Les tendres plaintes Roman
238 pages édité chez Acte Sud en juin 2010
RésuméBlessée par l'infidélité de son mari, Ruriko décide de disparaître.
Elle
quitte Tokyo et se réfugie dans un chalet en pleine forêt où elle tente
de retrouver sa sérénité. Ruriko est calligraphe. Non loin, dans un
autre chalet, s'est installé Nitta, un ancien pianiste de renom devenu
facteur de clavecins, un homme habité par un calme particulier qui
semble absorber les sons des instruments qu'il fabrique. Bien qu'assisté
chaque jour dans son ouvrage minutieux par une jeune femme prénommée
Kaoru, il vit seul avec un vieux chien aveugle et sourd.
Invitée
en ces lieux par Kaoru, la calligraphe observe et s'interroge sur la
relation du facteur et de son aide. Ainsi elle apprend que Nitta ne peut
plus jouer en présence d'autrui, que seule persiste en lui la capacité
de vivre avec des sons invisibles. Mais, un matin, la calligraphe
surprend Nitta installé au clavecin jouant "Les Tendres Plaintes" pour
Kaoru. Ecrites en 1996, "Les Tendres Plaintes" contiennent tous les
éléments révélateurs de la personnalité littéraire de Yoko Ogawa.
Le
regard porté sur la nature, sur ses sonorités, l'intensité de ses
nuits, l'indicible solitude des êtres et leurs relations fugitives
donnent à cette histoire une étrange résonance : celle qui prend source
au coeur de l'inconscient.
Mon avis C’est
un pur moment de bien être, un roman où le lecteur est rempli par
l’atmosphère de ce qu’il lit. Tous mes sens ont été sollicités par cette
merveilleuse histoire écrite autour de trois personnages en quête de
reconstruction après avoir été blessés. Autour de la musique de Rameau,
les oreilles sont charmées, la vue est soignée par un personnage
secondaire et quelle vue…, l’odorat est sollicité par la nature et ses
parfums omniprésents, le goût des mets qui amènent révélations,
imageries, le toucher autour des métiers des personnages (la
calligraphie, le clavecin et le travail du bois de ce dernier)… et tout
cela pour faire vibrer le lecteur…
Avec amour, délice, jalousie,
fantasme, imagination, inquiétudes, j’ai été bercée par ce récit tendre
et sensible. J’ai pu avoir parfois l’impression de flotter et de me
laisser porter par les ou leurs tendres plaintes… car tout sens a un
double sens, à chacun de trouver ou de voir. C’est avec douceur et
volupté que l’auteur nous livre ses personnages qui se découvrent, se
cherchent et se recherchent. Sans cesse portée sur une impression de
balancier, oscillant entre violence, plaisir, abandon, j’ai adoré me
perdre dans ces lignes…
J’ai découvert un auteur de musique
baroque que je ne connaissais pas et un métier « facteur de clavecin »,
c’est magique tout simplement.
Je ne peux que vous le recommander
et de vous immerger dans un monde de sens…ou une dentelle de mots vient
vous titiller merveilleusement bien….