Insoluble
édition de l'Archipel - 416 pages
présentation de l'éditeur :
Depuis l’assassinat de sa sœur (Invisible, L’Archipel, 2016), Emmy Dockery, analyste au FBI, ne cesse d’identifier des crimes impunis là où ses collègues concluent à des morts accidentelles.
À travers le pays, des sans-abri ou les personnes qui leur viennent en aide meurent sans que personne ne s’émeuve. Sauf Emmy, persuadée qu’un tueur est aux manettes. Un homme qui, selon son enquête, se déplace en fauteuil roulant.
Pendant ce temps, Citizen David défraie la chronique. Ce justicier fait sauter le siège d’entreprises qu’il estime manquer d’éthique. Ne laissant aucun mort derrière lui, il s’attire les faveurs du public. Jusqu’au jour où il fait exploser, à Chicago, un centre d’accueil pour SDF. Bilan : près de deux cents morts.
Parallèlement, l’ex-agent Harrison Bookman est chargé par une huile du FBI de surveiller Emmy, son ancienne petite amie, suspectée d’être la taupe qui livre des informations confidentielles à la presse au sujet de Citizen David. Mais quelqu’un d’autre surveille Emmy. L’observe, l’épie… Et attend le moment opportun pour frapper !
Mon avis :
Je ne suis pas embarrassée pour écrire cet avis, non, j’ai plutôt l’impression que je vais vous parler davantage des Etats-Unis que du roman en écrivant cet avis. En effet, j’ai lu ce livre en me disant que l’Amérique va mal, très mal. Je sais bien que c’est un roman, seulement un roman policier est aussi le reflet de la société qui l’a produit. Et cette société n’est pas en forme.
Prenons Emmy, par exemple. Elle a frôlé, frôle et frôlera sans doute encore la porte du FBI. Pourquoi ? Parce que cette analyste consciencieuse voit des crimes là où d’autres voient des morts accidentelles. Serait-elle à ce point obnubilé par son métier qu’elle verrait des crimes partout ? Elle a déjà prouvé qu’il y avait des crimes partout, des crimes insoupçonnés, faciles à dissimuler, notamment dans ce cas : la mort de SDF, cela inquiète qui ? Personne. Sauf Emmy. Il est même des personnes, qui sont pourtant des personnes « positives » dans ce roman, qui se rendent compte qu’elles sont pleines de préjugés envers les SDF. Point positif : au moins, elles s’en rendent compte. Mais quel cheminement pour en arriver là !
James Patterson et David Ellis ont beaucoup d’imagination, et c’est tant mieux aussi. Cela ne les empêche pas de construire une enquête solide et malheureusement possible, crédible, eu égard à des essais que j’ai lus. Oui, l’armée américaine apprend à ses soldats à tuer, froidement, sans état d’âme, et pour des personnes ayant déjà des troubles psychologiques, cela peut avoir de lourdes conséquences. Restent à déterminer si ses conséquences sont lourdes pour eux, s’ils se font mal à eux-mêmes (voir le pourcentage de vétérans américains qui sont devenus SDF, justement) ou s’ils font mal aux autres, sans état d’âme, parce que tuer, c’est facile (voir Dernier jour sur terre de David Vann).
Il y aura peut-être des lecteurs pour se dire qu’une telle intrigue n’est pas possible. Elle l’est, malheureusement. Et même si elle ne pouvait pas l’être, les deux auteurs mènent leur récit de telle manière que j’y ai cru, que j’ai été du côté d’Emmy, qui a risqué sa vie, déjà, qui en a gardé ses séquelles, et qui se questionne aussi sur ses choix. Elle ne peut pas rester sans rien faire, même si cela compromet sa relation avec son fiancé. Lui a quitté le FBI – presque quitté, parce qu’il reprend du service presque malgré lui, et comprendra, au fur et à mesure de l’enquête, pourquoi c’est à lui qu’on a fait appel.
En effet, pendant qu’Emmy enquête officieusement sur un tueur de SDF, elle doit aussi enquêter officiellement sur un poseur de bombes, Citizen David, qui veut tirer la sonnette d’alarme sur certaines pratiques discriminantes. Pour ce faire, il a choisi la méthode forte – poser des bombes – tout en faisant en sorte de ne pas faire de victime. Jusqu’à ce que…. Oui, l’enquête sera menée à bien – quoi, je spoile ? quand on lit un roman policier, cela fait partie du contrat : connaître l’identité du « coupable » – mais cela ne sera facile pour personne, parce que, pour une fois, ce n’est pas un tueur qui est pourchassé, mais quelqu’un qui ne supporte plus cette société américaine et ses inégalités. Et je rappelle que comprendre pourquoi une personne agit d’une certaine manière ne signifie ni la justifier, ni l’excuser.
Un roman prenant.
édition de l'Archipel - 416 pages
présentation de l'éditeur :
Depuis l’assassinat de sa sœur (Invisible, L’Archipel, 2016), Emmy Dockery, analyste au FBI, ne cesse d’identifier des crimes impunis là où ses collègues concluent à des morts accidentelles.
À travers le pays, des sans-abri ou les personnes qui leur viennent en aide meurent sans que personne ne s’émeuve. Sauf Emmy, persuadée qu’un tueur est aux manettes. Un homme qui, selon son enquête, se déplace en fauteuil roulant.
Pendant ce temps, Citizen David défraie la chronique. Ce justicier fait sauter le siège d’entreprises qu’il estime manquer d’éthique. Ne laissant aucun mort derrière lui, il s’attire les faveurs du public. Jusqu’au jour où il fait exploser, à Chicago, un centre d’accueil pour SDF. Bilan : près de deux cents morts.
Parallèlement, l’ex-agent Harrison Bookman est chargé par une huile du FBI de surveiller Emmy, son ancienne petite amie, suspectée d’être la taupe qui livre des informations confidentielles à la presse au sujet de Citizen David. Mais quelqu’un d’autre surveille Emmy. L’observe, l’épie… Et attend le moment opportun pour frapper !
Mon avis :
Je ne suis pas embarrassée pour écrire cet avis, non, j’ai plutôt l’impression que je vais vous parler davantage des Etats-Unis que du roman en écrivant cet avis. En effet, j’ai lu ce livre en me disant que l’Amérique va mal, très mal. Je sais bien que c’est un roman, seulement un roman policier est aussi le reflet de la société qui l’a produit. Et cette société n’est pas en forme.
Prenons Emmy, par exemple. Elle a frôlé, frôle et frôlera sans doute encore la porte du FBI. Pourquoi ? Parce que cette analyste consciencieuse voit des crimes là où d’autres voient des morts accidentelles. Serait-elle à ce point obnubilé par son métier qu’elle verrait des crimes partout ? Elle a déjà prouvé qu’il y avait des crimes partout, des crimes insoupçonnés, faciles à dissimuler, notamment dans ce cas : la mort de SDF, cela inquiète qui ? Personne. Sauf Emmy. Il est même des personnes, qui sont pourtant des personnes « positives » dans ce roman, qui se rendent compte qu’elles sont pleines de préjugés envers les SDF. Point positif : au moins, elles s’en rendent compte. Mais quel cheminement pour en arriver là !
James Patterson et David Ellis ont beaucoup d’imagination, et c’est tant mieux aussi. Cela ne les empêche pas de construire une enquête solide et malheureusement possible, crédible, eu égard à des essais que j’ai lus. Oui, l’armée américaine apprend à ses soldats à tuer, froidement, sans état d’âme, et pour des personnes ayant déjà des troubles psychologiques, cela peut avoir de lourdes conséquences. Restent à déterminer si ses conséquences sont lourdes pour eux, s’ils se font mal à eux-mêmes (voir le pourcentage de vétérans américains qui sont devenus SDF, justement) ou s’ils font mal aux autres, sans état d’âme, parce que tuer, c’est facile (voir Dernier jour sur terre de David Vann).
Il y aura peut-être des lecteurs pour se dire qu’une telle intrigue n’est pas possible. Elle l’est, malheureusement. Et même si elle ne pouvait pas l’être, les deux auteurs mènent leur récit de telle manière que j’y ai cru, que j’ai été du côté d’Emmy, qui a risqué sa vie, déjà, qui en a gardé ses séquelles, et qui se questionne aussi sur ses choix. Elle ne peut pas rester sans rien faire, même si cela compromet sa relation avec son fiancé. Lui a quitté le FBI – presque quitté, parce qu’il reprend du service presque malgré lui, et comprendra, au fur et à mesure de l’enquête, pourquoi c’est à lui qu’on a fait appel.
En effet, pendant qu’Emmy enquête officieusement sur un tueur de SDF, elle doit aussi enquêter officiellement sur un poseur de bombes, Citizen David, qui veut tirer la sonnette d’alarme sur certaines pratiques discriminantes. Pour ce faire, il a choisi la méthode forte – poser des bombes – tout en faisant en sorte de ne pas faire de victime. Jusqu’à ce que…. Oui, l’enquête sera menée à bien – quoi, je spoile ? quand on lit un roman policier, cela fait partie du contrat : connaître l’identité du « coupable » – mais cela ne sera facile pour personne, parce que, pour une fois, ce n’est pas un tueur qui est pourchassé, mais quelqu’un qui ne supporte plus cette société américaine et ses inégalités. Et je rappelle que comprendre pourquoi une personne agit d’une certaine manière ne signifie ni la justifier, ni l’excuser.
Un roman prenant.