Un sale livre
Edition Mijade - 130 pages.
Présentation de l’éditeur :
Une prof de français propose à ses élèves de lire « Rien, Nadir », un roman qui relate l’itinéraire de Nadir, un jeune réfugié syrien. Le sujet est dur, le ton du récit est réaliste. Le roman provoque le débat. Chaque lecteur reçoit le livre différemment. Justine le trouve trop classe, mais il choque son père. Tristan, grand lecteur, émet des réserves à son propos, mais la belle Amalia l’adore. Pour Philippe, ce roman est un sale livre. Les réfugiés syriens ne sont pas les bienvenus pour tout le monde.
« Rien, Nadir » est un livre dont aucun lecteur ne sort indemne. Il provoque le débat, chacun le reçoit différemment. Jusqu’à ce que son auteure vienne au collège pour témoigner de son terrible parcours. Jusqu’à ce que la fiction rejoigne la réalité.
Mon avis :
Qu’est-ce qu’un sale livre ? C’est en parlant de ces mots, prononcé au sujet d’un de ses livres, que ce questionnement a jailli, pour l’auteur.
Le « sale livre » dont il est question dans ce roman, c’est Rien, Nadir, un roman qu’une professeur de français propose à ses élèves. Une professeur de français peu ordinaire puisqu’elle ose partager ces coups de coeur avec ses élèves, et elle a bien raison ! Pourtant, le livre n’a rien pour plaire de prime abord à une enseignante : une auteur inconnue, un sujet qui fâche et un style au plus près du réel. Bref, de quoi se fâcher avec pas mal de monde.
Et c’est ce qui se passe ! Ou presque. Si Justine, qui a une situation familiale compliquée, adore, si Amalia est touchée par certaines pages, au point d’oser défier sa propre professeur de français qui ne ferait jamais lire un tel ouvrage, pas assez littéraire à ses yeux, Tristan, futur critique littéraire, analyse le livre posément, manière pour moi de le tenir à distance, et Philippe… Il est sans doute le personnage le plus intéressant, puisque nous savons qu’il a lu et aimé le livre, et attaquera frontalement l’auteure lors de la rencontre finale. Quelle est véritablement la position de Philippe ? Lui seul le sait !
Les parents aussi s’en mêlent, les pères surtout. Celui de Justine, qui passe son temps à rabaisser chaque membre de sa famille, est outré qu’on puisse appeler un chat, un chat. Celui de Nawal ne veut pas que sa fille lise UNE auteur, arabe de surcroît.
Les mots choquent, il est des faits bien plus choquants, que personne ne relève, et qui sont, hélas, le reflet du réel. La violence n’est pas seulement là-bas, en Syrie, elle est tout autour de nous. Comment en est-on arrivé là ? Le livre pose des questions et a le mérite de laisser le lecteur chercher les réponses lui-mêmes. Pas de discours moralisateurs policés, ce n’est pas de mise ici.
Un sale livre a aussi le mérité de nous montrer la réception d’une oeuvre, les débats qu’elle peut susciter. Les mots dérangent, les images dont on est gavé, jeunes ou moins jeunes, moins. Et l’on se prend à rêver, pour tous les Nadir du monde, un dénouement comme nous l’offre ce livre.
S’il croise votre route, n’hésitez pas à le rencontrer !