Du vent
Edition Belfond - 432 pages.
Présentation de l’éditeur :
Jérémie Straube a pour habitude de signer, au même moment, plusieurs contrats d’édition tout en sachant qu’il ne pourra écrire tous les livres promis. Jérôme Walque est un auteur scrupuleux, obsessionnel et solitaire qui a pour habitude de peaufiner ses projets littéraires. Les deux hommes sont amis et Jérôme accepte de commencer un roman pour Jérémie.
Mon avis :
Ce livre, je l’avais repéré dans les annonces de la rentrée littéraire 2016. Pourtant, je n’avais jamais lu aucun livre de cet auteur, je ne suis pas spécialement fan de la Rome Antique mais j’aime les livres qui sortent de l’ordinaire, et je n’ai pas été déçue.
Nous avons en effet trois romans et trois romanciers pour ce livre. Le romancier de chair et d’os, bien sûr, Xavier Hanotte, mais aussi Jérémie et Jérôme, deux authentiques romanciers de papier. L’un est capable d’écrire tout et n’importe quoi, tant que ces écrits lui permettent de vivre – et de vivre bien. L’autre possède un travail alimentaire. De l’écrit, certes, mais de l’écrit administratif, sans aucune nécessité d’imagination ou de justesse stylistique. Ce travail lui permet d’écrire uniquement ce qui l’inspire – et l’inspiration fait parfois hautement défaut. Qu’à cela ne tienne : il l’écrira un jour, son grand ouvrage sur Lépide.
Ce roman n’est pas déceptif, dans le sens où il va (presque) jusqu’au bout de ses intrigues – libre au lecteur, finalement, de donner la préférence à l’une des trois. Voir, à ce sujet, l’avertissement de l’auteur aux « férus de cartésianisme ». Ce livre nous interroge sur la relation entre l’auteur et le lecteur, sur les attentes des deux parties. Pourquoi écrit-on ? Pour le présent ou pour le futur ? Que désire le lecteur, se distraire ou se cultiver ? Et l’éditeur, quel est sa fonction ? Que désire-t-il « vendre » ? Et à qui ? A ses futurs lecteurs ou aux auteurs de son écurie ? Vaste programme. Et quand les fictions se téléscopent, l’intrigue n’est pas sans rappeler le mythe des personnages qui s’imposent à leur auteur sans que celui-ci n’y puisse rien.
Du vent – un livre à découvrir dans cette rentrée littéraire touffue.