MEY, Louise

La sans-visage
édition L'école des loisirs - 202 pages

Présentation de l’éditeur :

Elle a l’air cool, cette colo : le principe, c’est qu’on bouge deux jours, et qu’on se repose le troisième. Puis on recommence, pendant deux semaines. Clara était très motivée, elle a fait 228 heures de baby-sitting pour se l’offrir ! Seulement voilà : à peine arrivée, elle comprend qu’elle ne va pas se plaire ici. Trop de sport, trop d’abrutis, trop de… tout. Sans compter ces histoires avec Éléonore. Eléonore, elle n’était même pas descendue du train que trois filles de la colo l’avaient déjà prise en grippe. Comme ça. Pour rien. Une petite insulte par-ci, un petit coup par-là… Éléonore ne dit rien, personne ne dit rien. Au début, c’est bizarre ; très vite c’est normal. Allez, encore une insulte, encore un coup… Une nuit, Éléonore disparaît. C’est normal, aussi ?

Mon avis :

Dur ? Oui. Dur à lire ? Oui aussi. Je sais qu’en commençant mon avis ainsi, je ne fais pas vraiment envie, et pourtant, c’est ainsi. Je le sais parce que je ne me suis pas « contentée de le lire, j’ai aussi fait lire ce livre à mes élèves, et nous avons rencontré l’autrice dernièrement.

Le thème central du roman, c’est le harcèlement. J’ai envie de dire le harcèlement ordinaire. Le questionnement aussi sur le harcèlement. Qu’est-ce qui fait qu’à un moment, un comportement qui aurait dû être jugé anormal n’est plus jugé anormal, qu’est-ce qui fait que des adolescents laissent faire, ne réagissent pas quand ils voient une autre ado, strictement comme eux, se faire harceler, moralement, physiquement ? L’une des réponses, c’est peut-être aussi parce que ce sont des adolescents, qui ont leur propre problème, leur propre désir aussi, et qu’ils ont déjà bien assez à faire avec eux mêmes sans penser à autrui. C’est sans doute le cas de Clara, la narratrice, ni meilleure ni pire qu’une autre. Si elle participe à cette colonie de vacances, qu’elle a en partie financé par des heures et des heures de baby sitting, c’est pour retrouver sa meilleure amie Aïssa : elle a déménagé, les deux adolescentes ne sont plus dans le même collège, et elles s’éloignent insensiblement. Nous avons tous, nous adulte, connu de ses amitiés qui s’effilochent, parce que l’on change, parce que l’on n’a plus les mêmes centres d’intérêt, parce que l’on rencontre d’autres personnes. Pour Clara, c’est la première fois, et c’est la plus difficile. Aussi, même si elle n’aime pas le sport, elle est là, pour être avec Aïssa, qui elle, s’éclate totalement, sans pour autant négliger les autres.

Non, parce que si l’on peut comprendre que les adolescents soient centrés sur eux-mêmes, on peut ne pas comprendre les adultes qui ne voient pas, qui ne font rien, qui minimisent, en dépit des blessures physiques pourtant bien réelles. Jusqu’à la rupture, qui ouvre le livre : Eléonore a disparu. Elle a disparu depuis douze heures et personne ne s’en est aperçu. Commence alors un double cheminement, celui de l’enquête, pour retrouver Eléonore (en espérant la retrouver vivante), et celui du retour en arrière, pour essayer de comprendre comment on en est arrivé là. Simple ? Non.

Un livre qui permet d’ouvrir le dialogue, et pas seulement sur le sujet du harcèlement, sur celui du suicide aussi.

Mystères et pyjamas chaussettes - tome 3 : la créature du lac
édition Nathan - 128 pages

Présentation de l’éditeur :

Camille, 10 ans, apprentie détective, chevalière en herbe et experte en fantômes, est face à un nouveau défi : survivre à tout un week-end dans un camping perdu au fin fond de la nature, en compagnie de son cousin nul, Gaspard.
Mais même à la campagne, le mystère n’est jamais loin !
Dès le premier soir, le lac du camping se met à bouillonner, alors que deux yeux rouges menaçants apparaissent sous l’eau… Quelle créature se cache sous la surface ?
Camille décide de mener l’enquête. Mais cette fois, elle est seule, sans l’aide de sa mamie-fantôme… Arrivera-t-elle à faire de Gaspard son allié et à découvrir la vérité sur le monstre du lac ?

Mon avis :

Dans ce troisième tome des aventures de Camille, celle-ci part camper un weekend avec ses deux papas, sa tante et son cousin, à son grand désespoir. Non, pas partir camper : partir avec son cousin tout mou qui, à ses yeux, ne s’intéresse pas à grand chose. Autre déception : Eglantine ne pourra pas venir avec elle. Ce n’est pas que ses deux papas ne comprendraient pas pourquoi la baby sitter de leur fille les accompagnent, c’est plutôt que, pour une fantôme, les suivre sur une si longue distance, c’est compliqué.

Camille découvre un endroit superbe, si ce n’est que les promoteurs immobiliers guettent, attendent, parce qu’Olivia, la propriétaire des lieux, a des difficultés financières, et que ce serait si simple de mettre la main sur le terrain, pour transformer ce lieu protégé, préservé (l’on pense avant tout à la nature et aux animaux qui y vivent) en un complexe immobilier moderne.

Mais (il y a toujours un mais, sinon, ce serait trop simple), un monstre se cache dans le lac. Si, si, si. Camille l’a vu. Sa présence suffira-t-il à mettre en fuite les deux prometteurs ? Rien n’est moins sûr.

Ce troisième tome nous parle de protection de la nature de manière simple, c’est à dire sans jamais être moralisateur, ou donner des objectifs inatteignable. Il est facile, si l’on y réfléchit, de prendre soin de la nature, par des gestes qui, en plus, font du bien à l’économie – ne pas laisser de lumières allumées toute la nuit, c’est respecter la faune nocturne, et aussi diminuer sa facture d’électricité. Ne pas aménager de grands complexes touristiques, c’est permettre aux vacanciers de profiter de la nature telle qu’elle est – et tant pis si l’eau est froide, c’est de saison, et si les combinaisons de plongée existent, c’est pour une bonne raison. Il montre aussi comment prendre soin des batraciens, même si ceux-ci ont une drôle de forme. Camille verra ainsi que son cousin Gaspard peut se montrer particulièrement loquace sur les sujets qui l’intéressent vraiment.

Paradoxalement, cette aventure loin de chez elle permettra à Camille de renforcer ses liens avec Eglantine. Si la fin de ce roman est partiellement ouverte, c’est aussi pour mieux permettre aux lecteurs de se faire sa propre opinion de cette intrigue, et de certaines de ses péripéties. Faire confiance aux jeunes lecteurs, leur proposer des oeuvres de qualité, c’est important.