Hortensia blues
Edition Palémon – 352 pages
Présentation de l’éditeur :
Un cabinet médical du centre de Rennes est décimé par un tueur en série. Lucien Workan, un commissaire de police incontrôlable toujours à la limite de l’illégalité, petit-fils de résistant va mener l’enquête au cœur de la bourgeoisie rennaise. Assisté par Leila, une jeune femme flic d’origine berbère et flanqué de son adjoint Lerouyer, Workan va dénouer les fils enchevêtrés d’une série de crimes particulièrement odieux. Avec une force de caractère incroyable, une intuition digne des meilleurs limiers et le soutien de ses adjoints, va-t-il réussir là où son supérieur et la procureur de la République en charge du dossier ne l’attendaient plus ?
Mon avis :
Il faut bien le dire : rien ne va à Rennes, absolument rien. Le commissaire Workan, qui se retrouve en Bretagne à la suite d’un accident dépendant de sa volonté et qui a malgré tout réussi à limiter la casse, se retrouve avec un meurtre sur les bras. Et un meurtre…. J’hésite sur le qualificatif. Sanglant ? Odieux ? En tout cas prémédité, largement. Qui pouvait donc en vouloir au dentiste ? Personne de prime abord. Quelques personnes ensuite. Et si l’on continue à creuser, l’on s’aperçoit que la liste s’allonge dangereusement. Il faut dire que si ce dentiste était un praticien sans soucis, avec des patients satisfaits, il avait aussi une vie sentimentale des plus mouvementée, ne résistant pas à séduire toutes les belles jeunes femmes qu’il rencontrait. Attention ! Même si le roman a quelques années, le docteur est un séducteur, pas un abuseur. Sa femme ? Elle fermait les yeux : on découvrira plus tard qu’elle-même a été sa maîtresse avant d’être sa femme, et que certaines femmes sont prêts à bien des concessions pour garder confort et respectabilité. Le meurtre n’en fait pas partie.
En revanche, ce qui était tout sauf prévu est qu’un second meurtre survienne, puis un troisième. Le commissaire Workan, à la limite de l’irascibilité, de l’insolence, du machisme presque ordinaire – ses relations avec Leila, sa jeune lieutenant, sont plus que compliquées – ne sait plus où donner de la tête puisqu’il n’a aucune piste, ou plutôt, si jamais il arrive à trouver un début de commencement de piste, elle s’efface aussitôt.
Il faut dire qu’il n’est pas aidé. Non, je ne vous parle pas de la substitut du procureur qui, l’enquête avançant, les meurtres se multipliant, a le moral dans le talon de ses bas (je cite), je ne parle pas du divisionnaire qui est prêt à recourir à des moyens complètement sanglant pour mettre fin à la série de meurtres (oui, lui aussi est à bout), je ne vous parle pas non plus des plantes vertes qui en ont assez d’être maltraitées (on ne pense pas assez aux plantes vertes), je vous parle des médecins qui font tourner en bourrique les enquêteurs en ne leur disant pas la vérité, toute la vérité. Il n’est pas question de secrets professionnels, cela, je le comprendrai parfaitement. Non, il est question plutôt de vies amoureuses et sexuelles : le commissaire Workan se contrefout (et moi avec) de leurs préférences, de leurs connivences. Il ne se contrefout pas de ce qui peut nuire à l’enquête – et plus si affinités.
Si je devais résumer l’enquête, je dirai que c’est un beau bordel en fleurs bleus, et que le commissaire a de la chance de s’en sortir, lui et les trois neurones qui sont encore en état de marche. Les autres ont été pulvérisés par les rebondissements de l’enquête, entièrement bourrée de non dits, de mensonge, de crédulité et d’obsession.