LE VERDICT
Nick Stone
Gallimard – Série Noire – 2018 – 710 pages
Résumé éditeur :
Après une jeunesse pour le moins erratique, Terry Flint s'est marié, a eu deux beaux enfants et occupe depuis quelques mois la fonction de greffier chez KRP, un gros cabinet d'avocats. Un soir, alors qu'il est seul au bureau, il répond à un appel qui ne lui est pas destiné et se voit ainsi désigné par l'associée en charge des affaires pénales pour la seconder dans un procès pour meurtre qui promet d'être retentissant.
Vernon James, tout juste élu « manager éthique » de l'année, est accusé d'avoir assassiné une jeune femme dans la suite de l'hôtel qu'il occupait après la remise de son prix. Mais ce que ne sait évidemment pas Janet, la supérieure de Terry, c'est que lui et Vernon ont été les meilleurs amis du monde, avant que Vernon n'anéantisse l'existence de Terry... Pour ne pas perdre son boulot, Terry décide de ne rien dire. Mais sera-t-il capable de remplir sa mission sans se laisser submerger par son passé et son ressentiment ? Fera-t-il vraiment tout ce qui est en son pouvoir pour dénicher les preuves de l'innocence de leur client ? Au point même de mettre sa vie et celle de sa famille en danger ?
Mon avis :
Vernon James, élu personnalité éthique de l’année, reçoit son prix dans un hôtel où il a réservé une suite. Pendant son discours il aperçoit au premier rang, juste en face de lui, une sublime femme dans une robe verte. Elle le regarde avec insistance. Il lui faut cette femme !
Cette très jolie femme, Fabia, le suit dans sa suite mais cela ne se passe pas tout à fait comme Vernon (VJ) l’aurait souhaité. Elle le maltraite, le bouscule, il se défend, ils explosent le minibar, elle le quitte en lui barbottant sa Rolex au passage, il s’endort dans le canapé de la suite.
A son réveil on découvre une jeune femme morte, assassinée, dans la chambre de VJ. Ce n’est pas la même, ce n’est pas Fabia.
VJ se déclare innocent du meurtre de cette personne. Le hic c’est que bon nombre de gens l’on vu en sa compagnie et même dans des postures où l’on pourrait supposer qu’ils étaient intimes.
Pour la défense de VJ, c’est le cabinet KRP qui est choisi avec comme greffier des avocats, principal et remplaçant, Terry Flint qui est un ancien très bon ami de VJ et également camarade de Cambridge.
Terry hait ce type à qui il doit sa décadence et son renvoi de Cambridge.
C’est l’enquête et le procès que nous conte, ici, Nick Stone.
J’ai été très impressionné par ce livre que j’ai aimé avoir en main, par son épaisseur, son élégance et la sobriété. La photo de couverture, une perruque d’avocat anglais, vu de dos sur un fond sombre. C’est classe et pas uniquement l’extérieur, le contenu aussi est classe. Il est des livres qui vous prennent et vous emmènent de par leur intérêt et la fascination que vous leur portez tellement l’action vous possède. Ce fut mon cas. De la première page à la dernière. Pourtant il s’en passe des choses et une enquête préliminaire peut ne pas être très intéressante, pas ici. Il est possible de se perdre dans les détails qui peuvent être fastidieux, ce n’est pas le cas dans ce bouquin. Pour nous permettre de respirer, l’auteur, intelligemment nous amène à découvrir la vie familiale de Terry, son épouse, ses enfants avec leurs soucis quotidiens, boulot, école…
L’histoire est contée logiquement, dans le temps avec, certes, quelques retours dans le passé des protagonistes, ce qui est normal pour la compréhension des personnages. Parlons-en des personnages, brossés qu’ils sont, chacun dans son domaine. Le boss du cabinet d’avocats impressionne, c’est normal c’est le boss. L’enquêteur est pervers, tordu, ancien taulard, magouilleur, copain d’alors du boss, écorché vif mais grand sentimental comme je l’attendais. L’avocate principale est malade, en phase terminale, elle tiendra le coup pendant le procès, son dernier qu’elle ne veut en aucun cas perdre, grande dame et talentueuse au possible dans un langage châtié, sa plaidoirie et ses contre-interrogatoires sont des modèles du genre. La famille de Terry est irréprochable, lui pas tout à fait, c’est un grand cachotier, pas menteur mais pas diseur.
Le récit est le liant de ces personnages et ma foi c’est du béton.
Puisque c’est le titre du bouquin, le verdict, bien entendu, revêt une importance pour tous, ces personnages petits ou simples complices ont tous un intérêt dans le dénouement qu’il soit blancs pour les uns ou noirs pour les autres. Là, il est un peu dommage que N. Stone n’ait pas un peu étayé mais nous serions partis pour mille pages. Il n’empêche que des détails, pour le bien de l’histoire, sont gérés de façon magistrale, tels que la Rolex par exemple ou la robe verte entre autres.
A noter au passage une bonne description des événements d’août 2011 en Angleterre.
Nick Stone n’a pas cherché la complication, son écriture est limpide, claire, pas sophistiquée ce qui n’est pas toujours le cas dans les polars juridiques (je sais, je fréquente), élégante, jamais vulgaire mais la langue est toujours juste en fonction de celui qui parle.
Voilà un livre que j’ai bien aimé, que j’ai apprécié lire dans sa longueur et que je recommande même à ceux que le genre ne tente pas.
5/5
B