Merci Pinky pour cet avis.
Les dames vertes.
Editions Magnard - 138 pages.
Présentation de l'éditeur : M. Nivières, jeune avocat, se rend un beau jour de mai au château d'Ionis, chargé par son père de résoudre une affaire particulièrement délicate : convaincre La belle Mme d'Ionis de le laisser défendre sa cause dans un procès où, par bonté, elle souhaite protéger ses adversaires... Mais, la nuit, le château est peuplé d'étranges créatures qui viennent troubler le sommeil de M. Nivières et semer le doute dans son esprit. Doit-il gagner ce procès ou le perdre ?
Mon avis : Les dames vertes est un court roman peu connu de George Sand. Magnard avait eu la bonne idée de le rééditer, avant de cesser sa publication, ce qui est dommage.
L'action principale se passe peu avant la Révolution française, mais le narrateur nous dit que vingt ans se sont passés depuis les faits. Nous voici donc rassurés sur son devenir - et sur celui de quelques personnages attachants. Ces vingts années écoulés lui ont de plus donné un regard critique sur une époque, rationnelle et ironique. En parlant ainsi, le narrateur se fait presque théoricien littéraire. En effet, au XVIIIe siècle, celui des Lumières qui vouait un culte à la raison succède le XIXe siècle, romantique, et permettant l'émergence du genre fantastique auquel appartient ce livre.
George Sand respecte les codes du genre - en apparence. Nous avons un narrateur à la première personne, donc subjectif. Le bouleversement survient à minuit - et le narrateur de souligner qu'il est minuit quand survient l'apparition, au cas où le lecteur n'aurait pas fait attention. Le phénomène fantastique prend comme par hasard les traits d'une belle jeune fille, d'une beauté totalement irréelle. Comme dans les nouvelles de Théophile Gautier (Arria Marcella, La Cafetière...),des obstacles infranchissables séparent ceux qui s'aiment : le temps qui a passé et la mort.
Mais .... nous ne sommes pas chez Théophile Gautier. George Sand utilise les codes du fantastique pour mieux en jouer et n'oublie pas de dénoncer le sort des femmes, assujetties à la bêtise et à la cupidité d'un mari, au conformisme d'une famille. Je n'ai garde d'oublier non plus les règles, les conventions dirai-je qui régissaient les rapports entre les aristocrates et les bourgeois, dont faisait partie le narrateur, et les survivances de certains archaïsme. Il n'est pas facile d'être à un tournant de l'histoire.
Les dames vertes est une oeuvre injustement méconnue. J'aimerai vraiment que ce roman soit édité à nouveau, afin de le faire découvrir à mes élèves.