Apre coeur
Edition Philippe Picquier - 384 pages
Présentation de l’éditeur :
Elles ont 7 ou 9 ans à New York. Elles s’appellent Christina, Lucy, Frangie ou Annie… Elles partagent des lits à punaises et des parents chinois qui luttent chaque jour pour les nourrir, leur payer l’école et les faire grandir dans le rêve américain. C’est leurs voix qui nous parlent, spontanées, crues, bouleversantes, elles racontent une enfance dans les marges, le racisme et la violence quotidienne, et l’amour immense des parents qui les protège et les étouffe.
Mon avis :
Apre coeur – une lecture à la fois facile et difficile.
Je commence par le plus dur : nous touchons, à cette lecture, le fin fond de la misère humaine et de la douleur, physique, morale. Ces petites filles grandissent aux Etats-Unis. Elles ont même des prénoms américains, Christina, Jenny, Annie. Elles sont américaines. Oui, mais quel prix leurs parents ont payé pour cela ? Il ne s’agit pas tant d’argent – encore que – que de tous les sacrifices qu’ils ont fait. Ils y ont laissé leur dignité, et leur santé mental aussi – je ne parle même pas de leur équilibre, encore moins de leur couple, extrêmement fragile. Oui, ils aiment leurs enfants, pas de doute, ils leur ont offert tout ce qu’ils n’avaient pas eu, avec le principal, qui tient en un mot : liberté. Oui, ils les aiment, ils ont besoin aussi que leurs enfants leur disent qu’ils les aiment, même si ceux-ci ne se souviennent pas de tout ce que leurs parents ont subi pour eux, même si leurs camarades de classe voient leur propre problème, et envient la situation de leurs amis.
Facile, parce que, même si l’écriture est âpre, les situations sordides, le lecteur a envie de savoir ce qu’il advient de ses gamines perdues dans ces Etats-Unis qui sont loin d’être le pays rêvé. La partie « envers du décor » nous envahit aussi, quand nous découvrons ce qu’a été la jeunesse de certaines mères, entre dureté et répression. La Chine comme elle a rarement été décrite.