Sur Tchekhov
les éditions du Rocher – 211 pages.
Présentation de l’éditeur :
Le Tchékov d’Ivan Bounine constitue l’hommage d’un écrivain à un autre écrivain, qu’il admire parmi tous les autres et qui fut, en outre, l’un de ses meilleurs amis. Intime de Tchékhov de 1895 à sa mort en 1904, Ivan Bounine donne dans cet ouvrage un texte tout à fait original qui tient de la biographie, mais également de l’essai littéraire.
On y découvre un Tchékhov méconnu par le public français, aussi bien du point de vue personnel que de celui de la création littéraire. Ainsi Bounine place-t-il très haut le Tchékhov auteur de nouvelles, alors qu’en France ce sont ses écrits pour le théâtre qui fondent sa célébrité.
À la fois intime et pudique, savant et modeste, le Tchékhov de Bounine est un grand livre, en tous points digne de deux des plus grands auteurs russes modernes.
Mon avis :
La biographie n’est pas un genre que j’apprécie énormément, parce qu’il est rare pour moi de trouver une biographie qui soit aussi dotée de qualités littéraires. Parmi les exceptions, je compte Marie-Antoinette de Stefan Zweig – et pour le remarquable travail de recherche aussi. Je ne compte plus les déceptions, je n’ai même pas envie d’en dresser la liste.
Ce livre est une exception, un livre rare, un livre écrit par un très grand écrivain pour rendre hommage à un écrivain qu’il admire profondément, qu’il a eu la chance de connaître, pour lequel il veut aussi rendre justice, parce que beaucoup ne la lui rendent pas, donnent une image fausse de cet homme qui a vécu plusieurs vies, qui n’a pas assez pris soin de la sienne, qui a écrit des pièces de théâtre et des nouvelles, pas assez connues en France. Il faut bien le dire : ce genre littéraire est malheureusement très déprécié en France.
Plus qu’une biographie, il s’agit de partage : se rappeler tous ces moments privilégiés passés avec Tchékhov, fils et frère aimant, mari souffrant (sa femme avait aussi de lourds soucis de santé), écrivain qui ne pensait pas que son oeuvre lui survivrait longtemps. Ecrivain russe, il souffrait de l’état de la littérature de son pays, il était inquiet quand il voyait les différents courants littéraires qui émergeaient et ne lui annonçaient rien de bon, sans doute aussi parce qu’ils étaient le reflet de la société russe.
Ivan Bounine parle des liens qu’il avait tissé avec l’auteur, de leurs correspondances. Il parle aussi de la famille d’Anton Tchékhov, famille dont l’auteur était très proche.
Une oeuvre émouvante.