Jeanne Hébuterne
Tartamudo Editions – 2017 – 136 pages
Note de l’éditeur
Beaucoup connaissent le personnage sulfureux qu’était Amedeo Modigliani, certains connaissent son oeuvre, peu ont entendu parler de Jeanne Hébuterne, sa dernière compagne.
Jeanne Hébuterne... Celle qui a silencieusement glissé ses 19 ans dans le fond de la scène, en arrière plan, comme pour s'excuser d'être là... Combien d'entre nous savons ce que Jeanne a vécu réellement aux côtés de ce peintre singulier ?
Jeanne est une artiste, elle aussi. Son oeuvre, aux tendances cubistes, fait preuve d'une force surprenante pour une si jeune fille. Elle mérite qu'on s'attache à son destin hors des lignes, qu'on se penche un instant sur ce qu'elle a à nous dire, à nous murmurer dans un souffle... éphémère…
Mon avis
Je ne lis pas souvent des BD ou pas assez à mon goût. Ce roman graphique est une petite merveille de par le texte mais aussi par la réussite du graphisme.
Je connaissais de nom l’auteure pour ses albums jeunesse dont la poésie était très présente, ici avec ce sujet au combien intéressant mais également complexe à traiter ; l’histoire est connue, elle a été maintes fois racontée, filmée et il y a un mythe Modigliani.
Mais qui sait vraiment le drame de cette femme qui perd tout en perdant Modigliani, quitte à se perdre elle même en se défenestrant enceinte de son second enfant. Cette complainte est traitée avec grand talent par l’auteure. C’est une ode à la poésie qui est continuellement présente dans la BD. Poèmes de Baudelaire, Lautréamont, Musset et chansons de l’époque, présence des artistes du début du XXème, Soutine, Utrillo, Fujita, Picasso, Matisse, Derain, etc.
Lentement mais sûrement Modigliani entame sa descente entraînant avec lui sa compagne, qui, bien trop effacée dans l’ombre du génie, se fane telle une fleur chère à Ronsard.
Le dessin est gigantesque de sûreté, le trait remarquable de précision, les personnages sont tels que peints par Modigliani ou par Hébuterne elle même. Nadine Van der Straeten réussit la gageure de faire coïncider ses dessins aux traits de Modigliani. On reconnaît dans le graphisme des personnages la façon dont le peintre aurait pu les dessiner. Ça et là on trouve des reproductions d’oeuvres de Modigliani dessinées par l’auteure. Le dessin de Van der Staeten est d’un dépouillement modiglianesque.
C’est beau, c’est très beau.
Un grand coup de coeur.
A lire sans modération.
5/5