Celle qui parle aux corbeaux
édition du seuil- 432 pages
Présentation de l’éditeur :
Toute sa vie, Kerry Salter a cherché à éviter deux choses : sa ville natale et la prison. Mais son grand-père se meurt et la police du Queensland la soupçonne de complicité dans un cambriolage. La jeune aborigène remonte donc sur sa Harley, direction Durrongo, sa rue principale, son pub, son ennui, ses sauvages normaux blancs… et sa famille fantasque. Car, entre sa mère qui tire les cartes dans les foires, son frère, sorte de koala géant alcoolique, et son neveu mal dans sa peau qui se rêve en baleine, Kerry aura fort à faire. D’autant que le maire entreprend de construire une prison sur la terre sacrée des Salter : la magnifique île d’Ava où leur ancêtre, pourchassée par les Blancs, s’est réfugiée pour y accoucher. La guerre entre l’édile corrompu et la famille Salter sera féroce.
Mon avis :
J’ai aimé lire ce livre, je le conseille fortement, mais c’est sans doute parce que j’ai aimé le lire que je n’ai pas envie de le décortiquer.
Il se dégage une force et une puissance intenses de ce récit.
Brutal ? Rude ? Oui ! Parce que ce qui a été vécu par les générations d’aborigènes est rude et brutal, que ce soit les grands-parents (Pop), les parents (Pretty Mary) ou les enfants. Comme si cela ne suffisait pas, de jeunes enfants sont encore victimes de violence, comme Brandon, adopté par Black Superman (un des fils), toujours susceptible d’être enlevé à ses parents adoptifs si son comportement ne devient pas rapidement celui qu’on attend d’un enfant.
L’une des forces de ce récit est que le personnage principal est tout sauf sympathique de prime amour. Kerry n’a pas vu sa famille depuis un an, elle est plus ou moins en fuite, sa compagne est en prison et vient de rompre avec elle. Kerry semble tenir à deux choses : le fait d’être aborigène et de ne pas sortir avec quelqu’un qui ne l’est pas, et être lesbienne. Une forme de protection ? Peut-être. Ken, son frère aîné, lutte contre de multiples démons. Black Superman est celui qui a réussi – même s’il a morflé aussi parce qu’il est gay. Reste Donna, la sœur disparue depuis vingt ans, et depuis vingt ans, Pretty Mary, leur mère, se demande dans quel coin de terre repose sa fille – ou bien si elle respire encore.
Kerry, disons bien les choses, ne voit pas tout, ne comprend pas tout, et pour elle, quand la parole se libérera enfin, ce sera comme si tout ce qu’elle avait vu, et pas forcément bien interprété, trouvait enfin son véritable sens. Rude, encore une fois.
A vous de voir si vous souhaitez découvrir ce roman.