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INDRIDASON Arnaldur
Nina- ML
- Message n°53
Re: INDRIDASON Arnaldur
Betty
206 pages.
Présentation de l’éditeur :
Dans ma cellule je pense à elle, Bettý, si belle, si libre, qui s’avançait vers moi à ce colloque pour me dire son admiration pour ma conférence. Qui aurait pu lui résister… Ensuite, que s’est-il passé ? Je n’avais pas envie de ce travail, de cette relation. J’aurais dû voir les signaux de danger. J’aurais dû comprendre bien plus tôt ce qui se passait. J’aurais dû… J’aurais dû… J’aurais dû…
Maintenant son mari a été assassiné et c’est moi qu’on accuse.
Maintenant son mari a été assassiné et c’est moi qu’on accuse.
Mon avis :
Arnaldur Indridason est bien sûr l’auteur des enquêtes d’Erlendur. Il est aussi l’auteur de romans noirs, dont ce magistral Betty.
Il est difficile de parler de ce roman, il faut vraiment le lire pour apprécier le talen, magistral, d’Indridason. Le lecteur, dès les premières pages, croient en savoir beaucoup : le narrateur, qui aime Betty, se trouve en prison, la police l’accuse d’être coupable du meurtre du mari de Betty, Tomas, un riche homme d’affaires. Qu’y a-t-il à dire de plus, si ce ne sont les circonstances du meurtre ? Beaucoup.
Le récit alterne le présent, en prison, et le passé, de la rencontre avec Betty jusqu’à ce que passé et présent se rejoignent. Le choix d’un narrateur à la première personne, forcément subjectif, clamant à la fois son amour et son innocence ne peut que modifier la perception qu’a le lecteur de cette histoire. De plus, le narrateur, mutique sauf dans ses longs monologues intérieurs, se trouve confronté à d’autres personnes, les enquêteurs, bien sûr, mais aussi son avocat, les psychiatres, et même sa mère, qui est venue lui rendre visite, pour tenter de renouer les liens après des années de brouille. De là, émerge un autre récit, d’autres visions de cette affaire, qui montre aussi à quel point la perception du narrateur peut être brouillée par ses émotions, et pas seulement par son amour.
Bien sûr, il y a le coup de théâtre qui survient au milieu du récit. Je ne l’ai pas vu venir, je ne pense pas être la seule dans ce cas. Il permet vraiment de voir la suite du roman autrement, et, contrairement à maints coups de théâtre qui ressemblent davantage à des tours de magie, celui-ci est totalement crédible. Le tout est vraiment de résister à la tentation d’expliquer en quoi il change bien des choses à notre propre perception de l’intrigue – et à celles des enquêteurs, au sens large du terme.
Betty, un livre à lire pour tout ceux qui hésitent encore à découvrir l’oeuvre d’Indridason.
Pinky- M
- Message n°54
Re: INDRIDASON Arnaldur
merci Nina pour cette présentation intrigante, je le note dans mon petit carnet
Ratdebibliotheque- ML
- Message n°56
Re: INDRIDASON Arnaldur
Les nuits de Reykjavik
260 pages
Résumé :
Dans Les nuits de Reykjavik, l'écrivain islandais propose de revenir aux débuts dans la police du commissaire Erlendur, le personnage fétiche de ses dix précédents bouquins...
Le romancier islandais ébauche son personnage fétiche, qui fut d'abord ce jeune policier hésitant, enquêtant dans l'ombre auprès de témoins sans révéler son identité. Les fondations sont solides, comme l'est la carrure du héros. Indridason installe son archétype de policier, pas le genre flambeur ni démonstratif mais opiniâtre et développant déjà cette empathie à l'égard des laissés-pour-compte des grandes enquêtes de la crim islandaise...
Tout est en germe ici, sans éclat ni trait forcé. Comme le personnage qu'il décrit, l'auteur ne prise pas les effets ni dans l'intrigue ni dans l'écriture. S'il recule dans le temps, il avance dans la construction de son oeuvre romanesque avec une simplicité reposante et une constance qui rassérène. (Françoise Dargent - Le Figaro du 5 février 2015)
L'Islandais Indridason revient sur les débuts de son flic fétiche...
Erlendur est un inconsolable sans larmes, un endeuillé ambulant, ses enquêtes sont autant de quêtes. Il est un flic qui ne supporte pas qu'une mort demeure inexpliquée, qui n'accepte de classer une affaire qu'une fois que tout doute est levé. La notion de devoir outrepasse chez lui largement la conscience professionnelle, pour muer en mission-rédemption, l'antirésilient est investi d'une obligation morale vis-à-vis de toute victime, aussi obscure soit-elle...
On assiste à un face-à-face, où l'écrivain se collette avec son personnage fétiche, et c'est assez saisissant. Car Arnaldur ne fait pas de cadeau à Erlendur, le porte et le démonte à la fois, à sa drôle de façon, cette sécheresse bizarrement poignante. (Sabrina Champenois - Libération du 19 février 2015)
Arnaldur Indridason revient sur les débuts de son héros. Il en dresse un portrait intime, infiniment sensible, empreint d'une poésie douloureuse qui touche au coeur et à l'âme. (Michel Abescat - Télérama du 18 février 2015)
Dans ce beau livre - le treizième traduit en français -, Indridason brosse le portrait d'un homme qui sait déjà qu'il n'échappera plus à ses obsessions, éternellement à la recherche des disparus, dans une certaine «mélancolie familière». Loin des auteurs en panne d'inspiration, prêts à jouer le jeu du préquel, le romancier livre sans doute l'un de ses meilleurs romans. (Christine Ferniot - Télérama du 19 mars 2015)
Mon avis :
C'est la première fois que je lis cet auteur, j'ai toujours peur de ces romanciers scandinaves qui traînent en longueur et aiment s'appesantir sur les descriptions.
Dans ce roman policier, ce n'est pas le cas. Certes, il y a quelques descriptions mais très brèves. On est dans l'action à chaque moment, pas un instant de répit.
Erlendur est un policier qui a une très grande conscience professionnelle. La disparition d'une femme inexpliquée et un SDF, pour qui il avait de l'affection, retrouvé noyé, ce sont des affaires vite classées, faute de preuves.
Mais le policier est intrigué par ces 2 cas, et va enquêter, sans le dire, sur ces 2 affaires. Il a l'intuition qu'il peut découvrir la vérité. En effet, il la découvrira à force de recherches et de personnages clés qui le mettront sur des pistes.
J'ai été agréablement surprise et pense continuer à lire cet auteur, pour voir si ses autres romans sont dans la même veine, et surtout écrits aussi rapidement, sans fioritures et descriptions longuettes.
Bref, c'est un coup de cœur.
260 pages
Résumé :
Dans Les nuits de Reykjavik, l'écrivain islandais propose de revenir aux débuts dans la police du commissaire Erlendur, le personnage fétiche de ses dix précédents bouquins...
Le romancier islandais ébauche son personnage fétiche, qui fut d'abord ce jeune policier hésitant, enquêtant dans l'ombre auprès de témoins sans révéler son identité. Les fondations sont solides, comme l'est la carrure du héros. Indridason installe son archétype de policier, pas le genre flambeur ni démonstratif mais opiniâtre et développant déjà cette empathie à l'égard des laissés-pour-compte des grandes enquêtes de la crim islandaise...
Tout est en germe ici, sans éclat ni trait forcé. Comme le personnage qu'il décrit, l'auteur ne prise pas les effets ni dans l'intrigue ni dans l'écriture. S'il recule dans le temps, il avance dans la construction de son oeuvre romanesque avec une simplicité reposante et une constance qui rassérène. (Françoise Dargent - Le Figaro du 5 février 2015)
L'Islandais Indridason revient sur les débuts de son flic fétiche...
Erlendur est un inconsolable sans larmes, un endeuillé ambulant, ses enquêtes sont autant de quêtes. Il est un flic qui ne supporte pas qu'une mort demeure inexpliquée, qui n'accepte de classer une affaire qu'une fois que tout doute est levé. La notion de devoir outrepasse chez lui largement la conscience professionnelle, pour muer en mission-rédemption, l'antirésilient est investi d'une obligation morale vis-à-vis de toute victime, aussi obscure soit-elle...
On assiste à un face-à-face, où l'écrivain se collette avec son personnage fétiche, et c'est assez saisissant. Car Arnaldur ne fait pas de cadeau à Erlendur, le porte et le démonte à la fois, à sa drôle de façon, cette sécheresse bizarrement poignante. (Sabrina Champenois - Libération du 19 février 2015)
Arnaldur Indridason revient sur les débuts de son héros. Il en dresse un portrait intime, infiniment sensible, empreint d'une poésie douloureuse qui touche au coeur et à l'âme. (Michel Abescat - Télérama du 18 février 2015)
Dans ce beau livre - le treizième traduit en français -, Indridason brosse le portrait d'un homme qui sait déjà qu'il n'échappera plus à ses obsessions, éternellement à la recherche des disparus, dans une certaine «mélancolie familière». Loin des auteurs en panne d'inspiration, prêts à jouer le jeu du préquel, le romancier livre sans doute l'un de ses meilleurs romans. (Christine Ferniot - Télérama du 19 mars 2015)
Mon avis :
C'est la première fois que je lis cet auteur, j'ai toujours peur de ces romanciers scandinaves qui traînent en longueur et aiment s'appesantir sur les descriptions.
Dans ce roman policier, ce n'est pas le cas. Certes, il y a quelques descriptions mais très brèves. On est dans l'action à chaque moment, pas un instant de répit.
Erlendur est un policier qui a une très grande conscience professionnelle. La disparition d'une femme inexpliquée et un SDF, pour qui il avait de l'affection, retrouvé noyé, ce sont des affaires vite classées, faute de preuves.
Mais le policier est intrigué par ces 2 cas, et va enquêter, sans le dire, sur ces 2 affaires. Il a l'intuition qu'il peut découvrir la vérité. En effet, il la découvrira à force de recherches et de personnages clés qui le mettront sur des pistes.
J'ai été agréablement surprise et pense continuer à lire cet auteur, pour voir si ses autres romans sont dans la même veine, et surtout écrits aussi rapidement, sans fioritures et descriptions longuettes.
Bref, c'est un coup de cœur.
rhiannon- ML
- Message n°57
Re: INDRIDASON Arnaldur
Nina a écrit:La cité des jarres.
Edition : Points.
Nombre de pages : 364.
Mon avis :
Ce roman marque ma première rencontre avec la littérature islandaise, et avec un nouvel enquêteur : Erlendur. Il est divorcé et s‘est peu de dire que son divorce s’est très mal passé. Il a eu peu de contact avec ses deux enfants. Seule sa fille Eva Lind lui rend visite. Droguée et enceinte, elle a des rapports violents et conflictuels avec son père.
L’affaire à laquelle il est confrontée paraît presque banale dans ce contexte : un vieil homme, apparemment sans histoire, est retrouvé mort chez lui. Plus il avance, plus il découvre des ramifications inattendues.
Le déroulement de l’enquête est certes un peu lent, parce qu’Erlendur, sous son apparence bourrue, est extrêmement persévérant. Il va jusqu’au bout de son enquête pour que justice soit faite, et tant pis si cette plongée dans le passé de son pays n’est pas très reluisante.
Pas de scènes de tortures, pas de huis-clos angoissants, non, ce roman nous montre bien pire : l’abjection au quotidien. Les monstres sont parmi nous, leurs victimes aussi, et elles semblent, contrairement à leur bourreau, condamnées à perpétuité. Le courage et la dignité des survivantes forcent l’admiration.
Bref, une belle entrée en matière pour le commissaire Erlendur.
Je viens de finir ce livre et je n'aurai pas pu mieux exprimer mon opinion.
Bref, tout à fait d'accord avec toi, Nina. Et je pense que je vais lire les suivants.
Pinky- M
- Message n°58
Re: INDRIDASON Arnaldur
merci Ratdebibliothèque et Rhiannon pour ces présentations
Nina- ML
- Message n°60
Re: INDRIDASON Arnaldur
Le lagon noir
Les enquêtes d'Erlendur, tome 13.
Edition Métallié - 320 pages.
Mon résumé :
1979. Une jeune femme se baigne dans les eaux du lagon parce que sa boue a la vertu d’apaiser les maladies de peau. Ce jour-là, elle a le malheur (pour elle et pour lui) de trouver un corps dans le lagon. Marion et le jeune Erlendur sont chargés de l’enquête. Lui-même, à ses heures perdues (il vient de divorcer) enquête sur la disparition d’un jeune fille, 26 ans plus tôt.
Mon avis :
J’aimerai dire simplement : c’est un roman d’Arnaldur Indridason alors lisez-le. Ce serait tellement plus simple de rédiger une critique ainsi, vous ne trouvez pas ?
Ce roman nous permet de découvrir Arnaldur jeune enquêteur, peu loquace sur sa vie privée et personnelle. Pourtant, cela ne l’empêche pas, déjà, de faire preuve d’empathie envers les proches des victimes, comme Nanna, la soeur du jeune homme retrouvé assassiné, ou Svava, la tante de la jeune fille disparue presque trente ans plus tôt. De ténacité aussi, lorsqu’il interroge quelqu’un qui n’a pas envie de se livrer. Il faut dire qu’avec Marion, il est à bonne école : elle renonce très rarement et sait utiliser tous les arguments dont elle dispose pour parvenir à ses fins. Marion, ou l’art de maîtriser le langage et de l’utiliser à bon escient. La pugnacité aussi, comme il le prouvera lors du dénouement.
N’anticipons pas trop. Pour l’instant, nous sommes non loin de la base américaine, et la victime avait des liens avec elle. Il avait fait ses études aux Etats-Unis, s’habillait de vêtements américains à une époque où ce n’était pas légion, et travaillait en liaison avec cette fameuse base américaine, qui comportait autant de fans que de détracteurs. La base jouit de la même impunité qu’une ambassade, et il est difficile de savoir ce qui s’y trame réellement. Et les américains ne sont pas tendres avec les islandais, qu’ils méprisent, voire insultent, comme si l’Islande ne devait être qu’une vaste base américaine (je paraphrase Erlendur).
Ne rien lâcher, être patient, écouter, écouter même les silences qui en disent longs sur la volonté de ne pas se confier. Prendre des risques aussi. Marion pourra compter sur Caroline, une jeune officier de la base. Point qui ne sera dévoilé qu’au cours de l’enquête : Caroline est noire. Cela n’a pas d’importance pour Marion, cela en a pour certains membres de la base. Et cela en dit long sur eux, et sur la ténacité de Caroline, pour être parvenue jusque là.
Le lagon noir est – encore – une très bonne double enquête d’Erlendur. Ne passez pas à côté d’elle, ce serait vraiment dommage.
Pinky- M
- Message n°61
Re: INDRIDASON Arnaldur
merci Nina pour cette nouvelle présentation d'un enquêteur qui m'est devenu familier en te lisant
Nina- ML
- Message n°62
Re: INDRIDASON Arnaldur
Merci Pinky !
J'espère qu'un jour, les deux premiers romans le mettant en scène seront traduits en français.
J'espère qu'un jour, les deux premiers romans le mettant en scène seront traduits en français.
Nina- ML
- Message n°64
Re: INDRIDASON Arnaldur
Les fils de la poussière
Edition Métaillié - 304 pages
Présentation de l’oeuvre :
Paru en 1997, Les Fils de la poussière, premier roman d’Arnaldur Indridason, a ouvert la voie au polar islandais en permettant à ce genre littéraire d’accéder enfin à la reconnaissance et d’acquérir ses lettres de noblesse en Islande.
Le récit s’ouvre sur le suicide de Daniel, quadragénaire interné dans un hôpital psychiatrique de Reykjavík. Au même moment, un vieil enseignant, qui a eu Daniel comme élève dans les années 60, meurt dans un incendie. Le frère de Daniel essaie de découvrir ce qui liait ces deux hommes et comprend graduellement que, dans les années 60, certains enfants ont servi de cobayes dans le cadre d’essais pharmaceutiques et génétiques qui ont déraillé…
L’enquête est menée parallèlement par le frère de Daniel et par une équipe de policiers parmi lesquels apparaît un certain Erlendur, accompagné du jeune Sigurdur Oli et d’Elinborg.
Mon avis :
Plus d’un an que je n’ai pas lu d’auteurs islandais. Trois ans que je n’ai pas lu un roman d’Arnaldur Indridason. Vingt-deux ans depuis l’écriture de ce premier roman.
Après tout, en Islande, les crimes sont rares. La petite délinquance, non. La drogue, les vols, non plus. Mais les crimes…
Nous avons là un crime particulièrement tragique : un professeur nouvellement retraité a été brûlé vif. Il n’avait pas d’enfants, sa soeur aînée est bien plus âgée que lui – sa demi-soeur, en fait, leur père ayant semé des enfants à travers tout le pays. Parallèlement, nous suivons une autre enquête, plus intime, celle de Palmi. Son frère, atteint de schizophrénie depuis son adolescence, vient de se suicider. Il ne prenait plus son traitement, le tout dernier de la liste, ce qui faisait penser à la mère de Daniel et Palmi, et plus tard à Palmi seuls, que les psychiatres successifs qui ont été chargés du cas de Daniel ont davantage expérimenté que soigné. Si les psychiatres français tirent la sonnette d’alarme sur ce qui se passe chez nous, que dire de l’Islande ? Je ne peux que vous recommander, sur le sujet, la lecture de Les anges de l’univers d’Einar Mar Gudmundson, un livre éclairant sur l’évolution de la manière dont on traitait les malades en Islande.
Intéressant aussi que le bilan de l’éducation islandaise – ou plutôt de son système éducatif. Certains regrettent les classes de niveau, parce que l’on pouvait mettre tous les cancres ensemble, ou ceux qui étaient estimés tels, et les oublier consciencieusement. Pour être dans une telle classe, il ne fallait pas nécessairement être très mauvais, ou très violent, non, appartenir à un milieu socialement défavorisé, être l’enfant d’une mère seule ou de parents négligents suffisait largement. Alors, qui va se préoccuper du devenir des onze gamins de cette classe ? Qui ? Ce qu’ils sont devenus est pourtant effrayant.
Dans ce premier volume des aventures d’Erlendur, nous sommes à la fois dans le roman policier pur et dur et aussi dans la dystopie, créant un présent légèrement différent du nôtre. On peut s’interroger sur beaucoup de sujets, notamment sur l’indifférence des pouvoirs publics sur certains sujets, sur les négligences qui peuvent être commises, mais aussi sur les rêves de puissance et de pouvoir que certains peuvent avoir. Si l’argent ne fait pas le bonheur, il permet d’accomplir certains rêves complètement cinglés.
Alors, oui, il y a de l’espoir, un peu, vers le dernier tiers du livre, mais combien de désespérance a-t-il fallu traverser ?
Erlendur est là, et bien là, capable d’une violence qui m’avait semblé assez inusitée chez lui. Il fait équipe avec Sigurdur Oli, Erlinborg est très en retrait. Apparaissent aussi d’autres enquêteurs que je n’ai pas vraiment eu l’impression de revoir après – ou alors, je les ai oubliés.
Allez, je ne resterai pas trois ans sans relire Indridason.
Edition Métaillié - 304 pages
Présentation de l’oeuvre :
Paru en 1997, Les Fils de la poussière, premier roman d’Arnaldur Indridason, a ouvert la voie au polar islandais en permettant à ce genre littéraire d’accéder enfin à la reconnaissance et d’acquérir ses lettres de noblesse en Islande.
Le récit s’ouvre sur le suicide de Daniel, quadragénaire interné dans un hôpital psychiatrique de Reykjavík. Au même moment, un vieil enseignant, qui a eu Daniel comme élève dans les années 60, meurt dans un incendie. Le frère de Daniel essaie de découvrir ce qui liait ces deux hommes et comprend graduellement que, dans les années 60, certains enfants ont servi de cobayes dans le cadre d’essais pharmaceutiques et génétiques qui ont déraillé…
L’enquête est menée parallèlement par le frère de Daniel et par une équipe de policiers parmi lesquels apparaît un certain Erlendur, accompagné du jeune Sigurdur Oli et d’Elinborg.
Mon avis :
Plus d’un an que je n’ai pas lu d’auteurs islandais. Trois ans que je n’ai pas lu un roman d’Arnaldur Indridason. Vingt-deux ans depuis l’écriture de ce premier roman.
Après tout, en Islande, les crimes sont rares. La petite délinquance, non. La drogue, les vols, non plus. Mais les crimes…
Nous avons là un crime particulièrement tragique : un professeur nouvellement retraité a été brûlé vif. Il n’avait pas d’enfants, sa soeur aînée est bien plus âgée que lui – sa demi-soeur, en fait, leur père ayant semé des enfants à travers tout le pays. Parallèlement, nous suivons une autre enquête, plus intime, celle de Palmi. Son frère, atteint de schizophrénie depuis son adolescence, vient de se suicider. Il ne prenait plus son traitement, le tout dernier de la liste, ce qui faisait penser à la mère de Daniel et Palmi, et plus tard à Palmi seuls, que les psychiatres successifs qui ont été chargés du cas de Daniel ont davantage expérimenté que soigné. Si les psychiatres français tirent la sonnette d’alarme sur ce qui se passe chez nous, que dire de l’Islande ? Je ne peux que vous recommander, sur le sujet, la lecture de Les anges de l’univers d’Einar Mar Gudmundson, un livre éclairant sur l’évolution de la manière dont on traitait les malades en Islande.
Intéressant aussi que le bilan de l’éducation islandaise – ou plutôt de son système éducatif. Certains regrettent les classes de niveau, parce que l’on pouvait mettre tous les cancres ensemble, ou ceux qui étaient estimés tels, et les oublier consciencieusement. Pour être dans une telle classe, il ne fallait pas nécessairement être très mauvais, ou très violent, non, appartenir à un milieu socialement défavorisé, être l’enfant d’une mère seule ou de parents négligents suffisait largement. Alors, qui va se préoccuper du devenir des onze gamins de cette classe ? Qui ? Ce qu’ils sont devenus est pourtant effrayant.
Dans ce premier volume des aventures d’Erlendur, nous sommes à la fois dans le roman policier pur et dur et aussi dans la dystopie, créant un présent légèrement différent du nôtre. On peut s’interroger sur beaucoup de sujets, notamment sur l’indifférence des pouvoirs publics sur certains sujets, sur les négligences qui peuvent être commises, mais aussi sur les rêves de puissance et de pouvoir que certains peuvent avoir. Si l’argent ne fait pas le bonheur, il permet d’accomplir certains rêves complètement cinglés.
Alors, oui, il y a de l’espoir, un peu, vers le dernier tiers du livre, mais combien de désespérance a-t-il fallu traverser ?
Erlendur est là, et bien là, capable d’une violence qui m’avait semblé assez inusitée chez lui. Il fait équipe avec Sigurdur Oli, Erlinborg est très en retrait. Apparaissent aussi d’autres enquêteurs que je n’ai pas vraiment eu l’impression de revoir après – ou alors, je les ai oubliés.
Allez, je ne resterai pas trois ans sans relire Indridason.
supergreen- LEH
- Message n°69
Re: INDRIDASON Arnaldur
j'aime bien cet auteur, j'en lis régulièrement. Je vais me régaler
Nina- ML
- Message n°70
Re: INDRIDASON Arnaldur
La Pierre du remords
Edition Métailié - 320 pages
Présentation de l’éditeur :
Une femme est assassinée chez elle. Sur son bureau, on retrouve le numéro de téléphone de Konrad, ancien policer. L’enquête révèle rapidement qu’elle l’avait contacté récemment pour lui demander de retrouver l’enfant qu’elle avait mis au monde cinquante ans plus tôt, et qu’elle avait abandonné juste après sa naissance. Maintenant désolé de lui avoir refusé son aide, Konrad s’emploie à réparer son erreur. Il retrouve les membres d’un mouvement religieux contre l’avortement et reconstruit l’histoire d’une jeune fille violée dans le bar où elle travaillait. Il retrouve aussi un clochard équivoque, des trafiquants de drogue et même des fragments de l’histoire de la mort violente de son père. Au fil de l’enquête, il mesure l’ampleur de la tragédie dans laquelle son intuition et son entêtement l’ont plongé. Konrad se révèle un enquêteur sensible à la souffrance des autres, d’une humanité touchante.Dans une construction particulièrement habile et haletante, La Pierre du remords est un roman captivant et impitoyable sur la honte, le désespoir et l’intensité des remords qui reviennent nous hanter.
Mon avis :
Coup de coeur ? Oui. Sauf que je serai bien en peine d’expliquer cette luminosité ressentie à la lecture, cette chaleur qui irradiait de ce récit. Et pourtant, les thèmes ne sont ni chaleureux, ni joyeux, ni lumineux. Je ne vous parle même pas du dénouement, qui nous entraîne vers la tragédie la plus sombre, la plus imprévisible, celle qui, peut-être, ne pouvait prendre place qu’en Islande. Alors ?
Alors, il est à chercher dans l’humanité des personnages. Martha, tout d’abord, policière qui n’a pas l’intention de fermer les yeux quand elle voit des violences, quand elle sait que les victimes, hélas, le plus souvent n’osent pas parler, n’osent pas demander l’aide et la protection qu’elles sont en droit d’avoir. Martha, que la participation de Konrad à son enquête agace parfois, même si elle sait se servir des renseignements qu’il aura glaner ici ou là.
Konrad est en proie à des remords. Oui, il n’avait pas envie de mener cette enquête, oui, il n’a pas insisté, il n’a pas cherché à faire tomber les réticences de cette femme discrète, Valborg, qui voulait savoir ce qu’était devenu l’enfant qu’elle avait abandonné quarante-sept ans plus tôt, enfant dont elle n’avait pas voulu savoir s’il était un garçon ou une fille, enfant dont elle n’a pu trouver elle-même la trace dans les registres, comme si elle n’avait jamais accouché. Est-ce possible ? Oui. Dans ces années-là, on ne se posait pas tant de questions, et avec la complicité d’une sage-femme, il était facile de faire passer le bébé adopté pour son propre enfant – en déménageant dans la foulée.
Passé et présent hantent le roman. Konrad n’en finit pas de chercher la vérité autour de l’assassinat de son père, un homme fort peu sympathique, un mari et un père détestable, un escroc n’hésitant pas à exploiter la douleur de personnes vulnérables. Est-ce que cela a fini par lui coûter la vie ? Konrad, en tout cas, ne recule pas face à ce qu’il apprend de son père, sa famille ayant été la première victime de cet homme. J’ai aussi beaucoup apprécié le personnage d’Eyborg, plus discret, fille du complice du père de Konrad, qui s’est refusée à exploiter ses dons, pour des raisons que je ne peux m’empêcher de trouver poignantes.
Le passé, c’est aussi celui de Valborg, ce qui l’a amené à abandonner son enfant et à ne pas vouloir parler de lui. C’est l’Islande des années 60, 70, cette jeunesse qui avait soif de liberté, ce pays où tout le monde ou presque pouvait se connaître. Ce pays aussi, où les militants anti-avortements n’hésitent pas à influencer des jeunes femmes fragilisées par leur vécue, par leur solitude. C’est notre époque, où la violence faite aux femmes est toujours bien présentes, l’emprise des hommes sur elle bien réelle.
Je suis heureuse d’avoir renoué avec l’écriture d’Indridason avec ce roman, et je commence à apprécier Konrad, ce héros qui va parfois trop loin dans ses propos mais qui sait le reconnaître.
Edition Métailié - 320 pages
Présentation de l’éditeur :
Une femme est assassinée chez elle. Sur son bureau, on retrouve le numéro de téléphone de Konrad, ancien policer. L’enquête révèle rapidement qu’elle l’avait contacté récemment pour lui demander de retrouver l’enfant qu’elle avait mis au monde cinquante ans plus tôt, et qu’elle avait abandonné juste après sa naissance. Maintenant désolé de lui avoir refusé son aide, Konrad s’emploie à réparer son erreur. Il retrouve les membres d’un mouvement religieux contre l’avortement et reconstruit l’histoire d’une jeune fille violée dans le bar où elle travaillait. Il retrouve aussi un clochard équivoque, des trafiquants de drogue et même des fragments de l’histoire de la mort violente de son père. Au fil de l’enquête, il mesure l’ampleur de la tragédie dans laquelle son intuition et son entêtement l’ont plongé. Konrad se révèle un enquêteur sensible à la souffrance des autres, d’une humanité touchante.Dans une construction particulièrement habile et haletante, La Pierre du remords est un roman captivant et impitoyable sur la honte, le désespoir et l’intensité des remords qui reviennent nous hanter.
Mon avis :
Coup de coeur ? Oui. Sauf que je serai bien en peine d’expliquer cette luminosité ressentie à la lecture, cette chaleur qui irradiait de ce récit. Et pourtant, les thèmes ne sont ni chaleureux, ni joyeux, ni lumineux. Je ne vous parle même pas du dénouement, qui nous entraîne vers la tragédie la plus sombre, la plus imprévisible, celle qui, peut-être, ne pouvait prendre place qu’en Islande. Alors ?
Alors, il est à chercher dans l’humanité des personnages. Martha, tout d’abord, policière qui n’a pas l’intention de fermer les yeux quand elle voit des violences, quand elle sait que les victimes, hélas, le plus souvent n’osent pas parler, n’osent pas demander l’aide et la protection qu’elles sont en droit d’avoir. Martha, que la participation de Konrad à son enquête agace parfois, même si elle sait se servir des renseignements qu’il aura glaner ici ou là.
Konrad est en proie à des remords. Oui, il n’avait pas envie de mener cette enquête, oui, il n’a pas insisté, il n’a pas cherché à faire tomber les réticences de cette femme discrète, Valborg, qui voulait savoir ce qu’était devenu l’enfant qu’elle avait abandonné quarante-sept ans plus tôt, enfant dont elle n’avait pas voulu savoir s’il était un garçon ou une fille, enfant dont elle n’a pu trouver elle-même la trace dans les registres, comme si elle n’avait jamais accouché. Est-ce possible ? Oui. Dans ces années-là, on ne se posait pas tant de questions, et avec la complicité d’une sage-femme, il était facile de faire passer le bébé adopté pour son propre enfant – en déménageant dans la foulée.
Passé et présent hantent le roman. Konrad n’en finit pas de chercher la vérité autour de l’assassinat de son père, un homme fort peu sympathique, un mari et un père détestable, un escroc n’hésitant pas à exploiter la douleur de personnes vulnérables. Est-ce que cela a fini par lui coûter la vie ? Konrad, en tout cas, ne recule pas face à ce qu’il apprend de son père, sa famille ayant été la première victime de cet homme. J’ai aussi beaucoup apprécié le personnage d’Eyborg, plus discret, fille du complice du père de Konrad, qui s’est refusée à exploiter ses dons, pour des raisons que je ne peux m’empêcher de trouver poignantes.
Le passé, c’est aussi celui de Valborg, ce qui l’a amené à abandonner son enfant et à ne pas vouloir parler de lui. C’est l’Islande des années 60, 70, cette jeunesse qui avait soif de liberté, ce pays où tout le monde ou presque pouvait se connaître. Ce pays aussi, où les militants anti-avortements n’hésitent pas à influencer des jeunes femmes fragilisées par leur vécue, par leur solitude. C’est notre époque, où la violence faite aux femmes est toujours bien présentes, l’emprise des hommes sur elle bien réelle.
Je suis heureuse d’avoir renoué avec l’écriture d’Indridason avec ce roman, et je commence à apprécier Konrad, ce héros qui va parfois trop loin dans ses propos mais qui sait le reconnaître.
Nina- ML
- Message n°73
Re: INDRIDASON Arnaldur
Les fantômes de Reykjavik
édition Métailié - 312 pages
Présentation de l’éditeur :
Inquiets pour leur petite-fille dont ils savent qu’elle fait du trafic de drogue, un couple fait appel à Konrad, un policier à la retraite, suite à sa disparition. Dans le même temps une amie de Konrad lui parle d’une jeune fille retrouvée noyée dans l’étang devant le Parlement en 1947. Elle lui demande de l’aider car l’enfant hante ses rêves. Il découvre que l’enquête sur la mort de cette dernière a été menée en dépit du bon sens. Lorsqu’on trouve le cadavre de la jeune trafiquante, il met encore en doute les méthodes de la police.
Mon avis :
Je lis à rebours les enquêtes de Konrad – la 1, puis la 3 et maintenant la 2. Si Ce que savait la nuit ne m’a pas laissé de grands souvenirs, si la pierre du remords a été un coup de cœur, je peut dire que j’ai beaucoup apprécié Les Fantômes de Reykjavik.
Konrad agit ici en tant qu’ami – ou plutôt, en tant que veuf d’une amie proche. Erna, sa femme, était très amie avec le couple, et ils lui font confiance pour retrouver leur petite-fille. Parallèlement, il renoue avec la fille de l’associé de son père Eyglo – associé en termes d’escroquerie. Elle croit en l’au-delà, aux esprits, Konrad non. Dans ce second tome, ce ne sont pas des frictions qui les séparent, je dirai plutôt qu’ils ne sont pas encore suffisamment proches pour qu’une dispute ne vire pas au différent irrémédiable. Konrad enquête toujours sur la mort de son père, pas pour lui rendre justice – il est sans illusion aucune sur son père – mais pour enfin savoir. Lui-même s’était disputé avec son père le jour de sa mort, parce qu’il a appris la véritable raison de son divorce d’avec sa mère, du fait qu’elle est partie en catastrophe avec sa fille, pour mettre le plus de distance possible entre elles et lui. La jeune femme est hantée par une vision, celle d’une jeune fille, quasiment une enfant, morte noyée alors qu’elle aurait cherché à repêcher sa poupée. Cold case ? Oui. L’affaire a eu lieu en 1947, et cela n’a pas vraiment été une affaire puisque la thèse de l’accident a été la seule envisagée. Quelle adolescente de 12 ans risquerait sa vie pour sa poupée ? Aucun policier ne s’est posé la question – ou plutôt, aucun n’a voulu se poser de questions, ou que l’on en pose. Cette jeune fille n’avait pas de père, sa mère vivait dans les baraquements qui allaient être démolis. Trop pauvres pour être visibles ? Oui.
Danny, la jeune fille, était trop visible aux yeux de certains, et si Konrad la retrouve, rapidement, il est déjà trop tard pour elle. Cela ne lui ôte pas l’envie, bien au contraire, que justice lui soit rendue. Cela ne semble pas être la préoccupation première de ses grands-parents, et si je peux comprendre leur découragement – retrouver leur unique petite-fille morte est la pire chose qui puisse arriver – j’ai peiné à comprendre leur volonté de ne rien faire pour que l’enquête avance. Et je ne suis pas la seule à avoir trouvé ce postulat étonnant.
Rendre justice à toutes celles qui n’ont pas de voix, qui n’en ont jamais eu, c’est ce que Konrad et les siens (oui, sa sœur interviendra dans l’enquête) vont s’ingénier à faire. Éveiller les consciences, secouer les autres, tout est bon- et tant pis si Martha l’ancienne collègue de Konrad s’emporte quand elle découvre jusqu’où Konrad et surtout sa sœur sont capables d’aller. Si la justice est sourde, il est nécessaire d’agir autrement. Un acte commis par Beta choquera peut-être – il m’a choquée. L’inertie de la justice, le fait que certains préfèrent leur réputation à la préservation des leurs, au soin à leur donner, est pire encore.
Pour faire éclater la vérité, il faut encore que des personnes veuillent l’entendre, veuillent tout mettre en oeuvre pour que l’impunité cesse. La honte doit changer de camp ? J’ai trouvé souvent l’impression que c’est une phrase vide de sens, qui ne correspond à aucune réalité : aucun agresseur, aucune personne qui a fermé les yeux sur une agression ne semble éprouver de honte – je mets le « semble » par optimisme.
Les fantômes de Reykjavik est une oeuvre forte, comme souvent chez indridason.
édition Métailié - 312 pages
Présentation de l’éditeur :
Inquiets pour leur petite-fille dont ils savent qu’elle fait du trafic de drogue, un couple fait appel à Konrad, un policier à la retraite, suite à sa disparition. Dans le même temps une amie de Konrad lui parle d’une jeune fille retrouvée noyée dans l’étang devant le Parlement en 1947. Elle lui demande de l’aider car l’enfant hante ses rêves. Il découvre que l’enquête sur la mort de cette dernière a été menée en dépit du bon sens. Lorsqu’on trouve le cadavre de la jeune trafiquante, il met encore en doute les méthodes de la police.
Mon avis :
Je lis à rebours les enquêtes de Konrad – la 1, puis la 3 et maintenant la 2. Si Ce que savait la nuit ne m’a pas laissé de grands souvenirs, si la pierre du remords a été un coup de cœur, je peut dire que j’ai beaucoup apprécié Les Fantômes de Reykjavik.
Konrad agit ici en tant qu’ami – ou plutôt, en tant que veuf d’une amie proche. Erna, sa femme, était très amie avec le couple, et ils lui font confiance pour retrouver leur petite-fille. Parallèlement, il renoue avec la fille de l’associé de son père Eyglo – associé en termes d’escroquerie. Elle croit en l’au-delà, aux esprits, Konrad non. Dans ce second tome, ce ne sont pas des frictions qui les séparent, je dirai plutôt qu’ils ne sont pas encore suffisamment proches pour qu’une dispute ne vire pas au différent irrémédiable. Konrad enquête toujours sur la mort de son père, pas pour lui rendre justice – il est sans illusion aucune sur son père – mais pour enfin savoir. Lui-même s’était disputé avec son père le jour de sa mort, parce qu’il a appris la véritable raison de son divorce d’avec sa mère, du fait qu’elle est partie en catastrophe avec sa fille, pour mettre le plus de distance possible entre elles et lui. La jeune femme est hantée par une vision, celle d’une jeune fille, quasiment une enfant, morte noyée alors qu’elle aurait cherché à repêcher sa poupée. Cold case ? Oui. L’affaire a eu lieu en 1947, et cela n’a pas vraiment été une affaire puisque la thèse de l’accident a été la seule envisagée. Quelle adolescente de 12 ans risquerait sa vie pour sa poupée ? Aucun policier ne s’est posé la question – ou plutôt, aucun n’a voulu se poser de questions, ou que l’on en pose. Cette jeune fille n’avait pas de père, sa mère vivait dans les baraquements qui allaient être démolis. Trop pauvres pour être visibles ? Oui.
Danny, la jeune fille, était trop visible aux yeux de certains, et si Konrad la retrouve, rapidement, il est déjà trop tard pour elle. Cela ne lui ôte pas l’envie, bien au contraire, que justice lui soit rendue. Cela ne semble pas être la préoccupation première de ses grands-parents, et si je peux comprendre leur découragement – retrouver leur unique petite-fille morte est la pire chose qui puisse arriver – j’ai peiné à comprendre leur volonté de ne rien faire pour que l’enquête avance. Et je ne suis pas la seule à avoir trouvé ce postulat étonnant.
Rendre justice à toutes celles qui n’ont pas de voix, qui n’en ont jamais eu, c’est ce que Konrad et les siens (oui, sa sœur interviendra dans l’enquête) vont s’ingénier à faire. Éveiller les consciences, secouer les autres, tout est bon- et tant pis si Martha l’ancienne collègue de Konrad s’emporte quand elle découvre jusqu’où Konrad et surtout sa sœur sont capables d’aller. Si la justice est sourde, il est nécessaire d’agir autrement. Un acte commis par Beta choquera peut-être – il m’a choquée. L’inertie de la justice, le fait que certains préfèrent leur réputation à la préservation des leurs, au soin à leur donner, est pire encore.
Pour faire éclater la vérité, il faut encore que des personnes veuillent l’entendre, veuillent tout mettre en oeuvre pour que l’impunité cesse. La honte doit changer de camp ? J’ai trouvé souvent l’impression que c’est une phrase vide de sens, qui ne correspond à aucune réalité : aucun agresseur, aucune personne qui a fermé les yeux sur une agression ne semble éprouver de honte – je mets le « semble » par optimisme.
Les fantômes de Reykjavik est une oeuvre forte, comme souvent chez indridason.
Lariflette aime ce message
Pinky- M
- Message n°74
Re: INDRIDASON Arnaldur
merci Nina pour cette présentation
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