Les loups de Belleville
édition French Pulp – 249 pages.
Présentation de l’éditeur :
Les loups sont entrés dans Paris…
Quand un de ses potes se fait dessouder, Nestor Burma l’a plutôt mauvaise.
Alors il décide de reprendre l’enquête de Niki Java, son ami journaliste, histoire de connaître la vérité.
Et quand Burma commence à crier au loup, il est de bon ton de faire profil bas chez les néo-fascistes…
Mon avis :
Ce livre est la deuxième écriture moderne du personnage de Nestor Burma que j’ai lue. Cette nouvelle série a été écrite avec l’accord de Jacques Malet, fils de Léo, et ce qui me frappe comme dans ma première lecture est que l’esprit du personnage est respecté, tout en étant modernisé.
L’histoire commence pourtant assez mal pour Nestor : son ami journaliste Niki Java est mort et il se rend à son enterrement. Note : les scènes d’enterrement sont particulièrement casse-gueule, j’ai parfois l’impression que les personnes qui les écrivent ne sont jamais allées à un enterrement. Et bien là, croyez-moi, j’y étais, à cet enterrement, peut-être aussi parce qu’il était hors-norme (tous les enterrements le sont, sauf dans les films ou les séries télévisées) et que la soeur de Nikki a bien l’intention que justice soit rendue à son frangin. Parce qu’il a été assassiné, Niki, elle en est certaine, et cela ne va pas se passer comme ça, non mais ho ! Nestor a un peu des doutes, lui aussi, sur le fait que la jeune femme en question soit bien la soeur de Niki mais un fait lui fait comprendre que seule un membre de la famille de Niki pourrait réagir ainsi ! Et notre détective n’est pas au bout de ses surprises. Non, parce que, attendez, vous ne pensez quand même pas que Nestor va rester là, les bras ballants, et ne pas enquêter sur l’assassinat probable de son ami ? Surtout, vous pensez qu’il ne reprendra pas à son compte l’enquête que menait Nikki, et qui a sérieusement raccourci ses jours ? Ce serait franchement méconnaitre Nestor Burma !
Cette enquête est fortement ancrée dans l’actualité, celle qui est très vite oubliée parce qu’un sujet chasse l’autre, parce qu’il est « nécessaire » de maintenir de bonne relation avec nos voisins, surtout si l’on souhaite commercer avec eux tranquillement. Qui se souvient encore de l’assassinat de trois militantes kurdes à Paris en 2013 ? Peu de personnes. Tout la lumière n’a pas été faite sur ces morts. Si ce livre ne reprend pas cette affaire, il s’inspire fortement du contexte politique dans lequel ces meurtres ont eu lieu.
Oui, il n’y a plus de guerre en Europe depuis longtemps. Officiellement. On oublie tous celles qui ne disent pas leur nom, celles à qui on ne veut pas donner de nom. Nestor se retrouve impliqué dans cette affaire non pas malgré lui, mais parce qu’il est toujours impliqué pour défendre les droits de ceux que l’on bafoue, que ce soient des hommes ou des femmes, comme ici. Attention ! Il ne s’agit pas de présenter un monde manichéen, et de présenter les femmes comme des êtres toujours angéliques. Il en est au moins une qui ne veut que le confort, des privilèges, le pouvoir, et est prête à piétiner tout le monde autour d’elle pour conserver cette situation. Il est des femmes qui, après avoir été brisées, se reconstruisent, se renforcent, et sont prêtes à livrer bataille. Il n’est pas, dans cette intrigue, de personnes qui laissent indifférents, pas de personnages moyens, mous, mal construits. Ils sont tous nettement caractérisés, déterminés – à quoi ? La poursuite du récit nous le dira. Ce n’est pas un roman tiède que nous avons entre les mains.