Le frelon noir
Edition Folio - 230 pages.
Présentation de l’éditeur :
Pendant une période agitée d’activisme, de colère et d’âpre tension raciale, un sniper fait monter d’un bon cran la pression d’un été étouffant de La Nouvelle-Orléans en flinguant les passants comme des cibles de foire. La sixième victime, une femme, est abattue pendant qu’elle marche au côté de Lew Griffin. Elle est Blanche, il est Noir. Il a le cœur durci par l’injustice et la boisson et, même s’il vient juste de rencontrer son infortunée compagne, Griffin sait que c’est à lui de trouver le tueur avant qu’un cinglé ne jette la dernière allumette dans une déjà très volatile poudrière urbaine.
Mon avis :
La découverte d’un auteur peut provoquer un choc, et celui-ci en est un – pas autant que la découverte de l’oeuvre de Ken Bruen, mais presque. Avoir enchainé un roman de Ian Rankin et celui-ci prouve une chose : la lecture de deux bons romans à la suite ne nuit ni à l’un, ni à l’autre, bien au contraire.
Etre noir à la Nouvelle Orléans (ou dans tout autre état américain) en ce début des années soixante signifie ne pas avoir beaucoup de droit, sauf celui de se faire arrêter par la police sans véritable raison, et relâcher quand elle y aura pensé (ou si elle y pense). Bien sûr, certains militent activement pour l’égalité des droits, d’autres usent de la violence pour que rien ne change, comme ce sniper que la police ne parvient pas à arrêter.
L’enquête n’est pas vraiment le coeur de l’action, plutôt le portrait de cette Amérique des années 60 bien loin des jolies clichés polychrome. Pas de rock, pas de créatures de rêves en bikini, mais des hommes, des femmes, qui peinent à trouver du travail, à s’imposer dans une société qui n’en a rien à faire d’eux. Fait intéressant, on sent que le récit est rétrospectif, puisque le narrateur nous donne des indications sur son avenir, sur celui des personnages qui l’entourent et sur le contexte historique (s’il indique que le premier Kennedy a été assassiné, c’est qu’il sait déjà que le second le sera). C’est sans doute aussi pour cette raison que le ton est si désabusé, et non rempli d’espoir en des lendemains meilleurs. Ne croyez pas cependant que Lew soit un contemplatif, qui attend que les problèmes trouvent ou non leur solution. Il est plutôt du genre à aller au devant du danger – et des problèmes qui vont avec.