Une femme seule
édition Fayard - 296 pages.
Quatrième de couverture (extraits) :
Un petit matin de janvier, au lieu-dit de L’Ermitage, Marianne Gil est réveillée par une pluie de coups frappés à sa porte. Son ami Joe, affolé, a découvert le corps sans vie d’une jeune fille derrière les granges, au fond de la propriété. Ils préviennent les autorités.
Le capitaine Francis Humbert, de la brigade de recherches de Chaumont, prend la tête des opérations. Les premières constatations révèlent que la victime a été étranglée, mais rien ne permet d’établir son identité. Qui est-elle ? Et que faisait-elle seule, dans les bois, en plein hiver ?
Mon avis :
La femme seule, qui donne son nom au titre, est Marianne Gil. Elle a connu la gloire, en étant la compagne de Marc Eden, un célèbre chanteur. Elle est toujours célèbre, sous un autre nom : Marianne Nelson. Si la célébrité est toujours là, elle vit cependant recluse à l'Ermitage, avec ses trois chevaux, se consacrant à l'écriture. La personne qu'elle voit le plus est sans doute Joe, le vétérinaire, chargé de prendre soin de ses animaux en son absence : c'est lui qui a pouliné Joyce, la jument sauvée de l'abattoir par Marianne. Aussi, la présence de cette jeune morte inconnue sur ce qu'elle considère comme son refuge va mettre à mal sa tranquillité - qui n'était que superficielle.
Marie Vindy nous plonge dans les méandres de la haute bourgeoisie, dans laquelle rien de doit sortir du cadre. Étouffante, cette atmosphère ? Non, pas du tout : la preuve en est que Marianne a cessé toute relation avec ses parents, qui sont bien à l'abri à Paris - et eux n'ont pas essayé de renouer les liens avec leur fille. La bourgeoisie de province ne vaut guère mieux, à l'image des parents de la jeune victime, contre lesquels je déverserais bien quelques piques, mais j'en dévoilerai alors trop sur l'intrigue.
Pour mener l'enquête, nous avons le capitaine Francis Humbert, et bien qu'il soit extérieur au milieu de Marianne, lui aussi étouffe dans son logement de fonction trop strict (et peut-être aussi dans son uniforme). Ceci ne va pas l'empêcher de mener l'enquête avec beaucoup de rigueur et beaucoup de précautions également. Les différentes procédures de l'enquête nous sont d'ailleurs expliquées avec soin, sans que jamais elles ne viennent alourdir le récit. C'est peu de dire que la position de l'enquêteur va s'avérer très vite délicate : il tombe amoureux de Marianne, et quoi qu'il pense, les circonstances et le déroulement de l'enquête la mette au premier rang des suspects. C'est sans doute
l'une des seules choses que je reprocherai à ce roman : mêler une romance somme toute conventionnelle à cette intrigue solidement construite. De même, j'aurai aimé que les autres enquêteurs soient davantage développé. Bien qu'ils ne chôment pas et qu'Humbert leur confie des tâches délicates ou ingrates, ils sont relégués au second plan de l'intrigue, tel Ladro, que j'aurai bien vu en véritable second d'Humbert.
Roman des secrets de famille, Une femme seule est aussi un roman sur l'apparence du regard. Voir et ne pas être vu sont deux points essentiels de l'intrigue. Marianne Gil ne veut plus être vue, alors que Marc Eden ne demande qu'à être exposé le plus possible. Certains ont détourné le regard devant certaines pratiques, d'autres ont ouvert tout grand leurs yeux pour ne pas perdre une miette du spectacle. A ce jeu, il n'y a pas de gagnant.