Aucune bête aussi féroce (No Beast So Fierce)
Rivages/Noir - 1973 -446 pages
Postface (ça change) :
...Max Dembo sort de prison, libéré sous condition, il essaie, sans grande conviction, de devenir honnête ; mais la vie criminelle reprend ses droits. Par une série d'actes autodestructeurs, Max conforte sa décision de devenir voleur à main armée ; il replonge dans les bas-fonds de L.A. où il se mêle à la faune des truands de bas étage. Les explosions de violence se succèdent, échappant à tout contrôle. Mais Bunker nous offre au fil des pages une vision pénétrante et stupéfiante des réflexions intimes de Max Dembo. Edward Bunker accumule les observations tant dramatiques que psychologiques. Là où il vous emmène, vous ne sortirez pas intact de votre rencontre avec Max Dembo"
James ELLROY
Mon avis :
Pour ceux qui aiment le polar noir, ils vont être servis. Bunker est à son aise, on le sent, dans ce récit. Est-ce autobiographique ? Cela y ressemble. Ce qui est sûr c'est que l'univers carcéral, les "matons", les combines et la survie, Bunker connait. En revanche tout taulard n'est pas un écrivain de cette trempe, de ce talent, un écrivain véridique, avec un style énorme et varié selon les événements. Le langage taulard, le langage flic, le langage de la rue, il connait, également.
Ce qui est étonnant et remarquable c'est que ses seules études sont la rue et la prison, on se demande, même, où il a appris à écrire et à lire.
Dembo, le personnage principal du bouquin, sort après huit ans de placard. Il est en conditionnelle. Son responsable de conditionnelle le conduit, par légèreté dans la traitance du dossier, à récidiver. La machine se met en route et, tel un rouleau compresseur, plus rien ne pourra l'arrêter. Dembo n'a qu'une règle ceux qui ne sont pas avec moi, sont contre moi. Et il vaut mieux être avec lui, sinon la bête enragée ne fait aucun cadeau, même à un ami si celui-ci faute. Il n'accorde pas de seconde chance. Il ne pense qu'à lui et toutes ses actions sont régies par cette ligne de conduite.
Les amis de ses amis sont ses amis, certes, mais la confiance est précaire, jamais entière. Le réflexe d'autodéfense est omniprésent - je ne le laisserai pas faire ce qu'il souhaite, j'agirai avant, et tant pis, rien à foutre.
Dembo nous promène dans ce qu'il y a de pire, les camés, les paumés, les voleurs, les receleurs, la lie de la société, de motel minable en motel minable, de bagnole en épave, de braquage en braquage, d'amitié en défection, de vol en assassinat...Le tout dans un style royal d'écrivain de grande écriture flamboyante et inoubliable.
Ce bouquin est tout autant comparable, sinon plus intense que De sang froid de Capote ou Le grand nulle part de Ellroy.
Inoubliable
5/5
B