MAD DOGS
Rivages - 2009 - 354 pages
Présentation de l'éditeur:
« On reste plantés là. Cinq cinglés qui contemplent un cadavre.
Sans thème musical.
- Deux possibilités, dis-je. Soit on reste ici et on subit ce qu'on va nous faire...
– Soit ? demande Russell.
– On fout le camp. » Quelque part dans le Maine, au coeur des bois, se trouve un hôpital psychiatrique très particulier. C'est un lieu ultra-secret où sont internés d'ex-agents de la CIA. Ils ont été envoyés en mission dans les endroits les plus brûlants de la planète et en sont revenus à l'état d'épaves psychiques. Un après-midi, le psychiatre qui s'occupe de cinq d'entre eux est assassiné. Efficace et discret, le meurtre porte la signature de « l'Agence ». Les patients — quatre hommes et une femme — seront fatalement accusés. Le pire les attend. Leur seule option est de fuir, direction Washington DC, pour retrouver un homme qui détient, peut-être, la clé du mystère. Commence alors une cavale hallucinante et hallucinée pour ces cinq « chiens enragés »... Avec ce nouveau roman, l'auteur du célèbre Les Six Jours du Condor nous offre une brillante variation sur le thème de l'espion aux abois qui doit survivre dans un monde hostile pour faire triompher la vérité. Il n'a pas son pareil pour installer un climat de paranoïa et jouer avec les perceptions déformées de ses personnages. Mais Mad Dogs est aussi l'occasion pour Grady de poser le problème des crimes commis au nom de la raison d'Etat.
Mon avis :
Comme il est dit plus haut, oui, là, au dessus, c't'homme a écrit Les six jours du Condor. Je n'ai pas lu, j'ai vu, enfin faut être réaliste, j'ai regardé et je me suis, toujours, endormi quand Redford revient d'être allé chercher le casse-croûte et que l'immeuble et son bureau ainsi que ses collègues sont partis en fumée et je me suis réveillé ou on m'a réveillé au mot fin, idem pour la télé, Redford et fin. Mais à ma décharge je ne le savais pas quand j'ai emprunté ce chef d'oeuvre. Comme quoi livre ou film est vraiment un très vaste débat.
Il ne s'agit pas d'un roman d'espionnage ni d'un polar, quoi que, mais si peu, en soi c'est un "road movie" pour survivre et pas n'importe lequel, flamboyant dans le genre et avec l'écriture idoine. La présentation des personnages et leurs exploits ou plutôt leurs traumatismes se fait, tranquillement et au fur et à mesure de l'avancée du livre au moment où le personnage joue un rôle dans l'histoire. C'est bien fait et convaincant, la Birmanie, l'Afrique, l'Iran, Le Vietnam, chacun des protagonistes a une bonne raison d'être là où il est, dans le Maine, une prison transformée en asile psychiatrique avec un vrai psy et une fausse infirmière.
Les cinq patients traumatisés ne sont pas si dingue que ça, mais en revanche ils sont agents de la CIA et en tant que tels, rompus à tous les arts martiaux et possèdent un Q.I. au dessus de la moyenne. Aussi lorsqu'ils trouvent leur psy assassiné ils sont conscients qu'ils seront les premiers soupçonnés, aussi seul exutoire, la fuite.
Survivre ils savent tous, voler une bagnole est l'enfance de l'art, déverrouiller une porte à qui mieux mieux, leur seul hic reste qu'ils sont sous tranquillisants et ça c'est plus compliqué, alors pour en trouver ils auront une idée lumineuse que découvriront les lecteurs de ce livre.
Leur but est simple chercher et trouver une bonne âme de la Compagnie susceptible de croire leur histoire et de les réhabiliter et ce n'est pas aussi simple que cela. Plus ils avanceront plus ce sera compliqué, jusqu'à l'apothéose où le comment et le pourquoi n'auront plus aucun secret pour eux, le qui venant avec dans un final décrit avec grand talent et, ma foi, pourquoi pas, beaucoup de réalisme dans le monde dans lequel nous vivons.
La raison d'état est un rouleau compresseur qui se fiche complètement des dégâts collatéraux.
La séquence de la Shi'va à New York est un morceau de bravoure éblouissant.
Bref on l'aura compris, c'est du grand art, de la belle écriture comme je l'aime et un excellent moment de lecture que je garde dans un p'tit coin de mon intellect pour me le resservir quand je serai en manque.
Je me dis que ce ne serait pas si bête de s'essayer à la lecture du Condor. Allez savoir...
B