Crimes en toutes lettres
Edition Jean-Claude-Lattès - 368 pages.
Présentation de l’éditeur :
Alors qu’Hercule Poirot rentre chez lui après un déjeuner fort agréable, il découvre une femme très en colère devant sa porte. Elle s’appelle Sylvia Rule et demande à savoir pourquoi Poirot l’a accusée du meurtre de Barnaby Pandy, un homme qu’elle ne connaît pas et qu’elle n’a jamais rencontré. Elle est furieuse et sous le choc, tout comme Poirot, d’ailleurs, qui ne connaît pas non plus le monsieur en question. Une deuxième surprise attend Poirot dans son bureau où il retrouve John McCrodden, qui lui annonce avoir, lui aussi, reçu une lettre ce matin-là, signée par Poirot et l’accusant du meurtre de Barnaby Pandy…
Poirot s’interroge alors sur l’identité de ce mystérieux expéditeur. Combien de lettres ont ainsi été envoyées de sa part ? Et, plus important encore, qui est ce Barnaby Randy et a-t-il bien été victime d’un meurtre ?
Mon avis :
Hercule Poirot est accusé ! De quoi, au juste ? Non, pas de meurtres, il ne faut pas non plus exagérer, ce serait pousser trop loin la réécriture de ses enquêtes. Il est accusé d’avoir accusé quelqu’un de meurtres, ou plutôt, quatre personnes du même meurtre, excusez du peu. Si l’on connaît un temps soit peu le petit détective belge, on sait qu’il n’est pas du genre à accuser, comme ça, dans des lettres qui manquent terriblement de méthodes. Le pire est qu’il lui est très difficile de se faire entendre par certaines personnes, ce qui est cependant sûr est qu’il va, forcément, se mettre à enquêter. Pas forcément résoudre un meurtre que personne n’a déclaré comme tel, et surtout pas la police. Non, il s’agit pour lui de savoir, de déterminer qui peut se cacher derrière ses lettres anonymes, et qui peut avoir intérêt à semer le trouble dans l’esprit de ces quatre personnes, qu’aucun lien ne semble unir de prime abord.
Le roman n’est pas désagréable à lire, loin de là. Il m’a fait penser à toutes ses réécritures autour de Sherlock Holmes. On en manquait un peu du côté d’Agatha Christie, si ce n’est des œuvres qui la mettent en scène elle, dans sa jeunesse, et dans des œuvres de littérature jeunesse, justement. Je me demande d’ailleurs quand un éditeur se saisira de la jeunesse de Miss Jane Marple, qui a semé suffisamment d’éléments dans les enquêtes concernant sa biographie pour qu’elle puisse être partiellement reconstituée, partiellement imagée. Le problème est que ce livre est une réécriture, et que je suis certaine qu’Agatha Christie n’aurait jamais construit son intrigue ainsi. Tout simplement parce qu’il est des thèmes qu’elle n’a jamais abordés, du moins de cette manière, dans ces romans. Je pense, notamment, à celui de la peine de mort. Je pense aussi, dans une autre mesure, à sa tendresse pour ces personnages de vieille fille, ou encore au dynamisme qu’elle a su insuffler, au fil de son œuvre, à ces jeunes femmes prêtes à conquérir leur indépendance, aux antipodes des héroïnes de Patricia Wentworth, par exemple. Oui, l’avidité, les rancœurs, les jalousies prennent naissance dans les familles, et il n’y a pire haine que celle que l’on éprouve pour une personne que l’on voit tous les jours. Il n’y a pire, aussi, que de s’obstiner – la vengeance a encore de beaux jours devant elle, surtout si elle ronge, dévore complètement la vie de la personne qui l’éprouve. L’amour, même sincère, même désintéressé, peut faire commettre des erreurs. La vengeance en est toujours une, quoi qu’il arrive.
Un roman à lire, à condition d’oublier les modèles qui ont présidé à sa création.
Oui, j’ai presque oublié le personnage du policier que sa mère contraint à rencontrer une prétendante au titre d’épouse. Il faut dire que j’ai trouvé e nouveau narrateur très fade, même à la place d’Hastings ou de Japp, l’inspecteur qui a toujours épaulé Hercule Poirot.