Fukushima de Michaël Ferrier.
édition Folio - 304 pages.
Quatrième de couverture :
«On peut très bien vivre dans des zones contaminées : c’est ce que nous assurent les partisans du nucléaire. Pas tout à fait comme avant, certes. Mais quand même. La demi-vie. Une certaine fraction des élites dirigeantes – avec la complicité ou l’indifférence des autres – est en train d’imposer, de manière si évidente qu’elle en devient aveuglante, une entreprise de domestication comme on en a rarement vu depuis l’avènement de l’humanité.» Michaël Ferrier était à Tokyo quand tremblements de terre et tsunamis ravagèrent le Japon. Il décrit la peur, le littoral dévasté, recueille le récit des témoins et victimes. Avant de partir vers la zone interdite et de tenter de cerner les causes et les responsabilités de la catastrophe nucléaire.
Mon avis :
Je commence ce billet par un avertissement : ne lisez pas ce livre avant de vous endormir, car les images que sa lecture feront naître vont hanteront dans votre sommeil. C’est dire la puissance évocatrice de ce texte.
Je ne connaissais pas Mickaël Ferrier avant la lecture de ce livre. En lisant le quatrième de couverture, je m’attendais à lire un documentaire précis, peut-être un peu froid. Fukushima est un livre qui raconte avec précision ce qui s’est passé mais pas du tout de la manière dont je m’y attendais. L’auteur nous raconte d’abord son expérience personnelle de la catastrophe à laquelle il a assisté. Il analyse avec finesse ce qu’il a ressenti. Ensuite, il choisit de s’effacer au profit des différents témoignages qu’il a recueillis, ou plutôt de ne pas fermer les yeux devant ce qui l’entouraient, de ne pas se boucher les oreilles devant ce qu’il entendait : la boue, les habitations dévastés, les logements d’infortune, les cadavres, les animaux mourants de faim car laissés à l’abandon, dans des zones « contaminés ».
Et il est impossible de ne pas penser à Hiroshima ou à Tchernobyl. Le silence. La rétention d’information, volontaire ou non (difficile de communiquer sur quelque chose qu’on ignore). La mise à l’écart des victimes, comme s’ils étaient coupables de ce qui leur arrivaient. Comme s’ils étaient plus effrayants que la catastrophe elle-même.
J’arrête ici mon compte rendu, car il me serait impossible d’égaler la poésie du style de Mickaël Ferrier.
Si vous voulez en savoir bien plus sur cette catastrophe, mais aussi sur le Japon, si vous voulez lire une véritable œuvre littéraire et non un bouquin opportuniste, lisez Fukushima.