Edition Gallmeister - 384 pages.
Présentation de l'éditeur :
Boo et Junior ne se sont pas quittés depuis l’orphelinat. Aujourd’hui adultes, ils sont videurs dans un club de Boston. Avec leurs deux cent quinze kilos de muscles et leurs dix mille dollars de tatouages, ça leur va plutôt bien de jouer les durs. Mais quand on leur demande de rechercher la fille du procureur de Boston qui a disparu, ils vont devoir recourir à autre chose qu’à leurs biceps. Que la gamine fasse une fugue, soit. Il faut bien que jeunesse se passe. Mais quand elle se retrouve sous l’emprise de ses mauvaises fréquentations, c’est une autre histoire.
Mon avis :
J’ai adoré ce roman. Il y a aura des personnes pour ne pas l’aimer. Je sais pourquoi : le langage particulièrement expressif des deux personnages principaux. Les amateurs de littérature « belle », et aseptisée seront choqués et passeront leur chemin. Je pourrais prétendre qu’utiliser ce langage était nécessaire – un peu comme font les actrices qui s’excusent d’avoir tourné des scènes olé-olé. Ce serait très hypocrite. Non, utiliser un langage aussi percutant n’était pas nécessaire, c’était indispensable pour toucher la vérité de ces deux personnages, Boo et Junior, pour les nommer comme ils ont choisi de s’appeler.
Et là, bim ! Je pourrais utiliser le terme « bromance », terme un brin crétin pour désigner une amitié amoureuse entre deux hommes. Ce serait non seulement impropre pour désigner le lien qui unit ses deux survivants qui n’en ont pas fini de survivre à ce qui leur arrive, ce serait risible, et même dangereux pour peu que vous vous approchiez trop prêt de Junior. Comment cela, il n’existe que dans les pages du livre ? Todd Robinson a réussi à le rendre bien vivant, lui et Boo, le narrateur – comme Boo Radley. On peut utiliser un langage très imagé et avoir des lettres.
Leur mission était de retrouver discrètement Cassandra, fille unique du procureur de la ville, 14 ans, qui a fugué. Elle avait pourtant (presque) tout pour être heureuse, cette petite, sauf l’attention de son père. Ce que vont découvrir les deux hommes est vraiment très éloigné de ce à quoi ils s’attendaient. Et comme Boo n’aime pas laisser une affaire non terminée, il ira jusqu’au bout – sans que le lecteur puisse avoir la moindre idée quand débute leur enquête de ce que ce « bout » puisse signifier.
Ce qui en prend un coup, comme souvent dans la littérature américaine contemporaine, c’est l’image de la famille modèle américaine. Le procureur ne cherche pas (seulement) sa fille parce qu’il a peur pour elle – sinon, il y a belle lurette qu’il aurait utilisé d’autres moyens pour la retrouver, non – il la cherche parce qu’il est en pleine campagne électorale et ce n’est vraiment pas le moment que son adolescente de fille fasse quelque chose qui pourrait lui nuire. Je ne parle même pas d’autres familles qui, en principe, se veulent particulièrement strictes sur certains sujets, tout en l’étant nettement moins sur d’autres, – je veux parler des familles d’origine irlandaise.dont les dieux lares sont les Kennedy. Ce qui ne change guère, par contre, c’est que les problèmes se règlent dans le cercle de famille – élargi. Il est certains membres que Boo se serait bien passé de rencontrer, et Junior encore plus.
Cassandra est une oeuvre forte, un premier roman noir particulièrement réussi. Bravo, monsieur Robinson.