Edition Jean-Claude Lattès - 200 pages.
Présentation de l’éditeur :
De l’appartement, le ciel n’est pas visible. Les portes sont ouvertes ou closes selon des règles tacites. Les mots circulent, vibrent et s’épuisent. Les murs de carton filtrent à peine les secrets.
Depuis le départ de son mari, Alice a sombré dans l’enfer le plus noir.
Marion, Claire et Louise, ses trois filles adorées, n’ont plus que leur amour à opposer à cette spirale destructrice. Un amour infini, aussi violent qu’indicible.
Mon avis :
La difficulté sera de trouver des points positifs pour ce livre.
Tout d’abord, le titre est bien trouvé. Nous sommes vraiment dans une ruche, les bourdonnements surgissent de tous les côtés, impossible d’avoir le silence. La reine, c’est Alice, la mère. Les abeilles, qui fournissent tout le travail y compris préserver Alice contre elle-même, ce sont ses filles, Marion, Claire et Louise. Toutes les trois sont très unies, et ce, depuis aussi loin que leurs souvenirs remontent. Elles semblent presque toujours avoir été trois (elles sont très rapprochées en âge) et sont bien plus des adultes que des ados.
Ce roman se lit très rapidement, presque facilement pour moi. J’ai été prise par ce tourbillon de mots, ce qui ne m’a pas empêché de détester cette manière de ne pas présenter le dialogue. Alors oui, cela retranscrit bien l’impression que toutes parlent en même temps, que toutes se coupent, que toutes comprennent à demi-mots ce que sa soeur a voulu dire, mais il faut souvent relire pour comprendre le sens de la phrase, ou savoir qui a parlé. Des trois soeurs, seules Claire a des contacts avec l’extérieur, via des messages qu’elle envoie de son portable (sans réponses, semble-t-il).
Maintenant… le sujet est intéressant, mais bizarrement construit. Alice est totalement antipathique par sa folie, qui remonte à bien plus loin que la séparation d’avec son mari, deux ans plus tôt. D’ailleurs, ce n’est pas elle qui s’est séparé, c’est sa fille, âgée de quinze ans à l’époque, qui a annoncé la séparation à son père, indiquant qu’elle et ses soeurs refusaient de le voir, refusaient qu’il s’occupe d’elle. Et lui accepte. Vous avez dit absence de maturité ? Légèreté des parents ? Je cherche des termes plus forts encore mais je n’en trouve pas.
Alice, quand elle n’est pas hystérique, est mythomane. Pardon, ce n’est pas ce que dit le texte, elle "réinvente" son passé, elle croit dur comme fer à ce qu’elle raconte, et parvient à en persuader son frère, sa soeur – qui, sur un certain point que je ne dévoilerai pas, sont d’une consternante naïveté. Se voiler la face paraît héréditaire.
Alice se plaint des conditions dans lesquelles son mari fait vivre ses filles, l’argent qu’il a dissimulé pendant des années – pourtant, ses trois filles ne cessent de fumer. Le stress, me direz-vous. Oui, l’auteur a voulu montrer qu’elles étaient stressées en leur faisant fumer cigarettes sur cigarettes (elles ont donc de l’argent pour s’en acheter, et personne ne le leur reproche, donc elles ne sont pas si pauvres que cela, dans leur appartement de quatre chambres, séjour/salon, cuisine indépendante). L’aspect "féminin" est aussi casse-pied. Je n’ai pas compté le nombre de fois où les filles ont "envie de faire pipi". Certes, cela renforce l’ambiance "porte qui claque", "stress qui monte", mais bon sang, que c’est exaspérant ! Elles évoquent aussi les tampons, la pilule de 4e génération que prend l’une des filles – afin que l’on soit bien sûr que ce sont des filles. Comme si un lecteur pouvait en douter. Une ambiance aussi hystérique ne sera pas possible si Alice avait eu un garçon, au beau milieu de la sororie.
La ruche est un livre qui peut exaspéré, ou séduire. A vous de lire.