Ainsi fleurit le mal.
Edition Presses de la cité - 560 pages.
Présentation de l’éditeur :
« J’ai toujours pensé que la mort avait quelque compte à régler avec moi. »
À seize ans, Tessa est retrouvée agonisante sur un tas d’ossements humains et au côté d’un cadavre, dans une fosse jonchée de milliers de marguerites jaunes aux yeux noirs. Partiellement amnésique, seule survivante des « Marguerite » – surnom que les journalistes ont donné aux victimes du tueur en série –, elle a contribué, en témoignant, à envoyer un homme dans le couloir de la mort. Terrell Darcy Goodwin, afro-américain, le coupable parfait pour la juridiction texane.
Presque vingt ans ont passé. Aujourd’hui, Tessa est une artiste et mère célibataire épanouie. Si elle entend parfois des voix – celles des Marguerite qui n’ont pas eu sa chance –, elle est toutefois parvenue à retrouver une vie à peu près normale. Alors, le jour où elle découvre un parterre de marguerites jaunes aux yeux noirs planté devant sa fenêtre, le doute l’assaille… Son « monstre » serait-il toujours en cavale ? La narguerait-il?
Mon avis :
Ce livre est mon second coup de coeur de la rentrée littéraire. Un petit coup de coeur, un coup de coeur tout de même. La difficulté est alors d’analyser pourquoi ce livre m’a autant plu.
La narration ? Nous sommes à la fois dans le présent, le moment où Tessa se souvient et s’engage pour que celui qui est considéré comme un tueur en sérieux soit gracié, et le passé, qui détermine ce que Tessa est devenue : son agression, sa survie quasi-miraculeuse, sa préparation au procès et sa thérapie (qui n’est pas la première) pour surmonter ce qui lui est arrivé. Les deux narrations, qui alternent jusqu’à un certain point, sont toutes deux parfaitement linéaires et faciles à identifier – jeux temporels, oui, lecteurs perdus, non.
Les personnages ? Il faut dire que Tessa est attachante par sa combattivité, sa volonté de ne pas oublier ce qu’elle croit, même si on (son psy, notamment) essaie de la ramener vers davantage de rationalité. Tessa n’oublie pas les Marguerite, ces compagnes d’infortune. Leur redonner ce dont elles ont été privées – leur identité – est important pour elles, pour leur famille, pour Tessa. Rétablir la vérité également.
L’ambiguïté des personnages ? Tessie (la jeune Tessa) a grandi dans un univers digne des contes de fée, un univers dans lequel ses grands-parents n’avaient pas peur de lui raconter des histoires un peu sanglantes, très cruelles, loin de l’univers littéraire aseptisé dans lequel grandissent les petits américains. Lydia, sa meilleure amie, participe aussi à cette composante, si proche, puis si lointaine. Elle est l’héroïne implicite de l’histoire.
La charge contre la peine de mort ? Bien sûr, de France, on peut ne pas se sentir concerné, puisque la peine de mort est abolie. Cependant, ce que j’ai apprécié est que les avocats qui ne comptent ni leur temps ni leur peine pour que vivent leurs clients ne se préoccupent pas de leur culpabilité – pas seulement. Il est facile de prendre fait et cause pour un innocent injustement condamné. Il l’est beaucoup moins quand il est coupable, sans doute aucun.
Les choix narratifs ? L’auteur a choisi de passer certaines scènes sous silence – des scènes attendues, sans doute, par certains lecteurs, telles que le procès. Elle a préféré privilégier les conséquences de ses scènes sur les personnages, et surtout sur Tessa.
Ainsi fleurit le mal est un roman que j’ai eu beaucoup de mal à lâcher avant de l’avoir terminé, un roman policier que je ne peux que recommander.