Meurtres à Atlanta
Edition Stock - 180 pages
Présentation de l’éditeur :
Entre 1979 et 1981, vingt-huit enfants, tous âgés entre 7 et 16 ans, tous noirs, tous issus de familles pauvres sont assassinés à Atlanta, Géorgie, dans le Sud profond des États-Unis. En juin 1981, un Noir de 23 ans, Wayne Williams, est arrêté pour le meurtre de deux hommes. C’est le suspect idéal. Et c’est lui qui sera jugé, puis condamné à la prison à vie pour le meurtre des vingt-huit enfants, sans aucune preuve tangible.
Quand James Baldwin, qui s’est toujours senti du côté des plus faibles, est invité à écrire un livre sur les meurtres de ces enfants, il accepte. Après une enquête menée sur place, quatre ans après les événements, Baldwin ne conclut ni à la culpabilité de Williams, ni à son innocence. L’essentiel est ailleurs.
Le drame d’Atlanta agit en effet à la manière d’un révélateur et montre la limite des conquêtes du mouvement des droits civiques. Baldwin décrit une société déchirée par la haine et la peur, par la hantise raciale.
Trente-cinq ans après sa première publication, ce texte n’a rien perdu de sa force ni de sa modernité. Ni, tragiquement, de son actualité.
Mon avis :
Comment se fait-il que ce livre ne soit pas plus connu en France ? Paru pour la première fois en 1985, il est aujourd’hui édité à nouveau par Stock. J’ai envie de vous dire : ne lisez pas mon avis, lisez le, lui !
Cet essaie parle de meurtres, à Atlanta, en Georgie, un état qui tint un rôle important dans la guerre de Sécession, côté sudiste. UN homme,noir, fut condamné pour deux meurtres, mais surtout, un homme noir qui fut implicitement accusé de la mort de vingt-huit enfants, sans que l’enquête soit suffisamment approfondie pour prouver qu’il était bien le coupable – voire même pour trouver LE coupable.
Point commun de tous ces morts ? Ils étaient tous noirs, ils étaient tous pauvres, et leur mort n’a pas suscité beaucoup d’intérêt. Leur mort n’a pas bouleversé l’économie locale, elle n’a pas entraîné une psychose, elle a eu loin des quartiers où vivent les Blancs.
personne ne protège les pauvres, ils doivent se défendre eux-mêmes. Les pauvres n’existent pour les autres que comme une gêne, une menace, une occasion de faire du fric ou une œuvre missionnaire ou parfois l’envie de faire une bonne action sincère. « les pauvres, vous les aurez toujours avec vous », disait le Christ. Soit, mais vous les voyez rarement et ne les écoutez jamais.
Ce n’est pas tant l’enquête qui est reconstituée, que ses errances, ses erreurs, les peurs qu’elle engendra, les idées reçues qu’elle fait ressurgir. Le procès est inclus aussi, sans oublier le procès, implicite, fait à la famille de l’accusé – cet homme qui n’avait pas réussi, aux yeux de la société, à devenir pleinement un homme. Cette affaire est le point de départ d’une réflexion sur la condition des Noirs, aux Etats-Unis mais aussi dans le monde entier, mais aussi sur la pauvreté. A une époque (les années 80) où beaucoup pensaient que les droits des Noirs avaient nettement progressé, James Baldwin montre, démontre que ce n’est pas du tout aussi évident qu’on le pense – du point de vue des Blancs. Oui, ce livre contient de profondes réflexions sur le racisme, la culture, les droits que les Blancs octroient à tous les autres (ou pas), les droits que les Blancs s’octroient de se mêler des affaires des autres, d’aller rendre ce qu’ils estiment être la justice, ailleurs, dans n’importe quel autre pays tant que cela correspond à leurs intérêts économiques. Les USA se présentant comme sauveurs du monde, cela ne date pas d’aujourd’hui, et James Baldwin montre bien que cela continuerait : il ne s’était pas trompé.
En lisant cet essai, j’ai pensé aux discours de certains hommes politiques, discours fortement orientés – parce que l’Histoire est écrite, toujours, par les Blancs :
L’Histoire est un hymne aux Blancs écrit par des Blancs. Nous autres, tous les autres, avons été « découverts » par les Blancs, qui détiennent le droit de nous laisser entrer ou non dans l’Histoire.
Un essai remarquable.
Edition Stock - 180 pages
Présentation de l’éditeur :
Entre 1979 et 1981, vingt-huit enfants, tous âgés entre 7 et 16 ans, tous noirs, tous issus de familles pauvres sont assassinés à Atlanta, Géorgie, dans le Sud profond des États-Unis. En juin 1981, un Noir de 23 ans, Wayne Williams, est arrêté pour le meurtre de deux hommes. C’est le suspect idéal. Et c’est lui qui sera jugé, puis condamné à la prison à vie pour le meurtre des vingt-huit enfants, sans aucune preuve tangible.
Quand James Baldwin, qui s’est toujours senti du côté des plus faibles, est invité à écrire un livre sur les meurtres de ces enfants, il accepte. Après une enquête menée sur place, quatre ans après les événements, Baldwin ne conclut ni à la culpabilité de Williams, ni à son innocence. L’essentiel est ailleurs.
Le drame d’Atlanta agit en effet à la manière d’un révélateur et montre la limite des conquêtes du mouvement des droits civiques. Baldwin décrit une société déchirée par la haine et la peur, par la hantise raciale.
Trente-cinq ans après sa première publication, ce texte n’a rien perdu de sa force ni de sa modernité. Ni, tragiquement, de son actualité.
Mon avis :
Comment se fait-il que ce livre ne soit pas plus connu en France ? Paru pour la première fois en 1985, il est aujourd’hui édité à nouveau par Stock. J’ai envie de vous dire : ne lisez pas mon avis, lisez le, lui !
Cet essaie parle de meurtres, à Atlanta, en Georgie, un état qui tint un rôle important dans la guerre de Sécession, côté sudiste. UN homme,noir, fut condamné pour deux meurtres, mais surtout, un homme noir qui fut implicitement accusé de la mort de vingt-huit enfants, sans que l’enquête soit suffisamment approfondie pour prouver qu’il était bien le coupable – voire même pour trouver LE coupable.
Point commun de tous ces morts ? Ils étaient tous noirs, ils étaient tous pauvres, et leur mort n’a pas suscité beaucoup d’intérêt. Leur mort n’a pas bouleversé l’économie locale, elle n’a pas entraîné une psychose, elle a eu loin des quartiers où vivent les Blancs.
personne ne protège les pauvres, ils doivent se défendre eux-mêmes. Les pauvres n’existent pour les autres que comme une gêne, une menace, une occasion de faire du fric ou une œuvre missionnaire ou parfois l’envie de faire une bonne action sincère. « les pauvres, vous les aurez toujours avec vous », disait le Christ. Soit, mais vous les voyez rarement et ne les écoutez jamais.
Ce n’est pas tant l’enquête qui est reconstituée, que ses errances, ses erreurs, les peurs qu’elle engendra, les idées reçues qu’elle fait ressurgir. Le procès est inclus aussi, sans oublier le procès, implicite, fait à la famille de l’accusé – cet homme qui n’avait pas réussi, aux yeux de la société, à devenir pleinement un homme. Cette affaire est le point de départ d’une réflexion sur la condition des Noirs, aux Etats-Unis mais aussi dans le monde entier, mais aussi sur la pauvreté. A une époque (les années 80) où beaucoup pensaient que les droits des Noirs avaient nettement progressé, James Baldwin montre, démontre que ce n’est pas du tout aussi évident qu’on le pense – du point de vue des Blancs. Oui, ce livre contient de profondes réflexions sur le racisme, la culture, les droits que les Blancs octroient à tous les autres (ou pas), les droits que les Blancs s’octroient de se mêler des affaires des autres, d’aller rendre ce qu’ils estiment être la justice, ailleurs, dans n’importe quel autre pays tant que cela correspond à leurs intérêts économiques. Les USA se présentant comme sauveurs du monde, cela ne date pas d’aujourd’hui, et James Baldwin montre bien que cela continuerait : il ne s’était pas trompé.
En lisant cet essai, j’ai pensé aux discours de certains hommes politiques, discours fortement orientés – parce que l’Histoire est écrite, toujours, par les Blancs :
L’Histoire est un hymne aux Blancs écrit par des Blancs. Nous autres, tous les autres, avons été « découverts » par les Blancs, qui détiennent le droit de nous laisser entrer ou non dans l’Histoire.
Un essai remarquable.