édition de L'Olivier - 314 pages.
Quatrième de couverture :
Jeremy Kumarsamy paye cher son entêtement. Handicapé suite à une blessure mal soignée, sous la menace d'une arrestation parce qu'il a agressé une autorité sportive, ce champion de badminton de niveau international a dû rentrer, après quinze ans d'absence, dans son pays d'origine, une ancienne colonie britannique. Reclus dans la maison de sa mère, il retrouve le fil de son enfance, et surtout d'un parcours chaotique fait de drames, d'échecs et de gloire. Peu à peu se dessine le destin d'un jeune homme ambitieux, en butte aux turbulences politiques de son pays et à des enjeux sportifs qui le dépassent.
Mon avis :
Il est tragique, pour moi, de me retrouver à dresser à nouveau un constat d'échec. Je suis complètement passée à côté de ce livre, et il faut que j'en démêle les raisons.
Ce n'est pas à cause du sujet, le badminton. Je ne suis pas sportive, ce qui ne m'a pas empêché d'apprécier Danbé d'Aya Cissoko et Marie Desplechin ou Je préfère qu'ils me croient mort d'Ahmed Kalouaz et pas plus que je ne m'y connais en badminton, je ne m'y connaissais en boxe ou en football. Ce n'est pas non plus la faute du style, intéressant et fluide. Le soucis est donc ailleurs.
Ce qui m'a dérangé en premier est la narration, l'alternance entre un narrateur à la première personne, Jérémy, qui raconte sa vie présente, son retour dans la maison familiale auprès d'Ivy, sa mère, et un narrateur à la troisième personne qui nous conte, de manière détachée, les souvenirs de Jeremy sur cette île, à un moment clef de son histoire : son indépendance. Là est le deuxième soucis : je n'ai rien appris d'essentiel au sujet de cette indépendance. Pourquoi le Royaume-Uni a-t-il décidé de se retirer ? Quelles conséquences pour les natifs qui, comme William Simon Kumarsamy, père du narrateur, se sont mis au services des colons ou pour les anglaises qui les ont épousés et ont fait oeuvre (de charité ?) sur l'île ? Quels sont les causes des émeutes qui ont éclaté ? Je ne le sais pas vraiment, sans doute aussi parce que le narrateur ne s'intéresse pas à grand chose, ni dans le passé, ni dans le présent. Il se souvient, oui, mais uniquement de ce qui tourne autour de sa petite personne.
S'il faut un mot pour qualifier les relations qu'il entretient avec tous les autres personnages, ce serait indifférence. Il vit à côté de sa mère, de son père, de sa tante, qu'il nomme quasi-exclusivement par leur prénom, sans rien éprouver pour eux, et sans se soucier de ce qu'ils peuvent éprouver pour lui. L'éducation donnée par son père se limite à des vociférations, à des coups, et ceci est considéré comme normal par l'un et l'autre, comme un devoir, ennuyeux, certes, quand Jérémy a eu de mauvaises notes, mais un devoir. La disparition de son père lors des émeutes ne l'inquiète pas plus que cela, les absences de sa mère, qui cherche frénétiquement son mari, non plus, et je pourrai continuer à dresser la liste de tout ce qui n'attire que l'indifférence de Jérémy, y compris ses "histoires d'amour", elle serait extrêmement longue.
Son seul intérêt dans la vie est le badminton et Albion Hall, où il a très tôt obtenu le droit de jouer à ce sport typiquement anglais. Sa passion, encore une fois, est restée trop égocentrique pour que je m'intéresse à son histoire.