Oh happy day
Edition Fleuve - 336 pages
Présentation de l’éditeur :Après quatre ans de silence, Pierre-Marie se décide à envoyer un mail à Adeline au sujet d’un carnet noir qu’il aurait oublié et dans lequel il cherche à retrouver une petite phrase de trois lignes qui serait, dit-il, un excellent début de roman. Prétexte évidemment pour reprendre contact après une longue période passée prostré après son « grand malheur » comme il l’appelle. Mais Adeline a bien d’autres projets que de chercher ce carnet. Sa vie est à un tournant puisqu’elle est à quelques semaines de déménager à Toronto avec le nouvel homme qui partage sa vie. Pourtant la correspondance finit par prendre de l’ampleur, entraînant les deux personnages dans un tourbillon inattendu.
Mon avis :J’ai l’impression que tout avis sur ce livre que je pourrai écrire serait fortement réducteur. Mais tant pis ! Il est tellement de richesse dans ce livre, tellement à lire, tellement à explorer.
Déjà, c’est un roman épistolaire moderne, mais pas que : les deux protagonistes, Pierre-Marie et Adeline échangent des emails, certains personnages secondaires aussi, mais attention, des emails construits, développés, ils en ont à dire, à se dire, pour rattraper quatre années de silence. Les emails, d’ailleurs, ne constituent pas seuls le roman, il contient des parties narratives plus classiques qui contribuent à la progression de l’action, et introduisent un autre point de vue sur le récit.
Pierre-Marie et Adeline sont les héros d’un précédent volume, Et je danse, que je n’ai pas lu, parce que j’ai découvert son existence en progressant dans ma lecture. Sa lecture aurait-elle changé quelque chose ? Je ne sais pas, mais j’ai fortement apprécié ce roman !
Pierre-Marie, Adeline. Pierre-Marie a fait une énorme erreur en quittant Adeline. La vie a continué pour elle, et elle a construit « quelque chose » de son côté. Pierre-Marie a lui vécu un « grand malheur » qui en est vraiment un, malheureusement. Il se relève à peine de ce qu’il a vécu, et c’est là qu’il recontacte Adeline, pour un prétexte futile. Tout est bon, après tout, pour renouer le fil de leurs échanges.
Et il est renoué. Nous avons même les brouillons des mails non envoyés – parce qu’ils n’existent pas de touche « oups » pour ramener au bercail un mail parti trop tôt, sans que l’on ait bien réfléchi à son propos. L’intrigue ne traîne pas, et si nous en savons plus, parfois, que l’autre personnage, il finira par être au courant aussi – les non-dits, les secrets, ne sont bons pour personne.
Livre avec vampires aussi, un vrai, celui qui vous ôte toute votre énergie, toute votre volonté, qui vous prive de votre force vitale bien plus qu’une maladie – alors si la maladie devait se trouver là, n’en parlons pas. Il est des personnes qui irradient, qui apportent du bonheur autour d’eux, qui aident à voir claire, à chercher ce qui est bien. Il en est d’autres qui sont d’autant plus effrayants qu’ils me questionnent : sont-ils conscients que tout ce qu’ils font n’est pas normal ? Oui, sans doute : pour manipuler, pour enfoncer, pour souffler le chaud et le froid à ce point, il faut véritablement savoir ce que l’on fait.
Et l’écriture ? Pierre-Marie est un écrivain qui n’écrit plus, qui ne parvient plus à écrire, et à qui son éditeur a une forte envie de botter les fesses. En quoi la vie et l’écriture s’imbrique-t-elle ? Le récit montre que l’écriture, la vraie, n’est pas la transposition du réel, mais sa réinvention. A méditer.