La grandeur de l'Amérique
Paul & Mike Editions - 2018 - 318 pages
Le mot de l'éditeur :
Que devient une petite Miss quand elle a passé quarante ans ?
Comment un champion de rodéo gagne-t-il sa vie après être sorti du circuit sur blessure ?
Est-il si facile d'être le flic le plus gentil du comté de Franklin ou le sosie d'Hillary Clinton ?
Une statue géante de Donald Trump peut-elle être considérée comme une oeuvre d'art ?
Recueil de nouvelles croisées ou roman par nouvelles, La Grandeur de l'Amérique met en scène une cinquantaine de personnages qui vivent ou meurent, se rencontrent ou se quittent dans le Middle Tennessee, autour de Monteagle Mountain, en novembre 2016, pendant la dernière semaine des élections présidentielles.
Mon avis :
Pour dire vrai, j'ai beaucoup aimé ce bouquin. Des nouvelles, comme indiqué sur la couverture, il en a 23 si j'ai bien compté mais ce qui fait l'originalité de cet ouvrage c'est qu'elles sont toutes liés, à un endroit, le sud des Etats Unis, à un état plus particulièrement, le Tennessee, la ville de Chattanooga et ses environs dont les lieux autour de Monteagle Mountain. L'action se passe à l'automne 2016, époque, comme chacun s'en souviendra, des élections présidentielles américaines dont Donald Trump est sorti vainqueur. Dans chacun de ses nouvelles l'auteur, Emmanuel Roche, adresse un clin d'oeil à Trump par le biais, ici, d'un grand-père qui reconnaît en Trump son fils, une femme sosie de Hilary Clinton et là de trumpettes adoratrices d'une statue géante de l'idole et bien d'autres encore.
Nous sommes dans le sud profond où, même à notre époque, les distractions sont peu nombreuses aussi on ira écouter un chanteur de country sur le retour, jouer au billard dans le "honky tonk" du coin et boire des bières par la même occasion. La vie se passe en décalé, à tous les niveaux et toutes les couches de la population. La venue d'une équipe de journalistes du Nord, New York, émeut un peu tout à chacun, soit pour paraître, soit par profit. L'auteur qui a vécu là-bas et qui, donc, s'y connait, n'a aucun mal à dépeindre cette population qui reste en attente de quelque chose qui la sortira de la torpeur dans laquelle elle est plongée.
Les nouvelles se suivent et se recoupent à un moment ou à un autre pour former, finalement un livre, un roman à part entière.
J'ai aimé la façon d'écrire de E. Roche qui adapte sa plume à chaque personnage, la gouaille des uns, la voix perchée des autres font un ensemble assez résonnant dont la prosodie m'a paru douce à l'oreille. J'ai souri, j'ai ri, j'ai été ému, admiratif, bref j'ai passé un très bon moment.
Extraits :
"Nous avons compris que grand-père commençait à débloquer le jour où il a désigné la tête de Trump à la télé en lâchant : regardez comme mon fils passe bien à l'écran!"
"C'était comme ça dans le sud : on avait beau rouler des mécaniques, les femmes avaient gagné la guerre depuis longtemps"
NB: ce livre est remarquablement élégant.
B