Le mur de l'Atlantique
Les éditions du Rocher - 176 pages
Présentation de l’éditeur :
La narratrice, qui vit à Londres, passe une semaine de vacances chez ses parents en Charente-Maritime. Une dernière fois, elle veut se rendre dans la maison, tout juste vendue, de sa grand-mère. Cette ultime visite et ce bref séjour au bord de l’Atlantique la ramènent sur les chemins de l’enfance. Elle tourne les pages des albums photos de famille, se souvient de son grand-père Valentino, immigré italien, maçon et ouvrier agricole ; de la quête d’un vieux fort réputé impénétrable ; de l’estuaire du fleuve tout au bout des marais… Sans oublier cet horizon sauvage : l’île Madame. Le récit, d’une infinie élégance, a le charme d’une balade balnéaire. Les époques se mêlent avec délicatesse, reprennent vie et nous restituent le plus précieux des parfums, celui d’un temps suspendu.
Mon avis :
Le mur de l’atlantique est un roman calme et contemplatif. Ce roman court prend le temps, à une époque où l’on ne le prend pas vraiment, de poser le cadre, de décrire, de se souvenir aussi. La narratrice est revenue en France pour dire adieu à sa maison d’enfance, celle de sa grand-mère, en Charente-Maritime. Sur les lieux, elle se souvient, des souvenirs heureux, des bonheurs simples avec son frère, dans la maison, dans le jardin, dans ces anciens bâtiments qui vont sans doute être détruits par le nouveau propriétaire, dans des lieux pittoresques, propice à leur imaginaire, comme ils l’avaient été, des années plus tôt, à celui de son père, de son oncle, de ses tantes.
La narratrice retourne dans le passé, par le biais de ces petits morceaux de temps arrêté que sont les photos. Son grand-père, Valentino, sa grand-mère sont venus d’Italie, ayant construit leur vie et leur famille en France. Il est question d’immigration oui, mais aussi de transmission, de ces valeurs que l’on enseigne à ses enfants, par delà le départ du pays natal. Ces retour dans le passé nous rappelle aussi la vie quotidienne de cette population active des années cinquante, active mais oubliée, qui était constituée d’ouvriers, de journaliers. Oui, en dépit de la scolarisation obligatoire, et ce, depuis des décennies, il était encore possible de ne savoir ni lire ni écrire, comme Vincent, ouvrier agricole dormant « au milieu des sacs d’orge et d’avoine. » Les enfants eux-mêmes devaient accomplir leur part de travail à la ferme – futurs successeurs de leurs parents, dans l’esprit des patrons. Oui, l’on parle d’ascenseur social, mais l’on n’oublie que certains n’avaient pas envie de voir d’autres s’élever. Constat pessimiste que je fais en passant, dans ce roman qui nous montre la France de l’après-guerre, les séquelles laissés sur le territoire français par la guerre – les blockhaus, les batteries en béton, vestiges du mur de l’Atlantique qui donne son titre à ce roman.
A découvrir.