Strada Zambila
Editeur : l'école des loisirs. 212 pages.
Présentation de l’éditeur (extraits) :
Les parents d’Ilinca ont quitté Bucarest pour la France. Ils ont beau lui assurer que c’est seulement pour quelques mois, Ilinca trouve le temps long. Pour elle, ça ne vaut pas la peine de quitter ceux qu’on aime pour travailler dans un cabinet médical en Normandie. Ni de gâcher le présent en espérant un meilleur avenir. A l’approche de Noël, c’est de plus en plus difficile.
En leur absence, on fait front dans la rue Zambila. Ilinca et sa petite soeur Zoe sont prises en charge par leurs grands-parents, qui se sont installés chez elles avec leurs huit chats. Lorsque le professeur de roumain propose de participer à un concours d’arts plastiques, Ilinca s’associe à Florin, un élève rom de sa classe. Il écrira des poèmes, elle fera des photographies.
Fanny Chartres est la soeur cadette de Marie Chartres, qui l'a encouragé à écrire et à qui elle est dédie le livre.
Mon avis :
Quand je lisais ce livre, j’avais dans la tête un article lu dans le magazine Lire tout récemment, qui parlait de la littérature jeunesse qui ne devait pas être l’annexe de l’éducation nationale. Certes, mais en tant que professeur, il m’est souvent demandé de conseiller de jeunes lecteurs – quand ce ne sont pas eux qui me demandent des conseils. Ainsi, je ne me vois pas déconseiller un livre parce que les thèmes abordés sont difficiles,douloureux, pas distrayants… Les ados savent très bien trouver des lectures divertissantes, telles la fantasy, et pour moi, tout est « lisible » tant que le livre est bien écrit.
Maintenant, pour moi toujours, il faut que l’enfant, l’adolescent puisse échanger autour de sa lecture, surtout si quelque chose l’a touché, gêné, dérangé. La lecture est une activité vivante, ne l’oublions pas.
Fin de mon préambule. Vous l’aurez compris, Strada Zambila traite de sujets sensibles avec sensibilité. Il parle de ses travailleurs roumains, surnommés les « cueilleurs de fraise » qui partent travailler à l’étranger, en Italie, en France. Cela permet à leurs enfants de mener une vie plus aisée mais bouleversée : souvent, ils doivent partir à la campagne, chez leurs grands-parents, qui les gardent pendant le séjour à l’étranger de leurs parents. Illinca et Zoé ont plus de chance, ce sont leurs grands-parents qui ont fait le déplacement – avec leurs huit chats, grands amateurs de croquettes, portant des noms de ville.
Pourtant, pour Illinca, rien ne va – sa soeur, par contre, déborde d’énergie et de joie de vivre en toutes circonstances. Avoir une vie plus aisée, elle s’en moque, ce qu’elle veut, ce sont ses parents à ses côtés, comme avant. Ses parents, pour partager ses joies, ses peines, pour parler avec eux – et tant pis pour le tout dernier modèle d’appareil photo. Elle est particulièrement sensible aux remarques parfois anodines des autres, à commencer par ses professeurs. Son travail avec Florin sera l’occasion de découvrir une communauté dont ses parents, pense-t-elle, l’ont toujours volontairement tenue à l’écart : les roms. Peu importe qu’ils soient sédentarisés, intégrés, qu’ils aient un travail, que leurs enfants aient fait des études : ils sont toujours la cible d’attaque, d’insultes, toujours les premiers suspects quand quelque chose ne va pas. A peine plus appréciés que les chiens errants. Illinca apprendra à mieux les connaître, à apprécier la famille de Florin, unie quoi qu’il arrive.
Elle découvrira aussi un secret et là, se pose une question pour le lecteur, quel que soit son âge : faut-il tout dire aux enfants, ou leur mentir pour les préserver ? Pour ma part, et pour avoir vu les ravages qu’un secret révélé peut causer, je pense que vous connaissez mon point de vue.
Strada Zambila – une belle lecture.