La femme à la mort
Edition Flamant noir – 206 pages.
Présentation de l’éditeur : LA ROCHELLE. Le commissaire divisionnaire Jacques Verdier, flic au pedigree irréprochable, s’apprête à prendre sa retraite dans six mois. Bien décidé à se la couler douce, il s’occupe des petits dossiers en cours, mais voilà qu’une touriste russe est retrouvée morte dans une chambre d’hôtel du centre-ville. C’est un suicide. Suicide tellement parfait que l’ambassade s’en mêle et classe vite l’affaire. Trop vite peut-être… Mais Verdier est de ceux à qui on ne la fait pas. Qui est cette femme ? Aucune idée. Que faisait-elle dans cet hôtel ? Pas d’information à ce sujet. Pourquoi a-t-elle fait ce voyage ? Les enquêteurs n’en savent rien. Le commissaire aimerait partir l’esprit tranquille. Il décide alors de faire appel à son vieil ami, Stan, un ex-flic aux manières peu orthodoxes. Ensemble, ils reprennent tout à zéro. Seules certitudes : l’enquête a été bâclée et le corps de la touriste est déjà dans un cercueil plombé en route pour Moscou…
Mon avis : Jacques Verdier est un policier qui prendra sa retraite dans six mois. Seulement, il a un défaut, ou une qualité, comme vous voulez : il veut que ses affaires soient en ordre avant son départ. Officiellement, tout est en ordre, et il ne pense pas qu’une nouvelle grosse affaire survienne – dans ce cas, il déléguerait. Non, il a une affaire, là, agaçante, agaçante parce qu’officiellement classée, sans aucun problème, mais elle lui reste sur l’estomac.
Pourquoi une jeune femme venue de Russie s’est-elle suicidée dans sa chambre d’hotel à la Rochelle ? Là, je convoque « l’instant psy ». Oui, si un psy s’était glissé à cet instant dans le roman, il aurait peut-être dit qu’on ne pouvait jamais savoir pourquoi une personne se suicidait. Point. Seulement, Jacques Verdier n’aime pas trop les explications psychologiques basiques, et même si son ami Stan fait plus confiance à la psychologie, il s’appuie sur les statistiques, et c’est difficile de contrer les statistiques, surtout quand on pense qu’une moyenne contient aussi en ses chiffres les deux extrêmes.
Stan, c’est un ami de Jacques. Ancien flic, mis à la retraite plus qu’anticipée, il accepte de temps en temps des missions pour aider des amis – lui vit très bien, je vous remercie. Et là, sa mission, qu’il a accepté, c’est d’amener Jacques à comprendre, y compris ce qui aurait pu échapper à ses hommes dans cette version du suicide en chambre close. Et cela ne plaît pas du tout à Jacques de penser que « ses » hommes auraient pu être induits en erreur.
Stan enquête, et, au passage, revient au coeur de sa ville, qu’il nous fait découvrir avec un regard aimant et acéré. Stan n’est plus dans le circuit, du coup, il a le droit d’activer toutes ses connaissances, d’utiliser des voies un peu détournées : la ligne droite n’est pas toujours le chemin le plus direct vers la vérité.
Ce que j’ai aimé dans ce roman, c’est la capacité de jouer avec les codes (la femme fatale, la mort en chambre close, le suicide, la vengeance aussi) et de les détourner pour tendre vers une toute autre intrigue que celle à laquelle on pouvait s’attendre. Il est toujours bon d’être surpris(e). Jacques et Stan, au vue de ce qu’ils ont découvert, ne sont peut-être pas d’accord avec moi.