Titre : Pygmalion.
Auteur : Georges Bernard Shaw.
Éditeur : L'Arche
Nombre de pages : 165.
Quatrième de couverture :
La différence entre une lady et une vendeuse de fleurs n'est pas dans ma manière dont elles se conduisent mais dans la manière dont elles sont traitées.
Mon avis :
Le film My fair Lady est connu (j'ai l'impression d'écrire une lapalissade) mais qui lit encore l'oeuvre originale de George Bernard Shaw, Pygmalion, écrite en 1941 ? J'avais envie de découvrir ce texte, sans trop d'a-priori (je n'ai pas vu le film depuis très longtemps).
Le mythe de Pygmalion est à l'origine un sculpteur qui trouve son oeuvre si belle qu'il est incapable d'aimer une femme de chair et supplie les dieux de rendre vivante sa statue - il sera exaucé. Ici, nous n'avons pas un mais deux Pygmalions, deux hommes qui, au premier acte, se cherchaient et se sont bien trouvés. D'un côté, nous avons le colonel Pickering, auteur du sanskrit parlé, et vieux garçon, de l'autre, nous avons Henry Higgins, auteur de l'Alphabet universel de Higgins, aussi sensible aux sentiments des autres que peu l'être un bélier en train d'enfoncer une porte. Vieux garçon également, il est le désespoir de sa charmante maman : elle ne parvient ni à le marier, ni à changer ses manières qui font fuir définitivement ses invités s'il a le malheur d'être présent.
Ces deux hommes font un pari : transformer une vendeuse de fleurs, Eliza Doolittle, à l'accent cockney très prononcé, en véritable duchesse. Cela n'a l'air de rien, pourtant les enjeux de ce pari sont une satire évidente de la société anglaise. L'accent de chaque personnage définit immédiatement à quelle catégorie sociale il appartient, de quelle région il est originaire et peu importe les mérites de cette personne. Je me suis rendue compte à cette lecture à quelle point la société anglaise avait crée un clivage entre les différentes classes sociales et comme les préjugés ont la vie dure. En effet, s'il est possible de gravir l'échelle sociale - ce que fait monsieur Doolittle, le père d'Eliza, il est impossible, une fois que l'on est à son sommet, de se rabaisser à des tâches subalternes. Ainsi, madame Eynsford Hill, issue du meilleur des mondes, ne peut même pas travailler pour subvenir à ses besoins, ne peut non plus envisager que ses enfants puissent trouver une position sociale équivalente à ce qu'elle était, avant qu'ils soient ruinés. Il ne leur reste plus que la possibilité de faire un beau mariage, avec un(e) riche héritier(e) afin de redorer leur blason. De même, que deviendra Eliza, après la réussite de l'expérience ?
Higgins, dans son égoïsme, ne se pose pas la question. Ce n'est pas tant qu'il soit imbu de lui-même, c'est qu'il n'a pas acquis la maturité nécessaire pour prendre en compte dans ses raisonnements quelqu'un d'autre que lui-même. Le colonel Pickering, un peu plus sensible que lui (juste un peu) ne se questionne guère plus. Tous deux ont oublié qu'ils travaillaient avec une jeune femme, qu'ils n'ont pas ménagé, même s'ils ont prévu quelques chocolats en récompense, et que celle-ci ne rentrerait pas gentiment dans sa chambre après le pari. Higgins a beau dire "le grand secret Eliza, ce 'n'est pas d'avoir de mauvaises manières, ou de bonnes manières, ou toute espèce possible de manières, mais d'avoir les mêmes manières avec toute créature humaine", il a beau avoir qu'elle lui manquerait, Eliza a repris l'indépendance qu'elle avait avant de le connaître - la maîtrise de l'anglais et les bonnes manières en plus.
Eliza reviendra-t-elle ? Si vous souhaitez le savoir, lisez le dénouement que propose l'auteur "pour les imaginations affaiblies" .
Auteur : Georges Bernard Shaw.
Éditeur : L'Arche
Nombre de pages : 165.
Quatrième de couverture :
La différence entre une lady et une vendeuse de fleurs n'est pas dans ma manière dont elles se conduisent mais dans la manière dont elles sont traitées.
Mon avis :
Le film My fair Lady est connu (j'ai l'impression d'écrire une lapalissade) mais qui lit encore l'oeuvre originale de George Bernard Shaw, Pygmalion, écrite en 1941 ? J'avais envie de découvrir ce texte, sans trop d'a-priori (je n'ai pas vu le film depuis très longtemps).
Le mythe de Pygmalion est à l'origine un sculpteur qui trouve son oeuvre si belle qu'il est incapable d'aimer une femme de chair et supplie les dieux de rendre vivante sa statue - il sera exaucé. Ici, nous n'avons pas un mais deux Pygmalions, deux hommes qui, au premier acte, se cherchaient et se sont bien trouvés. D'un côté, nous avons le colonel Pickering, auteur du sanskrit parlé, et vieux garçon, de l'autre, nous avons Henry Higgins, auteur de l'Alphabet universel de Higgins, aussi sensible aux sentiments des autres que peu l'être un bélier en train d'enfoncer une porte. Vieux garçon également, il est le désespoir de sa charmante maman : elle ne parvient ni à le marier, ni à changer ses manières qui font fuir définitivement ses invités s'il a le malheur d'être présent.
Ces deux hommes font un pari : transformer une vendeuse de fleurs, Eliza Doolittle, à l'accent cockney très prononcé, en véritable duchesse. Cela n'a l'air de rien, pourtant les enjeux de ce pari sont une satire évidente de la société anglaise. L'accent de chaque personnage définit immédiatement à quelle catégorie sociale il appartient, de quelle région il est originaire et peu importe les mérites de cette personne. Je me suis rendue compte à cette lecture à quelle point la société anglaise avait crée un clivage entre les différentes classes sociales et comme les préjugés ont la vie dure. En effet, s'il est possible de gravir l'échelle sociale - ce que fait monsieur Doolittle, le père d'Eliza, il est impossible, une fois que l'on est à son sommet, de se rabaisser à des tâches subalternes. Ainsi, madame Eynsford Hill, issue du meilleur des mondes, ne peut même pas travailler pour subvenir à ses besoins, ne peut non plus envisager que ses enfants puissent trouver une position sociale équivalente à ce qu'elle était, avant qu'ils soient ruinés. Il ne leur reste plus que la possibilité de faire un beau mariage, avec un(e) riche héritier(e) afin de redorer leur blason. De même, que deviendra Eliza, après la réussite de l'expérience ?
Higgins, dans son égoïsme, ne se pose pas la question. Ce n'est pas tant qu'il soit imbu de lui-même, c'est qu'il n'a pas acquis la maturité nécessaire pour prendre en compte dans ses raisonnements quelqu'un d'autre que lui-même. Le colonel Pickering, un peu plus sensible que lui (juste un peu) ne se questionne guère plus. Tous deux ont oublié qu'ils travaillaient avec une jeune femme, qu'ils n'ont pas ménagé, même s'ils ont prévu quelques chocolats en récompense, et que celle-ci ne rentrerait pas gentiment dans sa chambre après le pari. Higgins a beau dire "le grand secret Eliza, ce 'n'est pas d'avoir de mauvaises manières, ou de bonnes manières, ou toute espèce possible de manières, mais d'avoir les mêmes manières avec toute créature humaine", il a beau avoir qu'elle lui manquerait, Eliza a repris l'indépendance qu'elle avait avant de le connaître - la maîtrise de l'anglais et les bonnes manières en plus.
Eliza reviendra-t-elle ? Si vous souhaitez le savoir, lisez le dénouement que propose l'auteur "pour les imaginations affaiblies" .