« Le Bloc »
Editeur : Gallimard/Série Noire – 2011
Pages : 295 p.
Genre : policier/politique-fiction
Résumé quatrième de couverture :
Sur fond d’émeutes de plus en plus incontrôlables dans les banlieues, le Bloc Patriotique, un parti d’extrême droite, s’apprête à entrer au gouvernement. La nuit où tout se négocie, deux hommes, Antoine et Stanko, se souviennent. Antoine est le mari d’Agnès Dorgelles, la présidente du Bloc. Stanko est le chef du service d’ordre du parti. Le premier attend dans le salon d’un appartement luxueux, le second dans la chambre d’un hôtel minable. Pendant un quart de siècle, ils ont été comme des frères. Pendant un quart de siècle, ils ont participé à toutes les manips qui ont amené le Bloc Patriotique aux portes du pouvoir. Pendant un quart de siècle, ils n’ont reculé devant rien. Ensemble, ils ont connu la violence, traversé des tragédies, vécu dans le secret et la haine. Le pire, c’est qu’ils ont aimé cela et qu’ils ne regrettent rien. Ils sont maudits et ils le savent. Au matin, l’un des deux devra mourir, au nom de l’intérêt supérieur du Bloc. Mais qu’importe : à leur manière, ils auront écrit l’Histoire. Plus qu’un simple roman noir, Le Bloc est un roman politique qui cherche à répondre à une question de plus en plus cruciale : comment expliquer et surtout comprendre l’affirmation de l’extrême droite dans les 30 dernières années ? En plongeant le lecteur dans la tête des deux protagonistes centraux, dans une posture empathique et compréhensive à mille lieux de la critique antifasciste traditionnelle, Jérôme Leroy prend des risques. La critique, bien présente, est ici en creux, elle se dessine dans l’esprit même du lecteur sans que l’auteur ait besoin de la formuler. En décrivant le parcours de ces deux hommes, il peint un tableau général de la déliquescence politique française contemporaine : disparition progressive du PC, abandon de la classe ouvrière par une gauche socialiste « boboisé » qui se réfère plus à l’idéologie libéralo-libertaire de Mai 68 qu’à la lutte des classes, droite de plus en plus arrogante, tournée vers le business et les profits transnationaux. Leroy décrit une société française à l’agonie, une poudrière qui éclate soudainement lors d’émeutes dont tout le monde parlait mais que personne en réalité n’a vu venir. Son constat fait mouche et oblige son lecteur à reconsidérer l’espace politique qui l’entoure.
Avis :
Pour moi, à rapprocher de « Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte » de Thierry Jonquet tant l’analyse de la situation actuelle, et telle qu’elle pourrait le devenir, et de la société est bien faite.
Il s’agit de politique-fiction, un roman qui tombe à point nommé à l’heure des élections. Bien ancré dans la réalité, chacun reconnaîtra le Bloc, le « Vieux » et les références historiques, ce roman raconte le parcours de deux amis, l’un issu de la bourgeoisie et l’autre d’un milieu déshérité du Nord. Chacun jugera comme il le veut les idées décrites dans ce roman, trop politique pour, je trouve, en discuter ici, mais ce qui est intéressant c’est de voir ce qui a permis la prise de pouvoir du Bloc (une leçon peut-être pour nos politiques ?) et l’amitié entre Antoine et Stanko, ainsi que leurs parcours respectifs.
C’est un roman qui interroge, qui nous met face à la réalité et à nos propres contradictions dans une ambiance emprunte de pessimisme et de fatalisme. Un véritable roman noir.