Titre : Merci pour le chocolat.
Auteur : Charlotte Armstrong.
Editeur : Rivages.
Nombre de pages : 248.
Présentation de l’éditeur :
Vingt-trois ans après sa naissance, Amanda apprend qu’à la suite de l’erreur d’une infirmière, elle a failli être échangée avec un autre bébé né le même jour : Terry, fils du célèbre peintre Tobias Garrison. Celui-ci s’est remarié avec Ione quelques années après la mort accidentelle de la mère de Terry. Intriguée, Amanda contacte le peintre qui accepte de la recevoir.toute fraîche, avec la ferme volonté de comprendre et de survivre.
Mon avis :
J’ai découvert ce livre au salon de Saint-Maur-des fossés. J’avais apprécié le film de Claude Chabrol – sans plus – et j’étais curieuse de connaître l’oeuvre qui l’avait inspiré.
Le constat est simple : il faut se détacher du film, car le roman est plus cohérent. Dans la transposition de l’intrigue d’un milieu à un autre (le pianiste était un un peintre dans le roman), les ressorts principaux ont été perdus, et l’un des rebondissements finals disparaît. Dommage.
Retournons donc à cette intrigue qui nous plonge dans l’Amérique des années cinquante et met en scène Amanda, une jeune femme moderne, qui s’habille avec beaucoup de goût, dotée d’un amoureux qu’elle épousera peut-être. Fille unique, elle entretient des liens particuliers avec sa mère, qu’elle appelle par son prénom. Son père est mort de maladie onze ans plus tôt. Dans cette existence bien réglée, presque conventionnelle, il suffit que la cousine Edna, vieille fille toujours en quête de ragots, dévoile un secret vieux de 23 ans pour que sa vie soit déstabilisée. Mieux, alors qu’elle rencontre la famille de Tobias, l’artiste qui aurait pu être son père si les deux bébés avaient été échangés, elle voit quelque chose qu’elle n’aurait jamais dû voir : Ione, la femme de Tobias, renverse le chocolat destiné à son beau-fils. L’ayant fait analysé (pratique d’avoir un amoureux transi chimiste), Mandy découvre qu’il était empoisonné. Pourquoi ?
Autant la famille d’Amanda est conventionnelle, sur cette famille hors-norme, autant la famille Garrison est déstructuré. La première femme, Ionne, a repris sa place après le décès de la seconde, Belle, cajolant son artiste de mari, Tobias. Ionne, si parfaite, est toujours là pour prendre soin de lui, un modèle, un exemple même. Le fils de la maison a pour mère la défunte Belle (qui portait admirablement son prénom) et pour prénom Terry, qui était le nom de famille de sa mère. Dans cette maison qui est celle de Ionne plane l’ombre de la défunte Belle, dont personne ne parle pourtant, pour ne pas faire souffrir inutilement Tobias et Terry.
Dans cette ambiance feutrée, Amanda détonne immédiatement – tel un deus ex machinae, qui compromet les plans les mieux organisés. Si elle n’y était presque pour rien au départ (si ce n’est sa volonté de rencontrer le peintre), elle s’investit très vite pour contrecarrer l’assassin. Pas facile, car elle est seule contre tous, qu’ils agissent ou ignorent ce qui se trame dans l’ombre, de manière habile. Et si l’identité du coupable nous est connu, l’intérêt ne provient pas de sa découverte, mais de la manière dont il sera mis hors d’état de nuire. Ou pas. Tout est possible jusqu’au dénouement, y compris un nouveau coup de théâtre.
Merci pour le chocolat est un roman à redécouvrir.