de son père, de sa mère, à qui elle est reconnaissante de ne jamais l’avoir forcé à finir son assiette, de son frère, mort au combat en 1945, et de ses soeurs. La cadette des fantasques soeurs Mitford nous parle avec tendresse de Nancy, l’aîné, de Diana, la plus belle, mais aussi d’Unity, grande admiratrice d’Hitler. C’est avec beaucoup de pudeur qu’elle parle de cette soeur – qu’elle n’accable pas. Unity a résolu d’une manière atroce en 1939 la contradiction entre son admiration et son attachement pour son pays. La gommer de ses souvenirs ne changera rien aux horreurs qui se sont déroulées.
Même les pires moments peuvent être traités avec humour – quand la fin est heureuse. L’épopée de Déborah pour rejoindre sa soeur Nancy pendant la guerre est impayable – surtout que cette grande amoureuse des animaux a emmené avec elle ses deux chiens et sa chèvre. Il est des compagnons de voyage plus conventionnels. Les animaux tiennent une grande place dans la vie quotidienne de la duchesse : Le matin et le soir, il n’y a aucun visiteur ; moutons et daims sont alors les paisibles hôtes du parc. Les jours de tempêtes, ces ruminants sont comme des girouettes ; ils vous indiquent la direction du vent en allant s’allonger dans telles ou telle prairie. Dès les premières chaleurs, les brebis se rassemblent à l’ombre d’un arbre comme des vieilles dames lors d’une réunion pieuse, et vous savez alors que le printemps est vraiment installé.
Duchesse ? Elle l’est quand elle se bat pour restaurer Chatsworth, entretenir le domaine pour le léguer en (presque) bon état à ses descendants. Guindée, elle ne l’est pas quand elle évoque le contenu de son sac à main, son absence de goût pour la lecture et sa passion pour les poules et autres poulettes. Des grandes de ce monde qu’elle a cotoyé (elle était parente par alliance de John Fitzgerald Kennedy), elle nous parle avant tout de ce qui fait d’eux des êtres humains ordinaires, ses qualités, ses petits attentions qui les rendent à la fois attachants et uniques.
Les humeurs d’une châtelaine anglaise est un recueil de chroniques hautement recommandable, à déguster avec une bonne tasse de thé.