La danse des chiens-tonnerre
édition du rocher - 464 pages.
Présentation de l’éditeur :
Emmett Parker, inspecteur comanche du Bureau des affaires indiennes, est de retour chez lui. Après treize années de loyaux services qui l’ont conduit à enquêter dans différentes réserves indiennes à travers tout le territoire des États-Unis, une rupture difficile avec sa coéquipière Anna Turnipseed et une grave blessure, il décide de passer sa convalescence en Oklahoma, parmi les siens, et peut-être même de raccrocher définitivement. C’était compter sans les conflits qui déchirent sa tribu : le Bureau est accusé par nombre de Comanches de la réserve de détourner l’argent des puits.
Mon avis :
Je découvre cet auteur grâce à ce roman. Il mériterait d’être mieux connu, les auteurs de polars américains ne se limitent pas à Harlan Coben et Mickaël Connelly.
Ce roman nous plonge au coeur de la culture améridienne, entre les traditions et la modernité. Emmett, le personnage principal, et Mickaël Mangas, son adversaire, ont des valeurs, des codes, qu’ils partagent et que certains protagonistes ne comprennent pas nécessairement. Même Mickaël, qui a pourtant reçu peu ou prou la même éducation qu’Emmet, interprête mal sa position vis à vis de la religion catholique qui leur a été imposée. L’erreur est humaine. La traque le sera un peu moins. A la décharge de Mickaël Mangas, les meurtres sur lesquels il enquête sont particulièrement sordides, et leur motif – le détournement de l’argent des indiens – est très proche de leur préoccupation. Qui mieux qu’un comanche pour détourner de l’argent comanche ?
La construction de ce roman est unique, et osée, grâce à l’usage d’un narrateur omniscient. Emmett, policier fugitif, accusé du meurtre d’un de ses ami, Jérôme, cherche à prouver son innocence et à déjouer le complot dont il est victime. Il est également persuadé que Mickaël, l’enquêteur qui le poursuit, participe à ce complot. De l’autre, nous avons Mickaël, qui poursuit sa traque avec pugnacité. Nous savons qu’il est sûr d’agir dans son bon droit. J’ai aimé sa profondeur et ses contradictions. Contrairement aux héros de mauvais romans et de mauvaises séries télévisées, il n’oublie pas les épreuves qu’il a traversées – la mort de son fils dans un attentat – et montre par quels moyens il rend la douleur vivable, et peu importe si ses moyens n’appartiennent pas à la culture occidentale. Et même si nous sommes souvent immergés dans la culture amérindienne, notamment dans un dernier chapitre émouvant, les sentiments éprouvés sont universels, comme l’amour d’une mère pour son fils (Emmett).
Emmett. Un personnage complexe, capable de susciter la haine (des personnes qui l’ont choisi comme bouc émissaire) ou le dévouement le plus sincère. Lire à cet égard le témoignage de son ex-femme, déterminant. Son adversaire, celui qui tire les ficelles dans l’ombre, nous le découvrons inquiétant par sa folie même. Tuer ne lui pose aucun problème, torturer non plus – presque une partie de plaisir. Il ignore qu’il a pour adversaire quelqu’un capable d’aller jusqu’au bout de ses forces, de ses capacités – et même au-delà. Le Emmett qui participera à la confrontation finale tient plus du spectre (indien) que du fugitif ordinaire. Découvrir le coupable, quel qu’il soit – lui et Mickaël ne sont pas si différents.