Les ossements du chaman
Edition 10/18 - 400 pages.
Présentation de l’éditeur :
Daisy Perika, la vieille chamane de la réserve ute, convoque son neveu Charlie Moon, policier tribal, et son ami Scott Parris, shérif de la ville, pour leur faire part d’un rêve inquiétant. Il y aura du sang, il y aura des morts, leur dit-elle… Elle ne s’était pas trompée ! Mary Frank, qui descendait dans le Sud avec sa famille, est retrouvée morte, clouée à un arbre, la tête en bas. Les paroles de la vieille chamane résonnent encore à l’oreille des deux policiers : » Il y aura du sang, il y aura des morts… » Qui sera le suivant ? » Les rêves contre les évidences, les esprits des montagnes contre la logique.
Mon avis :
Connaissiez-vous James D Doss ? Pour ma part, « pas vraiment » me semble le mot juste, même si deux de ses romans étaient dans ma PAL. Pour quelles raisons ? Et bien parce que romans policiers américains + ouverture sur la culture indienne est une addition à laquelle je résiste peu.
Est-ce un roman policier ? C’est surtout un roman avec deux enquêteurs aux personnalités marquantes, fortes, des personnages avec lesquels j’ai eu envie de passer un long moment.
Il ne s’agit pas tant ici d’en savoir un peu plus sur la culture ute, mais de rentrer en plein dans un système de croyance qui n’est pas le nôtre, qui n’est d’ailleurs pas celui de tous les personnages de ce roman. Il faut alors abandonner littéralement la logique policière qui est la nôtre, penser à d’autres mobiles, repenser les causes de certains actes qui paraissent évidents – du point de vue d’un non-indien. La violence est là, à l’état brut, montrée sans prise de distance, sans qu’elle soit jamais « esthétique » : nous la prenons de plein fouet, comme les enquêteurs qui se doivent après non seulement d’enquêter mais de protéger aussi, face à un ennemi qui, dans sa logique, n’a pas d’interdit.
Certains moments sont tout de même plus lumineux, plus drôle aussi – on peut être une vieille chamane et avoir des amies hors normes. On peut ne pas aimer les chats et faire du mieux que l’on peut avec la bestiole poilue qu’on vous a laissés. On peut être un vieillard aveugle et comprendre, avec bienveillance, que si sa petite fille, mère célibataire, a très envie de revoir le policier, ce n’est pas seulement pour faire avancer l’enquête.
Pour conclure, cette citation, avec laquelle je suis d’accord (et tant pis si je passe pour bizarre) :
Même les Utes « modernes » comme Charlie Moon évitaient d’approcher les cadavres ou de mentionner le nom de quelqu’un dont la mort était récente. C’était malsain. Sinon, les fantômes venaient vous hanter. Même si on ne croyait pas aux fantômes. Les fantômes se moquent pas mal de ce qu’on croit ou non.