Une saison pour la peur.
Edition Rivages/Noir - 436 pages.
Présentation de l’éditeur :
Chargé de convoyer deux condamnés à mort vers le lieu de leur exécution, Dave Robicheaux tombe dans une embuscade et récolte une balle dans la poitrine.
Traumatisé par ce retour de la violence dans sa vie, il se laisse néanmoins convaincre par un ami de rejoindre la force spéciale présidentielle sur les stupéfiants. Chargé d’infiltrer la mafia de la Nouvelle-Orléans, il devient l’ami de Tony Cardo, le caïd de la drogue, et croise le chemin de Bootsie Mouton, son premier amour. Hanté par son passé, obligé de mener double jeu, Dave doit affronter la peur qui est ancré en lui pour sortir de l’enfer où le destin l’a mis et où il risque de se perdre.
Mon avis :
Je suis une inconditionnelle de James Lee Burke, et là encore, je n’ai pas été déçue. Il faut dire que l’auteur prend des risques, il commence là où d’autres termineraient : par le convoi des condamnés à mort à la prison où ils seront exécutés. Aucun doute dans l’esprit des jurés, peu de doutes dans l’esprit de Dave Robicheaux, du moins pour l’un des condamnés. Tee Beau, il le connaît bien, il connaît bien sa grand-mère qui était son alibi pour la nuit du meurtre, et que personne n’a voulu écouter. Alors, lui, Dave, l’écoute, encore et toujours, il écoute cette vieille femme qui a trouvé son petit fils, abandonné par sa fille junkie, dans une aqsza (merci Givre, tombée sur le clavier) boite à chaussure, cette vieille femme qui s’est prostituée pour vivre dans sa jeunesse. Il l’écoute même si le crime commis est horrible – et pourtant, Dave en a vu d’autres.
Cette mission se révèle désastreuse, car Jimmy, le second condamné, n’a nullement l’intention de revendiquer son innocence, ni de se laisser exécuter. Il s’évade même, laissant deux cadavres derrière lui, et un Dave Robicheaux plus mort que vif. Nous le retrouvons, bien décidé … A tourner la page ? Disons plutôt à vivre avec un démon supplémentaire, tout en étant bien décidé à mettre la main sur lui et si possible, à aider Tee Beau, à qui il doit la vie. Ce qui lui est proposé, à savoir faire tomber Tony Cardo, n’est pas ce qui le satisfait le plus. Etre un flic infiltré, même dans une ville qu’il connaît bien, même aidé par son vieil ami Clete, n’est pas vraiment une tâche aisée.
Elle le serait peut-être si pour Dave, le monde était manichéen : les bons d’un côté, les méchants de l’autre. Il y a des bons flics – leur espérance de vie est limitée, ou ils en ont trop vu, et quittent le métier. Il y a des flics pourris, qui n’hésitent pas à utiliser tout un éventail de menace pour venir à leurs fin (et je n’ai pas dit servir la justice ! Leurs buts peuvent être bien différents). Il est des délinquants sympathiques, des trafiquants de drogue qui gardent un fond d’humanité. Dave Robicheaux se prend à apprécier Tony Cardo. Ce qui les rapproche ? L’amour de leur enfant : Tony déborde de tendresse pour son fils Paul, handicapé, Dave veille à protéger Alafair. De plus, Tony et Dave vivent tous les deux avec les fantômes du Vietnam – et ce qu’ils ont vécu ne peut se raconter qu’avec leurs propres mots.
Si vous aimez la Louisiane, les romans policiers où la morale traditionnelle n’est pas au rendez-vous et les épilogues surprenants, alors ce roman, et tous ceux de James Lee Burke, sont faits pour vous.