Qui je suis
Edition Mazarine - 400 pages
Présentation de l’éditeur :
Hattie Hoffman a passé sa vie à jouer de nombreux rôles : la bonne élève, la bonne fille, la bonne petite amie. Mais Hattie rêve d’autre chose, quelque chose de plus intense… et qui se révèle extrêmement périlleux. Lorsqu’on découvre son corps sauvagement poignardé, une redoutable onde de choc traverse la ville de Pine Valley.
Très vite, il apparaît que Hattie entretenait une relation secrète, hautement compromettante et potentiellement explosive. Quelqu’un d’autre était-il au courant ? Et dans ce cas, jusqu’où cette personne était-elle prête à aller pour mettre fin à cette relation ?
Mon avis :
J’ai eu la chance de lire ce livre en avant-première, et je dois dire que ce n’est pas plus mal, parce que cela m’a laissé le temps de décanter les impressions de lecture.
Bien sûr, nous savons dès le début qu’Hattie – diminutif d’Henrietta – a été assassinée, le doute a persisté peu longtemps. Cependant, nous savions aussi qu’elle avait l’intention de marquer les esprits avant de quitter définitivement Pine Valley. Comment est-on passé de cette jeune fille déterminée à ce cadavre ? Là est toute la question auquel le lecteur n’aura pas trop de tout le livre pour répondre.
D’ors et déjà, j’ai trouvé Del, le shérif, sympathique. Hattie, il la connaît bien. En fait, il connaît bien tout le monde et n’a pas l’intention de laisser un crime impuni. Il sait obtenir ce qu’il veut, pousser un témoin (pour ne pas dire un suspect) dans ses retranchements sans pour autant se transformer en inspecteur Harry de campagne : une volonté de fer sous des dehors bourrus. J’ai préféré les chapitres racontés de son point de vue, et j’ai vraiment eu du mal quand on est passé à un autre narrateur.
En effet, ce roman est un récit choral, dans lequel alterne les voix de l’enquêteur, d’Hattie et de Peter, le personnage que j’ai le moins apprécié. Certes, j’ai compris certaines de ses réactions. De l’autre côté, le fossé qui s’est creusé entre lui et sa femme est si grand que je me dis que les causes de leur incompréhension mutuelle ont dû commencer bien avant. Et même si je ne suis pas proche de Mary Beth, l’épouse de Peter, je comprends le choix qu’elle fait de rester auprès de sa mère gravement malade, à l’endroit où elle a grandi et où elle a été heureuse. Parce que oui, on peut être heureux à Pine Valley.
Mais pas Hattie, qui a toujours été celle que les autres voulaient qu’elle soit, et qui, finalement, quand elle a voulu être véritablement elle n’en a pas eu le temps. Oui, ce roman est triste, désespérant presque, parce qu’il montre à quel point il est facile de gâcher sa vie, ses talents. La violence peut se déployer partout, rapidement, même dans un endroit aussi paisible que Pine Valley – en apparence, du moins. Mention spécial pour le personnage de Winifred, cette vieille femme qui a tant vécu qu’elle apparaît comme l’être le plus hors-norme de la région, et le plus à même d’apporter du réconfort aux autres.