LA PORTE DU CIEL
Les Escales - 2017 - 253 pages
Résumé :
Alors que la Guerre de Sécession fait rage, deux fillettes que tout oppose, deux destins, vont se croiser.
Au coeur de la Louisiane et de ses plantations de coton, deux fillettes grandissent ensemble. Tout les oppose. Eleanor est blanche, fille de médecin ; Eve est mulâtre, fille d'esclave. Elles sont l'ombre l'une de l'autre, soumises à un destin qu'aucune des deux n'a choisi. Dans leur vie, il y aura des murmures, des désirs interdits, des chemins de traverse. Tout près, surtout, il y aura la clameur d'une guerre où des hommes affrontent leurs frères sous deux bannières étoilées.
Plus loin, dans l'Alabama, des femmes passent leur vie à coudre. Elles assemblent des bouts de tissu, Pénélopes modernes qui attendent le retour des maris, des pères, des fils partis combattre. Leurs courtepointes sont à l'image des Etats-Unis : un ensemble de morceaux tenus par un fil celui de la couture, celui de l'écriture.
Entre rêve et histoire, Dominique Fortier dépeint une Amérique de légende qui se déchire pour mieux s'inventer et pose avec force la question de la liberté.
Ce que j'en pense :
Il m'a été donné d'assister à la conférence de présentation de ce livre par l'éditrice, en absence de l'auteure, malade, restée au Québec.
Si les explications m'ont été salutaires, elles arrivèrent un peu tard car j'avais lu le bouquin, lequel, soit dit en passant, m'a été offert par les éditions Les Escales, via Babelio.
Sur les trente-cinq personnes, environ, qui assistions à cette présentation, j'étais le seul représentant de la gent masculine. L'éditrice m'a rassuré en me disant que c'était habituel, les femmes étant plus romanesques que les hommes qui, dit-elle, préfèrent l'histoire. Si elle le dit...
Ce livre attira mon attention car il était question de la guerre de sécession, période de l'histoire américaine dont je suis friand, ce qui donne raison à la dame ci-dessus.
Cependant de guerre et de sécession il ne fut point beaucoup question ou, pour le moins, ce n'est pas le sujet du livre !
Le sujet, puisque le mot est lâché, est difficilement définissable. Pour moi il s'agit, ici, de courtes tranches de vie de deux petites filles, l'une blanche, fille de médecin, l'autre noire fille d'esclave. On suit, entre deux courtepointes (j'en dirais deux mots ci-après) leurs destinées qui, si elles sont parallèles, ne se passent pas dans le même confort.
Il ne faut rien exagérer car la jeune Eve n'est pas soumise aux traitements infligés, habituellement aux noirs, par les patrons blancs de plantations de coton. Eleanor, la blanche bénéficie des avantages que la couleur de sa peau lui donne, sans pour autant faire de l'ombre à sa compagne de jeux, noire.
Et puis elles grandissent, jeunes filles, puis femmes, la blanche mariée, la noire aimée en secret, jusqu'à un dénouement inéluctable mais pas, forcément, tel que l'on aurait pu le concevoir.
Ce livre est bien écrit, d'une écriture qui coule comme une rivière bien sage dans son lit. Non pas qu'il y ait cette prosodie poétique qui font les très grands auteurs, non, mais il n'y a rien à y redire. Je dirais même que c'est plutôt agréable dans l'ensemble.
Ce qui ne va c'est, d'une part, l'absence de crédibilité des personnages que je n'ai pas du tout "senti", D. Fortier ne tranche pas, ne s'implique pas, elle fait un rapport de police (j'exagère, certes, mais à peine), du journalisme et je bous en écrivant car il y avait une matière formidable, un terrain et une époque à faire rêver un écrivain, même moi qui ne suit pas écrivain, j'en rêve !
Ensuite la construction du livre, pas de liant entre les chapitres, si chapitres il y a ! On tourne des pages certes mais sont-ce vraiment des chapitres ? Mystère.
Le lecteur suit l'auteure qui saute du coq à l'âne jusqu'à insérer au milieu du livre un passage contant la fin de vie d'un condamné à mort, noir, à l'époque actuelle, évoquant son dernier repas avant l'exécution de la peine capitale. Sur cette question l'éditrice répond qu'il faut voir cela dans l'évolution de la société américaine et que le parallèle entre la condition des noirs au XIXème et maintenant n'est qu'une suite de déboires amenant, de toutes manières, à la mort. Bref, je ne suis pas ce raisonnement.
Il y a cinq descriptions de courtepointes, faites par des femmes noires, qui sont d'un tel fouillis que j'ai dû relire dix fois le premier descriptif, sans comprendre et sans savoir qu'il s'agissait d'une couverture, je voulais essayer de dessiner, sans plus de succès. Je ne me suis pas attardé sur les autres...Et quand j'ai visionné les courtepointes sur le site de l'éditeur, je me suis demandé qui pourrait envisager un tel résultat avec ces descriptions. Dommage !
Je ne fus pas le seul à émettre cette remarque.
Quel gâchis, surtout avec un tel sujet et la guerre de sécession en filigrane. Les sudistes en débandade et les yankees aux portes des plantations...
2/5
B