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2 participants

    PESSAN, Eric

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    Message  Nina Lun 1 Aoû 2011 - 21:55

    Incident de personne.
    édition Albin Michel - 310 pages

    Présentation de l'éditeur :

    Dans un train immobilisé en rase campagne entre Paris et Nantes à la suite d'un « incident de personne » (un suicide), un homme, qui revient de Chypre en ayant tout perdu, raconte sa vie à l'inconnue assise à côté de lui. Il lui parle de la nostalgie et de la mélancolie, évoque les fantômes de l'enfance, ponctuant son récit des vies de personnages magnifiques - le Japonais qui convainc les candidats au suicide de ne pas se jeter du haut des falaises, le Chypriote qui offre au narrateur la douille de la balle qui a servi à assassiner son frère.
    Il raconte tranquillement, sans emphase, sans colère, et la jeune femme l'écoute, ne pose que de rares questions. Pendant ces heures d'attente dans la nuit, quelque chose se tisse entre eux. Mais bientôt, le train repart...
    Eric Pessan nous entraîne dans un roman intelligent, subtil, et d'une belle humanité. Le romancier ici nous parle de son propre chagrin en nous racontant « d'autres vies que la sienne".

    Mon avis :

    Ce livre a un point commun avec Le coeur régulier : ce japonais qui voue sa retraite à sauver des candidats au suicide, personnage indispensable du roman d'Olivier Adam, est ici évoqué. Une manière de dire aussi pour moi que j'ai nettement préféré le livre d'Olivier Adam.

    J'ai trouvé Incident de personne trop bavard. C'était un parti pris de narration : le long monologue intérieur du narrateur, suivi d'un dialogue avec sa voisine - difficilement repérable, car les codes du dialogue ne sont pas respectés. J'ai eu l'impression de lire cet exercice de style trop souvent, comme si les moindres pensées d'une personne, ses moindres commentaires (sur un voisin indiscret, un enfant qui pleure) étaient captivants. Il est vrai aussi qu'avec ce procédé, le temps de la lecture coïncide quasiment avec le temps de la narration.

    Le narrateur anime des ateliers d'écriture. Son but n'est pas de former des écrivains, mais d'amener des gens ordinaires à mettre des phrases l'une derrière l'autre, et ces phrases, le plus souvent, révèlent des secrets trop longtemps contenus. Des années, qu'il fait ce métier, des années, que les histoires des autres le hantent. Cet incident de personne, euphémisme pour suicide, est l'occasion pour lui de libérer auprès de cette parfaite inconnue, qui l'agaçait quand elle s'est installée à ses côtés, son trop plein de mots et de se pencher plus particulièrement sur le suicide. Ce n'est pas le meilleur sujet pour un homme qui a tout perdu (la présentation de l'éditeur en révèle bien trop). Avoir transmis son fardeau à sa voisine, quasiment réduite au rôle d'oreille complaisante pendant leur brève rencontre, changera peut-être quelque chose - ou pas.
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    Message  Nina Lun 21 Juil 2014 - 11:00

    Muette.
    Édition Albin Michel - 210 pages.

    Présentation de l’éditeur :

    « La nuit, déjà, et Muette écoute vibrer les insectes, glissée jusqu’au nez dans son sac de couchage. Elle a chaud mais ne peut se résoudre à se découvrir. Dehors, dans le grand monde, des gens courent à sa recherche, elle n’a plus de doute à ce sujet. Elle y est. Elle a grand ouvert les portes de sa vie. »
    Par sa maîtrise de la langue au plus près des émotions, des impulsions et des souvenirs d’une jeune fugueuse, Eric Pessan, l’auteur d’Incident de personne, compose un roman envoûtant et d’une rare justesse pour évoquer la mue mystérieuse de l’adolescence.

    Mon avis :

    Il n’est pas facile de rédiger cet avis, non parce que je n’ai pas aimé ce livre, bien au contraire, mais parce que je risque de déborder, et de parler de choses qui n’ont rien à voir avec la littérature.
    D’Eric Pessan, j’ai déjà lu Incident de personne, que j’ai moyennement aimé. Rien de tel ici : l’auteur donne la parole à Muette, une jeune fille que personne n’écoute et qui décide de fuguer. Oh, elle ne va pas très loin, non, avec ses quelques affaires et ses maigres économies, elle se rend dans une grange, non loin de sa maison, finalement, là où elle est sûre que personne ne pensera à la chercher. Si tant est que quelqu’un la cherche.
    Le sujet de ce livre est la maltraitance invisible, celle qui ne laisse pas de traces mais qui meurtrit autant que les coups. Entre adultes, on appelle cela du "harcèlement moral". Existe-t-il un terme pour désigner ce rabaissement perpétuel que les parents font subir à Muette ?
    Muette n’a pas de prénom, ou plutôt si, elle en a un : celui de sa grand-mère, que sa mère n’a pu enterrer parce que Muette est née, avec trois semaines d’avance. Le lui a-t-on assez répété, cette histoire. Lui a-t-on assez dit du mal de sa mère, une Marie-Couche-Toi-là, une fille qui a fait mourir sa propre mère de chagrin. Ce tableau est criant de vérité, même en 2014. Il suffit juste de tendre l’oreiller, de regarder ce qui se passe dans cette France profonde, ou dans les collèges et lycées.
    [J'ouvre d'ailleurs une belle parenthèse : Muette s'étonne que sa mère ait pu tomber enceinte à notre époque, alors que les moyens de contraception existent, que des séances de prévention sont organisés dans les collèges et les lycées. Pour ma part, je répondrai par des propos d'adolescentes, qui disent que trouver l'adresse d'un planning familial et s'y rendre, c'est compliqué quand on vit à la campagne, que la contraception est peut-être gratuite, mais apparaît sur les décomptes de sécurité sociale de leurs parents. J'ajoute que, le plus souvent, ce sont les grandes soeurs qui accompagnent les petites soeurs en consultation, pas leur mère. J'ajoute aussi que de trop nombreuses émissions glorifient les mamans ados, qui a seize ans ont voulu devenir mères parce qu'elles étaient prêtes. Elles n'ont pas de travail, pas de logement, parfois plus de copains, mais sont très fières parce qu'elles ont un diplôme qui ne se dévaluera pas, un métier où il n'y a pas de chômage : maman. ]
    D’un côté, nous avons les pensées, les souvenirs de Muette, qui se succèdent très rapidement comme si elle savait que le temps lui était compté. Les souvenirs heureux, aussi, de sa toute petite enfance. Puis, tous les autres, alors que les reproches pleuvent sur elle, alors que ses parents ne font plus que se plaindre, faire les comptes, tenter de survivre – en reprochant toujours à leur fille d’être là et de leur coûter trop cher . [discours toujours audible en 2014 de la part de certains parents]. En italique, les fameuses petites phrases assassines de ses parents, sa parole, toujours remise en cause.
    Savourons ces moments où Muette est libre, enfin, où elle est heureuse dans la nature qui l’entoure. Il n’y a que dans les séries télévisées grand public que ces histoires de famille trouvent une fin heureuse.
    Pinky
    Pinky
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    Message  Pinky Mar 22 Juil 2014 - 10:11

    merci Nina pour ces deux présentations, les deux livres sont notés sur mon petit carnet depuis un petit moment
    Nina
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    Message  Nina Mar 22 Juil 2014 - 19:12

    Merci Pinky pour ta visite !
    Nina
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    Message  Nina Lun 15 Jan 2018 - 18:58

    PESSAN, Eric Cvt_da10

    Dans la forêt d'Hokkaido
    Edition L'école des loisirs - 162 pages.

    Présentation de l’éditeur :

    Lorsque Julie plonge dans le sommeil, son monde bascule. L’adolescente se retrouve dans la forêt de l’île japonaise d’Hokkaido, reliée physiquement à un petit garçon de sept ans. Abandonné par ses parents, il erre seul, terrifié, et risque de mourir de froid, de soif et de faim. Quel est le lien entre Julie et l’enfant perdu ?

    Mon avis :

    Julie est une adolescente des plus ordinaires, elle a des amis, un grand frère, des parents aimants, unis, investis dans les causes auxquelles ils tiennent. Bref, tout va bien pour Julie, si ce n’est qu’elle rêve d’un jeune garçon japonais perdu en forêt, et que sa santé se dégrade au fur et à mesure qu’il doit trouver comment survivre dans cette forêt immense.
    Pourquoi communique-t-elle avec cet enfant, qui existe bel et bien ? Surtout, comment communique-t-elle ? Nous n’aurons pas véritablement de réponses, nous saurons simplement qu’elle n’est pas la seule à être concernée par ces curieuses manières de communiquer. Ce sujet est d’ailleurs secondaire dans ce livre, le premier thème concerne plutôt les liens parents/enfants, les erreurs que les parents peuvent commettre, parce qu’ils sont jeunes, fatigués, dépassés, parce qu’ils ne comprennent pas nécessairement les signaux que leur envoie leur enfant. Il est toujours facile alors, de l’extérieur, de juger après coup ces parents, qui se trouvent démunis devant ce qui n’aura pris que quelques secondes et aura des conséquences beaucoup plus longues et plus lourdes. Tout comme Clémentine Beauvais, Eric Pessan, par la voix de son héroïne évoque tous ceux qui se défoulent sur les réseaux sociaux en toute impunité : Des gens qui me répugnent parce qu’ils ont un avis sur tout, une vérité agressive à imposer au monde enter. Des gens qui n’ont rien de mieux à faire que de déverser leur haine anonyme sur Internet.Message personnel : ne jamais choisir la facilité, la vie est pleine de défis à relever, et se défouler ainsi n’est pas, mais alors vraiment pas un défi.
    Je n’ai garde d’oublier la troisième intrigue – par ordre chronologique : l’accueil des migrants, mot contre lequel s’insurge avec justesse Julie, tant il ne décrit pas la réalité. Je citerai là aussi simplement le texte : Ce qui est épuisant, c’est que les gens parlent sans savoir. Ils voient un étranger, ils pensent à un terroriste. Ils ne comprennent pas que certains migrants ont fui les mêmes terroristes qui nous menacent. Les gens se rassurent en mettant tout le monde dans le même sac.
    Dans la forêt d’Hokkaido, un roman qui nous emmène bien au-delà du thème initial.
    Pinky
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    Message  Pinky Mar 16 Jan 2018 - 9:56

    merci Nina pour cette présentation intéressante, une couverture sombre et des sujets abordés forts

    Nina
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    PESSAN, Eric Empty Re: PESSAN, Eric

    Message  Nina Mar 16 Jan 2018 - 20:52

    Merci Pinky pour ta visite.
    Oui, des sujets forts abordés sans niaiserie - un bon auteur écrit aussi bien pour les adultes que pour les enfants.

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    PESSAN, Eric Empty Re: PESSAN, Eric

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