Titre : Faute de preuves.
Auteur : Harlan Coben.
Editeur : France Loisirs.
Nombre de pages : 439
Quatrième de couverture : Wendy, célèbre journaliste dans une émission de télé-réalité, piège en direct des prédateurs sexuels. Quand elle coince Dan Mercer, tous les faits accablent cet assistant social responsable d’adolescentes en difficulté. Pire encore, il est même soupçonné de meurtre.
Pourtant, Wendy le sent, quelque chose cloche. Et si elle s’était trompée ? Si Dan était innocent ? Elle décide alors de mener sa propre enquête. Peu à peu, ses investigations m’entraînent dans le passé de Dan, à l’université de Princeton, lorsqu’il partageait sa chambre avec quatre copains inséparables…
Secrets du passé, disparitions, complots machiavéliques, manipulations sur le Net : Wendy n’aurait jamais pu imaginer tout ce qu’elle s’apprête à découvrir. Mais elle est allée trop loin. Bientôt, le danger rôde et se rapproche, inexorablement.
Mon avis : J’ai lu ce livre hier soir, d’une traite, et j’ai voulu laisser passer la nuit, afin de mieux cerner mon ressenti.
Je reconnais des qualités à ce roman : l’intrigue nous tient constamment en haleine, les rebondissements sont très nombreux et l’épilogue est pour le moins surprenant (ne le lisez surtout pas avant de commencer le livre). Il parle d’un sujet d’actualité : la traque des pédophiles. Il montre aussi les conséquences de la crise aux Etats-Unis via les membres du club des pères. Les personnages sont relativement intéressants car ils ont chacun leur part d’ombre, plus ou moins importante. J’aurai aimé que certains personnages secondaires soient davantage approfondis, comme Ariana Nasbro, au lieu de la voir simplement à travers le regard rempli de haine de Wendy.
Les personnages sont nuancés, donc, mais les nuances n’existent pas pour Wendy, la narratrice. Les gens sont bons ou mauvais, point, ils n‘ont aucune possibilité de changer, de se racheter. Au début du roman, elle est incapable d‘aller au-delà des apparences. Elle sera bien forcée d‘évoluer.
Maintenant, je trouve qu’Harlan Coben exploite toujours les mêmes thèmes. Les secrets du passé reviennent hanter notre présent (voir toute la série des Myron Bolitar) Que savons-nous réellement de nos enfants ? (Sans un mot et Promets-moi, ou encore la plupart des romans de Myron Bolitar) Après les pharm party, c’est l’alcoolisation des jeunes, parfois avec la bénédiction de leurs parents, que décrit ce roman. Il parle aussi de la vengeance (comme dans Temps mort) ou des conséquences à se faire justice soi-même (Sans un mot).
Avec la vengeance, nous trouvons son contraire, le pardon. Je n'aime pas ce concept dans un roman policier, car, dans un premier temps, il substitue un concept religieux à celui de justice. Harlan Coben nous montre comment ces personnages s'accommodent de cette notion. Pour Christa, pardonner est le résultat d‘un cheminement intime; Elle montre sa capacité à dépasser sa colère, sa haine, pour ramener les faits à leur juste mesure. Elle est le contraire des personnages vindicatifs des romans traditionnels, et ce personnage, en une seule apparition magistrale, est remarquable. Dan, lui, a cherché avant tout à se racheter et à donner un sens à sa vie.
- Spoiler:
Sa dernière phrase (un peu pontifiante ? est d'ailleurs : je vous pardonne).
Pour d’autres, pardonner revient à fermer les yeux sur l’innommable. A ce compte, chacun pourrait régler ses petites affaires entre eux, et ne pas avoir recours à la justice. Attention danger.
C’est également ce que j’ai ressenti avec Wendy, journaliste d’investigation. Je ne pense pas que ce genre de reportage serait possible en France. Wendy se substitue littéralement à la police et traque les pédophiles avec des preuves bien minces. Naïve, Wendy ? Oui, elle est tellement certaine de son bon droit qu’elle se fit à un mail anonyme, des rumeurs sur internet, et n’hésite pas à mettre en lumière un soi-disant pédophile sans que la police (la vraie) ait fait son enquête et sans que le tribunal ait rendu son jugement. C’est l’occasion pour l’auteur de montrer à nouveau les dangers d’internet, en de longues explications pesantes, comme si ces lecteurs ne savaient pas se servir des réseaux sociaux (autre point commun avec Sans un mot).
Clin d’œil à l’ensemble de son œuvre, quelques personnages phares de la série Myron Bolitar font leur apparition : Win, ex-amant de Wendy, Big Cindy, Terese Collins ou encore Hester Crimstein.
Faute de preuves reste un thriller solide, capable de tenir son lecteur en haleine, mais comme j’aimerai qu’Harlan Coben renouvèle son inspiration !