My absolute darling
Edition Gallmeister - 453 pages
Présentation de l’éditeur :
A quatorze ans, Turtle Alveston arpente les bois de la côte nord de la Californie avec un fusil et un pistolet pour seuls compagnons. Elle trouve refuge sur les plages et les îlots rocheux qu’elle parcourt sur des kilomètres. Mais si le monde extérieur s’ouvre à elle dans toute son immensité, son univers familial est étroit et menaçant : Turtle a grandi seule, sous la coupe d’un père charismatique et abusif. Sa vie sociale est confinée au collège, et elle repousse quiconque essaye de percer sa carapace. Jusqu’au jour où elle rencontre Jacob, un lycéen blagueur qu’elle intrigue et fascine à la fois. Poussée par cette amitié naissante, Turtle décide alors d’échapper à son père et plonge dans une aventure sans retour où elle mettra en jeu sa liberté et sa survie.
Mon avis :
Ce livre est dense, touffu, étouffant. Un livre qui, tant que l’on ne se plonge pas dedans, pourrait sembler banal.
C’est l’histoire d’une gamine, élevée seule par son père. Une gamine sous l’emprise d’un manipulateur mental, parce qu’elle n’a connu que cette situation. Ce n’est pas qu’ils sont seuls au monde, c’est qu’il l’a maintenue seule au moindre. Ce n’est pas qu’elle ne voit pas comment s’en sortir, c’est qu’elle n’a pas conscience qu’elle puisse vivre une autre vie que celle-là. Turtle est littéralement enfermée sur elle-même, avec des principes, des valeurs qui lui sont inculqués par la violence, physique, morale, souvent insoutenable. J’en ai pourtant lu, des livres, j’ai rarement vu des personnes sous l’emprise d’une autre aussi bien décrite. Sans démonstration, sans effet de manche, nous voyons comment Martin parvient à esquiver toutes les personnes qui, à un moment ou à un autre, aurait pu se préoccuper du sort de Turtle. Elles ne sont pas si nombreuses, à vrai, parce qu’il donne juste ce qu’il faut, dans sa posture de père préoccupé de sa fille unique en échec scolaire.
L’amour, l’intérêt, un abandon apporte une modification dans la vie de Turtle, un point de bascule qui lui signifie que son existence peut être autre puisqu’elle prend conscience de l’anormalité de celle-ci, même s’il lui faudra un vrai regard rétroactif pour parvenir à se rendre compte de l’emprise qu’elle a subi. Jacob, ce jeune lycéen qu’elle a croisé au cours de ses pérégrinations dans les forêts de la Californie du Nord. Au passage, oubliez tout ce que vous connaissez des clichés sur la Californie. La nature est belle, la nature est riche, la nature est cruelle : la somptuosité des descriptions cache mal à quel point elle peut l’être. Jacob et Turtle pourront le dire, entre autre chose.
Premier roman, littérature américaine, ce roman se joue des étiquettes pour être, à mon avis, un des événements littéraires de cette année 2018.