Titre : Contes à l'envers.
Auteur : Philippe Dumas et Boris Moissad.
Editeur : l'école des loisirs
Nombre de pages : 135.
Quatrième de couverture :
une présidente de la République féministe à qui un sondage révèle qu'une certaine Blanche-Neige est plus intelligente qu'elle.... Une descendante du Petit Chaperon rouge vêtue de bleu marine qui se croit plus maligne que tout le monde, et enferme sa grand-mère dans la cage au loup du Jardin des Plantes... Un enfant maltraité par son oncle et dont chaque larme qui coule se transforme en cigarette.
Vers 1980, Philippe Dumas et Boris Moissard furent les premiers à mettre en pièces, retourner, réécrire, en un mot à pasticher les contes classiques de Grimm et de Perrault pour mieux leur rendre hommage dans un recueil qui allait devenir un best-seller.
Leur secret ? Décors et accessoirs contemporains, langue châtiée.
Souvent imités, jamais égalés, ils ont décidé de fêter leur amité et ses trente ans de bonheur en ajoutant à leurs cinq textes d'origine un inédit : Le pomier de Pomanchou.
Mon avis :
Contes à l'envers est la réjouissante récriture de contes bien connus. Les contes sont modernisés, tout en conservant leur schéma traditionnel.
Le pommier de Pomanchou, le dernier, m'a fait irrésistiblement pensé aux Trois oranges, que je faisais étudier à mes élèves. Tous les ingrédients sont là : une princesse qui dépérit. Il lui faut un remède miracle : trois pommes de Pomanchou, les célèbres pommes de Normandie. Trois frères tentent tour à tour l'aventure et c'est le troisième qui réussit à surmonter les épreuves, non pour lui, mais pour aider sa maman qui se tue à la tâche.
Les auteurs seraient-ils normands ? La belle au doigt bruyant se déroule aussi en Normandie, entre Rouen, Barentin et Le Havre. Le sortilège qui la frappe (à cause d'une vieille tante particulièrement accrimonieuse) est contrecarré non par une bonne fée mais par un oncle bricoleur de magie. Son sortilège n'est pas très au point, ses conséquences sont à mi-chemin de la catastrophe et du plus haut comique mais nous sommes avant tout dans un conte : tout est bien qui finit bien.
La belle histoire de Blanche-Neige est pour moi le conte le moins réussi, sans doute parce que, sous prétexte d'inverser les rôles, les femmes se retrouvent couvertes de défauts, tandis que Blanche-Neige n'est une jeune fille parfaite que parce qu'elle respecte les stéréotypes féminins. Pour un peu, j'aurai préféré que ce soit la méchante présidente qui gagne (encore qu'elle n'a pas tout perdu).
Le Don de la fée Mirobola est cruellement actuel, par son portrait des enfants maltraités et des adultes maltraitants : "Mr Crocheux a eu des malheurs dans sa jeunesse et les malheurs, soit ça vous rend indulgent comme saint Vincent de Paul ou le docteur Schweitzer, soit au contraire ça peut vous endurcir jusqu'à vous rendre mauvais et faire de vous un oncle dénaturé". L'Happy end a eu lieu, certes, parce que nous sommes dans un conte de fée.
Conte à rebours est sans doute le plus original de tous : le héros se trouve affligé d'une abominable malformation, il marche à l'envers. A Frask, capitale de la Boursoulavie occidentale, ce n'est pas très bien vue. Jusqu'au jour où sa vie changera du tout au tout, entre expert médical, roi dont le caractère n'a rien à envier à la reine de coeur, et une princesse qui se contentera d'une assiétée de bouillie pour son mariage. Conte à rebours ou le triomphe de l'absurde.
Le petit chaperon bleu marine est mon préféré car il démonte complètement le conte original en donnant une petite-fille au chaperon rouge, bien décidée à être aussi célèbre que sa grand-mère. Elle aura bien plus que son quart d'heure de célébrité, cette petite parisienne si adroite à utiliser les transports en commun et à se rendre aux jardins des plantes. Tout le monde s'en serait bien passé, surtout sa grand-mère, ses parents, le directeur du Jardin des plantes, le sous-secrétaire d'Etat aux vieilles gens, les parisiens, les petits enfants. Tout le monde, je vous dis. Le seul à être vraiment ravi est le loup, qui ne commettra pas les mêmes erreurs que ses aïeuls : il a bien appris sa leçon, lui.
Contes à l'envers est un recueil facile à lire, son vocabulaire et sa syntaxe est parfaitement adapté aux enfants. De plus, il est très joliment illustré, ce qui ne gate rien.
Auteur : Philippe Dumas et Boris Moissad.
Editeur : l'école des loisirs
Nombre de pages : 135.
Quatrième de couverture :
une présidente de la République féministe à qui un sondage révèle qu'une certaine Blanche-Neige est plus intelligente qu'elle.... Une descendante du Petit Chaperon rouge vêtue de bleu marine qui se croit plus maligne que tout le monde, et enferme sa grand-mère dans la cage au loup du Jardin des Plantes... Un enfant maltraité par son oncle et dont chaque larme qui coule se transforme en cigarette.
Vers 1980, Philippe Dumas et Boris Moissard furent les premiers à mettre en pièces, retourner, réécrire, en un mot à pasticher les contes classiques de Grimm et de Perrault pour mieux leur rendre hommage dans un recueil qui allait devenir un best-seller.
Leur secret ? Décors et accessoirs contemporains, langue châtiée.
Souvent imités, jamais égalés, ils ont décidé de fêter leur amité et ses trente ans de bonheur en ajoutant à leurs cinq textes d'origine un inédit : Le pomier de Pomanchou.
Mon avis :
Contes à l'envers est la réjouissante récriture de contes bien connus. Les contes sont modernisés, tout en conservant leur schéma traditionnel.
Le pommier de Pomanchou, le dernier, m'a fait irrésistiblement pensé aux Trois oranges, que je faisais étudier à mes élèves. Tous les ingrédients sont là : une princesse qui dépérit. Il lui faut un remède miracle : trois pommes de Pomanchou, les célèbres pommes de Normandie. Trois frères tentent tour à tour l'aventure et c'est le troisième qui réussit à surmonter les épreuves, non pour lui, mais pour aider sa maman qui se tue à la tâche.
Les auteurs seraient-ils normands ? La belle au doigt bruyant se déroule aussi en Normandie, entre Rouen, Barentin et Le Havre. Le sortilège qui la frappe (à cause d'une vieille tante particulièrement accrimonieuse) est contrecarré non par une bonne fée mais par un oncle bricoleur de magie. Son sortilège n'est pas très au point, ses conséquences sont à mi-chemin de la catastrophe et du plus haut comique mais nous sommes avant tout dans un conte : tout est bien qui finit bien.
La belle histoire de Blanche-Neige est pour moi le conte le moins réussi, sans doute parce que, sous prétexte d'inverser les rôles, les femmes se retrouvent couvertes de défauts, tandis que Blanche-Neige n'est une jeune fille parfaite que parce qu'elle respecte les stéréotypes féminins. Pour un peu, j'aurai préféré que ce soit la méchante présidente qui gagne (encore qu'elle n'a pas tout perdu).
Le Don de la fée Mirobola est cruellement actuel, par son portrait des enfants maltraités et des adultes maltraitants : "Mr Crocheux a eu des malheurs dans sa jeunesse et les malheurs, soit ça vous rend indulgent comme saint Vincent de Paul ou le docteur Schweitzer, soit au contraire ça peut vous endurcir jusqu'à vous rendre mauvais et faire de vous un oncle dénaturé". L'Happy end a eu lieu, certes, parce que nous sommes dans un conte de fée.
Conte à rebours est sans doute le plus original de tous : le héros se trouve affligé d'une abominable malformation, il marche à l'envers. A Frask, capitale de la Boursoulavie occidentale, ce n'est pas très bien vue. Jusqu'au jour où sa vie changera du tout au tout, entre expert médical, roi dont le caractère n'a rien à envier à la reine de coeur, et une princesse qui se contentera d'une assiétée de bouillie pour son mariage. Conte à rebours ou le triomphe de l'absurde.
Le petit chaperon bleu marine est mon préféré car il démonte complètement le conte original en donnant une petite-fille au chaperon rouge, bien décidée à être aussi célèbre que sa grand-mère. Elle aura bien plus que son quart d'heure de célébrité, cette petite parisienne si adroite à utiliser les transports en commun et à se rendre aux jardins des plantes. Tout le monde s'en serait bien passé, surtout sa grand-mère, ses parents, le directeur du Jardin des plantes, le sous-secrétaire d'Etat aux vieilles gens, les parisiens, les petits enfants. Tout le monde, je vous dis. Le seul à être vraiment ravi est le loup, qui ne commettra pas les mêmes erreurs que ses aïeuls : il a bien appris sa leçon, lui.
Contes à l'envers est un recueil facile à lire, son vocabulaire et sa syntaxe est parfaitement adapté aux enfants. De plus, il est très joliment illustré, ce qui ne gate rien.