A LA LIGNE
Feuillets d'usine
La table ronde - 2019 - 272 pages
Résumé éditeur :
À la ligne" est le premier roman de Joseph Ponthus. C'est l'histoire d'un ouvrier intérimaire qui embauche dans les conserveries de poissons et les abattoirs bretons. Jour après jour, il inventorie avec une infinie précision les gestes du travail à la ligne, le bruit, la fatigue, les rêves confisqués dans la répétition de rituels épuisants, la souffrance du corps. Ce qui le sauve, c'est qu'il a eu une autre vie. Il connaît les auteurs latins, il a vibré avec Dumas, il sait les poèmes d'Apollinaire et les chansons de Trenet. C'est sa victoire provisoire contre tout ce qui fait mal, tout ce qui aliène. Et, en allant à la ligne, on trouvera dans les blancs du texte la femme aimée, le bonheur dominical, le chien Pok Pok, l'odeur de la mer.
Par la magie d'une écriture tour à tour distanciée, coléreuse, drôle, fraternelle, la vie ouvrière devient une odyssée où Ulysse combat des carcasses de boeufs et des tonnes de boulots comme autant de cyclopes.
Résumé ventenpoupe :
J'ai rencontré Joseph Ponthus à la présentation des cinq auteurs sélectionnés pour le prix du premier roman 2019 des bibliothèques de la ville de Paris.
Lorsqu'il a parlé de son livre, de la raison pour laquelle il écrivait j'ai retrouvé, tout à fait, la voix entendu à la lecture du bouquin. C'est avec la même simplicité, la même émotion mais aussi la même détermination que J. Ponthus présente son oeuvre. On ne tourne pas autour du pot, on y va franco de port et de bon coeur, un chat c'est un chat.
Il y a une infinie tendresse lorsqu'il aborde sa relation avec son épouse et combien elle était un refuge dans la pénibilité de son travail, de même pour ces petits mongolitos qui lui ont permis de belles vacances ou ce chien Pok Pok qu'il sort après son travail, éreinté, vidé qu'il est et qui, dans le livre, nous apporte quelques lignes d'une rare beauté, d'une poésie touchante.
La forme d'écriture, sans ponctuation, apporte une connotation poétique au livre sans pour autant que l'on puisse arguer qu'il s'agisse d'un long poème. Ces feuillets d'usine, comme le précise le sous-titre, sont d'une réalité méconnue, notamment par moi, du travail et de sa pénibilité ainsi que de la précarité de l'emploi, tout autant, ici, en intérim. Trouver un intérêt par le biais de la littérature, des chansons, de la poésie comme d'une bouée de secours dans un monde déshumanisé, où la cadence importe plus que l'ouvrier, nous oblige à nous poser la question de comment ce travail est accepté par ceux qui n'ont pas ces moyens de décompression ou d'accepter un travail tel que ceux décrits.
L'auteur, après parution du livre, a vu sa mission stoppée net par la direction de l'usine. Ce qu'il considère comme une chance puisque cela lui aura permis d'accomplir son nouveau métier d'écrivain en se consacrant à ses lecteurs à travers la France des libraires.
Un livre formidable et déstabilisant.
B