Mes vacances à Morro Bay
Edition Fayard - 144 pages
Présentation de l'éditeur :
On ne s’attendrait pas, spontanément, sous le soleil du littoral californien, à trouver une crêperie picarde où un spécialiste mondial de Baudelaire serait en charge de préparer la soupe à l’oignon. En Amérique, tout est possible, dit-on. Ou serait-ce que, en vacances plus ou moins forcées, l’esprit libre et l’œil ouvert, Paul Jorion se soit simplement rendu disponible aux rencontres les plus étonnantes, aux situations les plus inattendues ? Car sans doute jamais le mot « vacances » ne retrouve-t-il un sens plus proche de son origine étymologique que quand on est contraint de les prendre sans les avoir planifiées, dans un pays de rêve, certes, mais sans projet. On s’invente des aventures, on magnifie des conversations sans lendemain, mais on mesure chaque jour un peu mieux le peu de place qu’on occupe dans le vaste monde. A moins que, bien sûr, au hasard d’une séance chez une dentiste…
Mon avis :
Vous me direz que le titre est de circonstance, et bien, presque !
C’est vraiment par curiosité que j’ai voulu découvrir ce roman autobiographique de Paul Jorion – il est bien le « je » qui parle. Paul Jorion est un sociologue et anthropologue, auteur belge de nombreux essais sur l’économie. Il tient aussi un blog, et ces « vacances » est son premier roman.
Pourtant, à le lire, j’ai peu vu l’aspect romanesque. Loin de moi d’aller vérifier l’exactitude de ce qui est narré sur sa vie sentimentale mouvementée, et ses difficultés à voir ses enfants. Le texte est parsemé de références littéraires (Bukowski, Kerouac), de réflexions, sur l’ambition, sur la vieillesse, sur le rapport avec les parents, et aussi sur le changement de comportement après leur décès. Il est question de vie amoureuse aussi, et j’admets avoir souvent perdu le fil entre les différentes ex-compagnes de l’auteur et les enfants qu’il en a eus, dont au moins un vit aux États-Unis.
Roman court, aux objectifs bien circonscrits : raconter ses cinq jours de vacances, avec un prologue (chez sa dentiste) et un épilogue (chez sa dentiste, à nouveau). Nous avons presque là un récit à la manière de tous ses grands modèles américains. Il nous conte toutes, de ses rencontres minuscules, de ses coïncidences étonnantes, de ces familles recomposées ou à recomposées, de tous ceux que l’on peut croiser aux Etats-Unis qui ne sont pas ou peu américains, de l’idée que l’on se fait aussi des USA. Il parle aussi, des classes sociales, des loisirs qui siéent de pratiquer ou pas quand on est universitaire (à bas le karaoké) ou des idylles amoureuses que l’on parvient à nouer. J’ai d’ailleurs aimé la manière dont l’auteur/narrateur tire sa révérence à la fin du livre. En effet, l’auteur manie une certaine distance par rapport à ce qu’il vit, ce qu’il raconte, et la manière dont il se considère ne manque pas d’humour, lui qui veut devenir « le saint patron des vieux qui ne savent pas vieillir ».
A vous te voir si vous voulez vous rendre avec lui à Morro bay.