Récit d'un avocat
Edition du Seuil - 112 pages.
Présentation de l’éditeur :
En 1996, la cour d’assises du Jura condamne deux réfugiés kurdes, Ahmet A. et Unwer K., à trente ans de prison pour l’un, à la réclusion à perpétuité pour l’autre, pour faits de viol aggravé, assassinat en concomitance, tortures et actes de barbarie sur la personne d’Annie B., une jeune aide-soignante. Seize ans plus tard, le narrateur, jeune avocat souffreteux, se voit chargé par une vieille amie de porter assistance à » ce pauvre Ahmet » qui purge toujours sa peine à la prison de Clairvaux. Celui-ci craint d’être expulsé vers la Turquie après sa libération, ce qui selon lui le condamnerait à une mort certaine. Pas tout à fait sûr de ce qu’on exige de lui, notre narrateur prend connaissance du dossier, sans savoir qu’il met ainsi le pied dans une affaire qui va très vite le dépasser.
Mon avis:
J’ai beaucoup aimé ce livre, court et dense.
Nous sommes littéralement dans la tête d’un jeune avocat pas très bon, pas vraiment bardé de conviction, un avocat routinier qui se retrouve par hasard sur une affaire qui le dépasse. Non, ne vous attendez pas à le voir se battre pour obtenir la réhabilitation d’un homme condamné à tort – les coupables le sont. Le crime a été sordide et si ce « pauvre Ahmet » est un détenu modèle, il n’est pas vraiment bourrelé de remords.
Ne vous attendez pas non plus à ce qu’il milite pour la sauvegarde d’un homme qui risque gros s’il retourne dans son pays. Non, rien d’héroïque chez notre narrateur, même s’il est attachant par son incapacité à habiter sa fonction d’avocat autrement qu’en étant un gratte-papier. Il est d’ailleurs véritablement fait pour ce que l’ancienne haute magistrate attend de lui, faire des démarches, déposer les recours, se heurter à l’administration afin qu’Ahmet ne soit pas expulqer.
Il n’est pas idiot cependant, il est seulement influençable et se retrouve à faire des choses qui auront des conséquences graves. Il est toujours des conséquences graves, me direz-vous. Exact. Seulement, tout comme le narrateur, je ne connais pas grand chose à la politique en Turquie, à ce qui se passe dans les endroits les plus isolés du pays. Il en apprendra (un peu) à ses dépends.
Quant à la morale, au happy end… Il faut bien garder à l’esprit que l’on est dans un roman noir. Pour le rose, vous repasserez.