La punition qu'elle mérite
Editeur : presse de la cité
Nombre de pages : 672
Présentation de l’éditeur :
Ludlow, bucolique bourgade du Shropshire, tombe dans l’effroi lorsque le très apprécié diacre Ian Druitt est accusé de pédophilie. Placé en garde à vue, le suspect est retrouvé mort, pendu. La commissaire Isabelle Ardery, qui a été dépêchée sur les lieux depuis Londres et qui se débat avec ses problèmes d’alcool, a bien envie de classer l’affaire en suicide. Mais c’est sans compter la sagacité du sergent Barbara Havers. Coachée à distance par l’inspecteur Thomas Lynley, la Londonienne gaffeuse et accro à la nicotine flaire le pot aux roses : et s’il ne s’agissait pas d’un suicide ? N’en déplaise à Isabelle Ardery, Lynley et Havers vont reformer leur duo de choc pour observer de plus près la vie de cette petite ville qui semblait si paisible. Car, derrière leurs allures de gentils retraités ou d’étudiants fêtards, les habitants de Ludlow ont tous quelque chose à cacher…
Mon avis :
Quatorze ans. Oui, quatorze ans que je n’ai pas lu un roman d’Elizabeth George : je le sais, je travaillais encore dans mon ancien collège quand je l’ai lu ! Ce sont donc des retrouvailles avec des personnages que je n’ai pas vu depuis longtemps.
Il s’en est passé, des événements, dans leur vie. Barbara Havers, toujours aussi brut de décoffrage, est à deux doigts de se faire muter au fin fond de l’Angleterre après sa dernière insubordination en date – respecter les ordres, si cela ne permet pas de faire progresser les règles, très peu pour elle. Cette nouvelle affaire sera donc l’occasion pour elle de prouver qu’elle est capable de rester dans les clous. Malheureusement pour elle, ce n’est pas Linley qui l’accompagne dans sa mission, mais Isabelle Ardery. La commissaire ne peut pas sentir Havers. Elle est de plus empêtrée dans ses problèmes personnels, et ne rêve que d’une chose pour sa vie professionnelle : réussir à faire muter Barbara le plus loin possible, avec Linley si possible.
Leur mission est quasiment une enquête pour ce qu’en France nous nommerions les boeufs carottes : un homme s’est suicidé dans sa cellule après avoir été accusé de pédophilie. Son père ne peut croire qu’il s’est suicidé, lui qui était croyant et respecté dans son église. Bien sûr, vous me direz que tous les pères croient leur fils innocent. Cependant, certains petits faits gênent Barbara, pas pour l’enquête de pédophilie – les deux femmes n’en sont pas chargées – mais au sujet de la procédure qui a conduit Ian Druitt en prison. La manière d’agir de certains témoins est particulièrement étonnante, certains se livrent sans problème, d’autres ont recours à des chemins de traverse assez étonnants.
L’enquête est assez longue à se mettre en place, et il faut vraiment s’accrocher pendant le premier quart du roman pour poursuivre sa lecture. Nous sommes au fin fond de l’Angleterre, nous découvrons, finalement, la vie quotidienne de ses personnes loin de la capitale. Nous découvrons aussi un fait qui remet tout ou presque en cause. Fin de la première partie, et début de la véritable enquête, si j’ose dire, avec cette fois-ci Linley et Havers au commande.
La réussite de leur mission provient de leur parfaite connaissance l’un de l’autre – ce qui, si vous vous souvenez du premier tome de leurs aventures, n’était franchement pas gagné. De leur parfaite connivence aussi : ils sont capables de jouer un parfait duo, sachant parfaitement leur rôle respectif, capable de monter un interrogatoire, presque une scène de théâtre, dans le but d’amener le témoin là où ils souhaitent l’amener. Leur but est simple, finalement : la justice et la vérité. Pas si facile, quand certaines personnes font tout pour que l’on n’y arrive pas.
En effet, si l’on réfléchit bien, quoi de plus révoltant qu’une accusation de pédophilie chez un homme qui travaillait au contact des enfants ? Sauf qu’aucune enquête n’a été réellement mené et que tous les parents d’enfants contactés disent à quel point tout allait bien, à quel point les conseils donnés étaient utiles. Oui, je spoile un peu, mais Ian Druitt était un hyperactif du dévouement à autrui, impliqué dans de multiples associations, y compris la très peu religieuse stérilisation des chats errants, une personne qui n’en contactait une autre que parce qu’elle avait un lien avec l’une ou l’autre de ses associations. Alors ???
Il est question, aussi, du lien parent/enfant, parce que nous allons en croiser, des familles dysfonctionnelles, dans ce roman. Pour reprendre, en la modifiant un peu, une phrase que j’ai entendue un jour, ce n’est pas ce qu’ils font qui est le pire, c’est ce qu’on les croit capable de faire. A ce sujet, ma préférence va vers le jeune Finn, soutien inconditionnel post-mortem de Ian Druitt, au look de rebelle improbable, amateur de boissons fortes, nanti d’une mère ayant un poste à responsabilité dans la police et d’un père… et bien disons qu’il est toujours très amoureux, et très dépendant de sa femme.
Un roman très intéressant, pour ceux qui ont la patience de lire un pavé de 672 pages.