Titre : La ferme du crime.
Auteur : Andrea Maria Schenkel
éditeur :édtion Actes Sud noir
Nombre de pages : 156 pages.
Présentation de l’éditeur :
Toute une famille fut assassinée en 1920 dans un hameau de Bavière. L’affaire n’a jamais été résolue. Andrea Maria Schenkel, à la manière de Truman Capote dans De sang froid, combinant plusieurs témoignages, reprend cette sinistre histoire pour la placer dans les années 1950.
Vaches qui s’agitent à l’étable, vent qui balaie les flocons, coins sombres derrière les granges, brouillard pesant… Tous les ingrédients de l’inquiétude sont là, dans une région catholique très dévote, sur fond d’Allemagne imprégnée de désastre.
[...]
Hanté par les voix des témoins – instituteur, curé, voisin… – le lecteur referme le livre avec un coupable quasi certain, mais le malaise perdure, parce que là-haut à Tannöd, les rancoeurs sont vives, les relations entre les individus basées sur la haine et le désir.
Mon avis :
J’aurai aimé rédiger une très belle critique sur ce livre, longue, circonstanciée, argumentée. J’ai surtout envie de l’écrire au plus vite pour m’en débarrasser.
Ceci est le premier roman de l’auteur, il fut couronné en Allemagne roman policier de l’année en 2006, et adapté au théâtre. Depuis, deux autres romans ont paru en France, tout aussi courts que celui-ci (jamais plus de 150 pages). La longueur d’une oeuvre ne fait pas sa qualité – lire Lettre d’une inconnue[/i] de Stefan Zweig, chef d’oeuvre absolu, que je vous recommande si vous ne l’avez pas lu. Seulement, voilà, ce n’est pas un billet sur Lettre d’une inconnue, mais sur La ferme du crime…
J’ai lu le roman en une heure – les chapitres sont très courts. Le procédé qui consiste à donner la parole à des personnages secondaires n’est pas très intéressant, car ils n’ont pas grand chose à nous apprendre, une fois qu’un ou deux ont témoigné. Seule la voisine qui a su rester ferme sur ses positions pendant la guerre (et même après) et la meilleure amie de Marianne sortent du lot. Sinon, je me demande encore l’intérêt de fragmenter la découverte des corps en plusieurs chapitres, très lentement, comme une caméra qui décomposerait le mouvement, pour finalement montrer que tous réagissent de la même façon (ou presque). Montrer l’hébétude devant l’horreur ? Prouver que personne ne s’intéressait réellement à cette famille, sinon les corps auraient été découverts plus tôt ?
L’adjectif qui les qualifie le mieux est sordide. Le père est monstrueux. La mère aussi – et même les coups qu’elle a reçus ne sont pas une excuse pour ce qu’elle laisse faire sous son toit, puisqu’elle y trouve son compte et ne s’en cache même pas. Son refuge est la religion – tout ce que je déteste dans la religion. Barbara, la fille, a beaucoup souffert, et fait souffrir en retour. Quant au tueur, il n’est pas besoin de connaître son identité pour savoir qu’il est abject.
Ce roman a néanmoins une qualité : il me donne envie de lire De sang froid de Truman Capote.